Je voulais tout d’abord rappeler qu’au mois de septembre 2015, les 193 Etats membres de l’ONU ont adopté le programme du développement durable à l’horizon 2030, intitulé Agenda 2030.
C’est un agenda pour la planète, les populations, la prospérité, la paix et pour les partenariats. Le programme porte une vision de la nécessaire transformation de notre monde en éradiquant la pauvreté et en assurant sa transition vers un développement durable.
Les 17 objectifs de développement durable (ODD) servent de lignes directrices pour le développement de chaque pays.
Intéressons-nous aux objectifs qui proposent de tout mettre en œuvre pour éradiquer la faim et la malnutrition en garantissant l’accès à une alimentation sûre, nutritive et suffisante pour tous.
Les ODD «Pas de pauvreté, faim zéro, bonne santé et bien-être, eau propre et assainissement, énergie propres et abordable, Action climatique» ne pourront être atteints que si les cibles de plusieurs autres ODD sont également atteintes.
Les décideurs ont un rôle à jouer dans la promotion de systèmes de productions alimentaires résilients et durables à grande échelle et dans le bon fonctionnement des marchés alimentaires
Nous savons tous que le paysage est façonné par l’homme qui y laisse ses empreintes transmises par les activités agricoles qui peuvent être positives ou négatives, l’exemple des ghouts, une création humaine et un aménagement réfléchi autour du palmier dattier par les oasiens dans la wilaya d’El Oued dans le Sud-Est algérien ou la création d’oasis autour d’un point d’eau.
Et, nous devons savoir que de l’action de l’homme et des effets de la nature naîtra un système agroécologiquement durable ou non.
L’Algérie a réalisé des progrès spectaculaires en faisant du secteur agricole un moteur essentiel de la croissance économique et veille à travers des actions concrètes, à diversifier la production agricole, à augmenter la productivité des sols et des cultures, à optimiser les rendements, à valoriser le facteur eau et à renforcer la résilience face à la crise climatique.
Pour faciliter la compréhension du lecteur, il est intéressant de rappeler la définition des trois concepts, à savoir la Souveraineté alimentaire, l’Autosuffisance alimentaire et la Sécurité alimentaire
La Souveraineté alimentaire, c’est considérer que l’autosuffisance constitue un moyen d’indépendance nationale face à tout risque de conflit ou de pandémie pouvant mettre en danger l’approvisionnement d’un pays.
Prévoir des stocks de sécurité et ne recourir que de façon conjoncturelle à des importations de denrées alimentaires. La souveraineté alimentaire est aussi synonyme d’indépendance politique.
L’Autosuffisance alimentaire, c’est la capacité pour un pays de produire sur son sol ou dans sa zone maritime réservée, tous les besoins nécessaires à la nutrition et à la bonne santé de ses habitants. Nous sommes conscients que l’autosuffisance alimentaire est un grand défi.
Par contre, la Sécurité alimentaire, c’est la capacité pour un pays à la fois en produisant et au travers d’échanges commerciaux équilibrés de satisfaire ses besoins.
La sécurité alimentaire, c’est aussi la définition d’une stratégie et d’une politique des terroirs. C’est le respect des vocations des agro-systèmes, de l’orientation, de la planification et de la diversification des cultures en tenant compte des conditions pédoclimatiques.
C’est d’abord la gestion durable des ressources naturelles et c’est un investissement dans la ressource humaine et la connaissance.
Les producteurs doivent prendre en main leur devenir avec des modèles agricoles adaptés, des modèles agroécologiques qui anticipent les changements climatiques à venir en les aidant à produire plus et mieux. Le monde agricole doit changer ses pratiques.
Une orientation louable et recommandable qui est la création des agropoles est nécessaire. Pourquoi ? Parce que l’agropole est un modèle de développement régional et de croissance agro-industriel et il représente une niche importante d’investissement et d’emploi pour les femmes et les jeunes.
«Exemple, des agropoles de quelques pays en Afrique, comme le Sénégal, le Cameroun, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Togo, la France, la Suisse… » à dupliquer.
L’agropole qui se veut une nouvelle stratégie de développement agricole, un nouveau modèle économique va nous permettre de retracer, à travers toutes les étapes de la production, de la transformation et de la distribution, le cheminement des produits ou leur traçabilité.
C’est un pôle de développement économique axé sur l’industrie agroalimentaire autour de l’agriculture, la transformation alimentaire et la distribution. Il joue un rôle important dans la stratégie nationale de sécurité alimentaire par l’accroissement de la productivité des filières agro-industrielles prioritaires et ciblées et le développement des chaînes de valeur.
L’agropole est un puissant levier visant l’amélioration du bien-être des populations, surtout celles vivant en milieu rural, le renforcement de la valeur ajoutée des produits agricoles et la réduction de la dépendance aux importations des produits agro-alimentaires et une émergence du pays.
En Algérie, des agropoles peuvent être créés dans une aire géographique avec des bassins de production et en abritant une série d’entreprises, comme des laboratoires pour toutes les types d’analyses, le contrôle des produits agricoles destinés à l’exportation, un institut de recherche agronomique, un centre de formation et d’innovation…
Les jeunes porteurs de projets ou investisseurs, les jeunes entrepreneurs sont au centre des préoccupations.
L’enseignement agricole doit répondre aux besoins des filières agricoles et alimentaires, mais aussi aux enjeux des territoires ruraux dans une conjoncture d’un solide renouvellement des générations d’agriculteurs.
Notre agriculture doit donc accélérer son adaptation aux effets du changement climatique. A titre d’exemple, l’augmentation des stress hydriques actuellement constatée impose une gestion plus durable de la ressource en eau.
Dans un grand nombre de pays, le climat pousse des agriculteurs de plusieurs régions à s’installer dans d’autres régions. Les changements climatiques se matérialisent par des épisodes de sécheresse, de grêle intense qui peuvent détruire les productions.
Les conséquences du changement climatique poussent la Suisse à se lancer dans la culture d’amandes.
L’Algérie est riche de la diversité de ses terroirs et de ses conditions pédoclimatiques et elle a aujourd’hui des atouts à faire valoir avec toutes les potentialités existantes.
La valorisation d’une plus grande diversité des productions agricoles est possible avec une vision à long terme favorisant l’émergence d’une industrie agro-alimentaire et visant à repenser la coexistence des circuits longs et courts et à réduire notre dépendance aux importations.
Ce modèle repose sur une utilisation et une gestion rationnelle des ressources en eau, et vise à améliorer les conditions socio-économiques et environnementales dans le cadre d’une intégration à l’économie nationale.
L’agropole est un modèle agricole et alimentaire, un modèle de territorialisation hydraulique avec une cartographie agricole qui peut bâtir une alliance économique avec les agriculteurs et promouvoir la production locale avec des fruits et légumes frais et variés pendant toute l’année avec des prix abordables pendant toute l’année.
Dr M. Bouchentouf
Ingénieur docteur en agronomie
Docteur en environnement et développement durable
«Adaptations de l’agriculture aux changements climatiques»
Ancien cadre au ministère de l’Agriculture et du Développement rural ; spécialiste de l’agroécologie des régions arides et semi-arides Consultant en management et développement de projets à l’international
Chercheur en innovation et prospectives agricoles
Président de l’association Europe Afrique
résilience agroécologique et climatique Paris
Directeur de la micro-ferme écologique et innovante
«La Clé des oasis» Timimoun Algérie