L’Algérie en Coupe d’Afrique des nations - 12e édition, Nigeria 1980 Kouici se rappelle de la 1re finale des Verts

02/01/2024 mis à jour: 08:22
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Photo : D. R.

Par Yazid Ouahib

Douze ans après sa première participation à la CAN (1968), l’Algérie retrouve la grande compétition continentale avec d’autres joueurs et une ambition. Réaliser un grand tournoi. Il faut dire que le football algérien traversait à l’époque une belle période (1975-1978) sanctionnée par deux titres. Jeux méditerranéens 1975 et africains 1978.

Un nouveau groupe de joueurs (talentueux) s’affirme. Il était composé de la crème du championnat national avec le regretté Mehdi Cerbah dans les buts, une défense solide et compacte (Merzekane, Derouaz, Kouici, Larbes, Horr, Guendouz, Khedis), un milieu royal (Belloumi-Fergani-Mahiouz, Slimani…) et une attaque de feu (Assad, Madjer, Bensaoula, Guemri Redouane, feu Hocine Benmiloudi…). Mustapha Kouici se rappelle bien de la CAN-1980 au Nigeria.

Plus de 43 après, il raconte : «J’avais 26 ans et j’étais au summum de ma forme. Nous formions un bon groupe sur et en dehors du terrain. Nous traversions une bonne période avec des performances aux Jeux méditerranéens 1975, suivis des Jeux africains, les JM à Split en Yougoslavie et la victoire éclatante au Maroc (5-1) en éliminatoires des Jeux olympiques.

La CAN 1980 était un test grandeur nature pour notre génération. Après une facile qualification face à la Libye (3-1 et 0-1), on a été versés dans le groupe B, à Ibadan, avec le Ghana, Maroc et Guinée. Pour moi, Algérie-Ghana (0-0) a été le meilleur match du tournoi.

Je parle de la qualité de jeu. L’adversaire avait disputé 5 finales et gagné 3. Les observateurs l’ont qualifié de meilleur match de l’édition 1980. Il faut dire que nous avons effectué une bonne préparation au Bénin voisin. Les conditions n’étaient pas parfaites mais on s’est habitués. Le staff formé de Mahieddine Khalef et du Yougoslave Rajkov avait bien préparé son coup.

Nous sommes arrivés à Ibadan la fleur au fusil, confiants en nos possibilités. La première sortie face au Ghana a multiplié par deux notre confiance. Après le match, à l’hôtel où étaient hébergées les 4 sélections, le sélectionneur de la Guinée, Digu Mori Diabaté, m’a accosté dans le salon et m’a fait part de son inquiétude avant d’affronter le Ghana et m’a demandé des tuyaux sur l’adversaire.

Je lui ai répondu, en présence de mon frère feu Mohamed Khedis, «la cuirasse ghanéenne a un défaut. Il m’a répondu, c’est quoi ?

J’ai dit, c’est la casquette que porte toujours vissée sur sa tête le gardien Joseph Carr. Si un de vos joueurs la lui vole en plein match, il perdra son self contrôle et deviendra une passoire.

Le jour du match, j’ai pris place à quelques mètres du banc des remplaçants de la Guinée et j’ai échangé un clin d’œil avec le coach. A un moment donné, l’avant-centre de la Guinée a subtilisé la casquette du gardien de but qui dans l’action a encaissé un but.

Les Ghanéens ont vivement réagi, la partie a été arrêtée et le but annulé. Avec Mohamed Khedis, on s’est bien marrés». «Le second match contre le Maroc, je ne l’ai pas terminé à cause d’une blessure. J’ai été remplacé par Salah Larbès. Lakhdar Belloumi nous a offert la victoire (1-0) dans les ultimes instants de la partie.

Le 3e match face à la Guinée, nous l’avons difficilement terminé (3-2), après avoir longtemps mené au score grâce à un doublé du regretté Hocine Benmiloudi, mon coéquipier au CRB, et un but de Lakhdar Belloumi. En demi-finale, nous avons joué contre l’Egypte à Ibadan.

Quel match, quelles émotions ! Les Pharaons menaient (1-0) puis 2-0, avant que Salah Assad ne réduise le score sur penalty et Hocine Benmiloudi nous offre l’égalisation. Aux penalties, nous avons été plus adroits que les Egyptiens.

Belloumi, Fergani, Khedis et Larbès ont transformé leurs tirs. La suite (la finale) a été un calvaire. Nous devions rejoindre la capitale la veille de la finale. Nous avons pris place dans un bus rafistolé de partout pour parcourir les 2-120 kilomètres qui séparent Ibadan de Lagos.

Chaque 10 minutes, le bus tombait en panne. Nous sommes partis d’Ibadan à 16 heures et sommes arrivés à Lagos à une heure du matin, complètement éreintés. Il n’y avait pas de chambres de libres pour le finaliste.

C’est le capitaine égyptien Magdi Abdelghani qui a prié ses camarades de libérer les chambres pour qu’on puisse se reposer pour jouer la finale l’après-midi. Dans d’autres circonstances et conditions, on aurait remporté la CAN-1980.

La preuve, une année plus tard, on a battu le Nigeria (2-0) à Lagos et on a pris une option, validée deux semaines après, pour la qualification à la Coupe du monde 1982 en Espagne.

Les responsables algériens ont tiré les leçons de la CAN-1980 pour battre le Nigeria chez lui et aller en Coupe du monde. Il faut avouer qu’à l’époque, nous n’étions pas bien parés pour cette compétition continentale et ses dures exigences (sur tous les plans). Le talent ne suffisait pas.

Ce fut une belle leçon et elle a été bien apprise depuis». Aujourd’hui, à 69 ans et 43 ans plus tard, Mustapha Kouici porte un regard de connaisseur sur la CAN et l’exprime bien sur les plateaux de la Télévision nationale. Il compte à son palmarès 73 sélections, une participation à la Coupe du monde 1982 et à plusieurs CAN.
 

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