L'Algérie en Coupe d’Afrique des nations / Egypte 1986- 15e édition Mohamed Kaci Said : «Un gâchis…»

10/01/2024 mis à jour: 16:13
2069

Printemps 1986, l’Algérie se prépare à disputer sa 5e Coupe d’Afrique des nations (CAN) consécutive. L’ambiance était morose. Des problèmes empoisonnaient la préparation du tournoi en Egypte. 

Les responsables de la fédération semblaient avoir perdu la main. Le staff dirigé par Rabah Saâdane se posait des questions sur le groupe qui ira à Alexandrie (groupe B) où jouera l’Equipe nationale lors du premier tour. 

Des joueurs qui se demandaient «si c’était raisonnable de courir deux lièvres à la fois», c’est-à-dire préparer 2 objectifs majeurs (CAN et Coupe du monde 1986) sachant que 3 mois séparaient les deux tournois. Mohamed Kaci Said, 28 ans à l’époque, se souvient de cette période : «De toutes les CAN (4) que j’ai disputées, c’est sans aucun doute celle de 1986 en Egypte qui m’a laissé plus de regrets et de déception. Nous ne savions pas ce que nous voulions. Certains ont préconisé de partir en Egypte avec les joueurs qui évoluent en Algérie. 

Cette option me paraissait la plus indiquée. Elle évacuait le sempiternel problème de la disponibilité des pros qui, très souvent, souffraient du refus de leur club de les laisser rejoindre la sélection à la CAN. A l’époque, il n’y avait pas le règlement FIFA comme celui d’aujourd’hui. 

La fédération a dansé sur les deux pieds. A l’arrivée, le résultat tout le monde le connaît». La gestion du groupe a été catastrophique. 

Ce problème a empoisonné la vie des Verts. Kaci Saïd reprend la parole et avoue : «Le dernier mot est revenu au ministère qui a demandé à la fédération de convoquer les meilleurs joueurs du moment et de fixer l’objectif de gagner la CAN-1986 en Egypte. 

A l’époque, il y avait plusieurs pros qui évoluaient en Europe et qui avaient des problèmes pour rejoindre la sélection. Il aurait mieux valu, à mon humble avis, les laisser jouer et se préparer avec leurs clubs respectifs dans la perspective de la Coupe du monde 1986 au Mexique. Ce chapitre a perturbé la préparation et la concentration du groupe. Sans oublier bien sûr l’absence de Lakhdar Belloumi qui a beaucoup manqué à l’Equipe nationale.» 

 Tous ces problèmes ont affecté la concentration du groupe. Ajoutez à cela la difficile maîtrise du groupe par le staff-technique. Entre les joueurs en méforme, les blessés et les pros qui n’étaient pas du tout certains d’être présents en Egypte, il était difficile dans ces conditions de jouer les premiers rôles. Le match d’ouverture face au Maroc a mis à nu les carences de la sélection. 

Le 0-0 qui a sanctionné la partie a pleinement satisfait le coach de l’adversaire, José Faria. L’attaque est restée muette malgré les efforts des deux Bouiche et Menad. Le milieu de terrain densifié (Mansouri, Kaci Saïd, Fergani, Maroc) n’a pas donné le résultat escompté. 

Pire, Mahmoud Guendouz n’a pas terminé le match (blessé) et a été remplacé par Mohamed Chaib. Le match sur lequel le coach Rabah Saâdane fondait de grands espoirs s’est aussi achevé sur un désespérant match nul (0-0) contre la Zambie. La présence de Rabah Madjer (arrivé la veille) et celle de Tedj Bensaoula, n’ont pas donné l’effet escompté. Après deux matchs, l’Algérie totalisait deux points. 

L’ultime match du groupe allait être décisif pour la qualification aux demi-finales. Il y avait un ticket pour deux (Algérie-Cameroun). Après une première mi-temps sans but, les événements se sont enchaînés en seconde période. Rabah Madjer a ouvert le score (61’), 5 minutes plus tard Kana a égalisé pour les Lions Indomptables qui ont creusé l’écart à deux reprises par Kana (70’) et Roger Milla (72’), avant que Karim Maroc réduise la marque dans la minute qui a suivi le 3e but du Cameroun. La défaite (2-3) a scellé le sort des Verts à la CAN 1986. Ils sont arrivés en Egypte sans ligne directrice, sans objectif précis et ont quitté la terre des Pharaons avec les doutes qui ont précédé leur arrivée à Alexandrie. Encore un tournoi raté. 

Un gâchis comme l’a indiqué Mohamed Kaci-Said qui, jusqu’au jour d’aujourd’hui, ne comprend pas les raisons de sa mise à l’écart et celle de Fodil Megharia lors du match contre le Cameroun. Lors des deux premiers matchs, les deux joueurs étaient présents, l’Equipe nationale n’avait pas encaissé. 

Le jour où ils n’ont pas été alignés, l’équipe a encaissé 3 buts. Mohamed et Fodil ne l’ont pas digéré jusqu’à ce jour.

Par Yazid Ouahib

Copyright 2024 . All Rights Reserved.