Large du Kenya : Découverte de l’épave d’un galion historique du dernier voyage de Vasco de Gama

10/12/2024 mis à jour: 05:33
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Des défenses d’éléphants qui pourraient avoir fait partie du chargement du São Jorge, navire portugais qui sombra en 1524 lors du dernier voyage de Vasco de Gama dans l’océan Indien - Photo : D. R.

Le Kenya était autrefois une étape-clé pour accéder aux merveilles des Indes. Au large du pays, des archéologues explorent actuellement les récifs pour confirmer qu’une épave portugaise est celle du São Jorge, un navire ayant participé aux expéditions pionnières de Vasco de Gama dans l’océan Indien.

Pas moins de huit épaves portugaises du XVIe siècle reposeraient dans les fonds marins au large de la ville côtière de Malindi, au Kenya. Parmi elles, l’une pourrait revêtir une importance historique particulière. Il pourrait s’agir du São Jorge, galion ayant fait partie de la flotte du célèbre navigateur Vasco de Gama (~1469-1524) lors de son dernier voyage dans l’océan Indien.

Les archéologues ambitionnent de vérifier cette hypothèse à travers une étude des récifs coralliens s’étendant sur environ 25 km, du nord de Malindi jusqu’au cap de Ras Ngomeni. Des travaux présentés dans un article publié dans  Journal of Maritime Archaeology.

Vasco de Gama et les premiers naufrages portugais 

En 1498, Vasco de Gama est le premier Européen à atteindre l’Inde par une route maritime directe : lors de son expédition commandée par le roi du Portugal Manuel Ier, il contourne le cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud), ouvrant ainsi une voie commerciale cruciale pour les épices et autres richesses.

L’explorateur portugais a, par la suite, effectué deux autres voyages sur cette route, consolidant ainsi le rôle de son pays comme puissance commerciale dans l’océan Indien, avant de s’éteindre dans le comptoir portugais de Cochin (sud de l’Inde) en 1524, probablement d’une infection des régions tropicales auxquelles les Européens étaient vulnérables.
Le São Jorge, commandé par le capitaine D. Fernando de Monroy, était l’un des quelque vingt galions qui ont accompagné Vasco de Gama lors de son dernier voyage pour l’Inde, des bateaux à voiles dotés de trois ou quatre mâts spécialement conçus pour la guerre. Il a toutefois sombré peu avant la mort du célèbre navigateur, il y a «précisément 500 ans», en 1524.

L’étude récemment publiée suggère qu’il était l’un des deux premiers navires portugais à avoir coulé près de Malindi, où un comptoir commercial avait été établi dès 1499 pour servir d’escale sur la route des Indes. Le deuxième bateau à y avoir sombré serait le Nossa Senhora da Graça, ayant fait naufrage en 1544.

Un «trésor archéologique» dans l’océan Indien

Les restes du supposé São Jorge ont été identifiés sur le récif de Ngomeni en 2003, mais n’ont été que véritablement fouillés qu’à partir de 2013 par l’équipe de Caesar Bita, un archéologue sous-marin des musées nationaux du Kenya. Sur le site immergé, à environ 500 m de la côte et 6 m de profondeur, des lingots de cuivre et des défenses d’éléphants avaient alors été récupérés.

Le spécialiste coordonne désormais les dernières investigations en cours. Peu de choses sont visibles parmi les coraux du fond marin. Mais grâce au creusement de deux tranchées archéologiques, les plongeurs ont déjà exhumé des bois provenant de la coque et de la charpente de l’épave.

Si les investigations supplémentaires confirment qu’il s’agit bien d’un navire de la flotte du pionnier, ses vestiges prendront «une importante valeur historique et symbolique, en tant que témoignage physique de la présence de la troisième armada de Vasco de Gama dans les eaux kényanes», s’enthousiasmait plus tôt dans l’année Filipe Castro, archéologue maritime à l’Université de Coimbra (Portugal) et auteur principal de la nouvelle étude, dans un communiqué. Cela en ferait la plus ancienne épave européenne de l’océan Indien. «Je pense qu’elle est unique. C’est un trésor», a-t-il ajouté auprès de Live Science, avant de se tempérer : «Nous n’en sommes pas sûrs.»

 

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