L’artisan céramiste Reda Essahli revient sur l’origine du zellige : «Le zellige évolué dans ses formes et ses couleurs»

29/05/2024 mis à jour: 01:12
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Reda Essahli, artisant céramiste

L’artisan céramiste Reda Essahli, dont la notoriété a dépassé les frontières nationales, a fait partie de la commission qui avait participé à la constitution du dossier de classement du zellige algérien auprès de l’Unesco. Au début de la célébration du Mois du patrimoine, depuis Béjaia, Dr. Soraya Mouloudji avait annoncé la nouvelle sur le dépôt du dossier auprès de l’Unesco. 

«Certains pays sont demeurés figés dans le zellige traditionnel, heureusement, notre pays a développé des techniques de fabrication de ce produit de l’artisanat, qui a atteint une autre dimension, sans pour autant abandonner sa forme traditionnelle initiale», déclare le vice-président de l’Association nationale des céramistes algériens. Les artisans algériens ont fait évoluer le zellige dans son relief, son cloisonnement, au carreau dessiné et raffiné, grâce à l’innovation de diverses techniques. 

En effet, les artisans nationaux, en dépit de l’évolution dans leurs techniques de fabrication du zellige, ont maintenu le savoir-faire dans la production du zellige, à travers la coupe de l’argile, du carreau, des petites tesselles pour effectuer l’assemblage, afin de produire la mosaïque dans ses différentes formes, un tableau, un bassin ou autres. Le zellige a fait son apparition en Algérie, bien avant d’autres pays, y compris ceux du Maghreb. 

Le zellige étoilé avait été découvert à Kalaâ Beni Hammad, au XIe siècle, à la suite des fouilles au niveau des vestiges dans cette région de l’est du pays. Le lustre métallique est une autre technique de décoration du zellige qui n’a pas existé dans un autre pays. 

Certes, en Tunisie, cette technique y est, mais leur lustre métallique islamique existe sur 149 carreaux uniquement. Chez nous, on appelle cette technique la loza dorada (terme espagnol, ndlr). On utilise du cuivre à la place de l’or, conformément aux traditions musulmanes. Cette technique à l’origine était utilisée par les Fatimides (Irak). En Algérie, il y a une importante production des lustres métalliques islamiques. 

En Tunisie, on trouve cette variété de lustre à Kairouan. L’artisan algérien à Kalaâ Beni Hammad s’est confiné depuis le XIe à la fabrication du carreau de zellige à 08 angles pour éviter la ressemblance avec le carreau à 06 angles qui représente l’étoile de David. L’artisan algérien à travers la fabrication du zellige a exprimé son attachement à l’Islam. Après Kalaâ Beni Hammad, il y avait une importante production d’une multitude de tableaux de zellige par les artisans de l’école tachfiniya (Tlemcen), à l’ouest du pays.

 Même la croix dans le zellige à 08 angles était inclinée. Les artisans algériens étaient très pointus dans leurs labeurs, quand il s’agit de produire du zellige depuis le XIe siècle. Le lustre métallique est inventé au IXe siècle. Les artisans algériens avaient utilisé un mélange de nitrate d’argent avec de l’oxyde de cuivre avant de mettre cette solution dans le four. Au XIe siècle, le zellige avec le lustre métallique n’existait qu’à Kalaâ Beni Hammad. Durant la période ottomane, il n’y avait pas de frontières. 


Liberté des mouvements

Cette situation avait favorisé la liberté de mouvements des personnes, et naturellement, les déplacements de cet objet de l’artisanat produit à Kalaâ Beni Hammad, dans toutes les régions du Maghreb. «La particularité du zellige en Algérie, c’est qu’il a évolué dans ses formes, ses couleurs, sa brillance, son émaillage, sans perdre de vue les techniques de production du zellige traditionnel», nous explique Réda Essahli. 

Des appellations avaient été attribuées aux techniques de fabrication du zellige chez nos voisins marocains, celle de Tétouan et celle de Fès. Il suffit de s’intéresser aux technique de manresa qu’utilisent les artisans espagnols pour se rendre compte qu’ils utilisent la même technique que celle des artisans algériens, c’est-à-dire, la coupe de l’argile, concevoir la forme, la découpe, colorer le carreau et la cuisson dans un four à 980°, alors que les autres pays limitent la température à 650°. Les Algériens avaient hérité les techniques des artisans ottomans, qui ont permis à l’Algérie de produire toute une panoplie de couleurs, comme celle du rouge tomate dans le zellige, ce qui n’est pas le cas ailleurs. L’artisan algérien est même arrivé à fabriquer une décoration iznik (Turquie, ndlr) du zellige. Les gisements des matières premières et les équipements pour produire le zellige sont disponibles en Algérie. 

Le zellige a besoin de l’argile rouge et non de l’argile blanche. Les meilleurs gisements de kaoula se trouvent dans les wilayas de Guelma et Mila. Des opérateurs algériens se sont engagés pour produire de l’argile.

 La formation est assurée. Néanmoins, le producteur du zellige, Réda Essahli, souhaite la mise en place des facilitations pour exporter le zellige algérien vers le marché extérieur. Quant au marché national, une campagne de vulgarisation pour inviter les citoyens et les opérateurs à utiliser le zellige, une manière pour développer la production nationale du zellige. Il s’agit d’un patrimoine à préserver dans l’attente de son classement par l’Unesco.

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