Les affaires de malversations ayant caractérisé la gestion de la Laiterie et fromagerie de Boudouaou (LFB) ces dernières années atterrissent l’une après l’autre devant les tribunaux. Après le report du procès en appel impliquant 36 accusés, dont le PDG de l’entreprise et son staff, la justice s’est penchée avant-hier sur l’affaire liée à la vente de gré à gré de matériel réformé de la société.
Comme la dernière fois, les prévenus ne sont pas de simples fonctionnaires. L’un d’eux, S. Mohamed, occupe à ce jour le poste de directeur de l’administration et des finances, tandis que son coaccusé, H. Abdelkader, est chef du service maintenance.
Ces deux responsables avaient déjà été condamnés dans une autre affaire en juin dernier à une peine de 7 ans de prison ferme pour, entres autres, «négligence caractérisée», «abus de fonction», «dilapidation de deniers publics», «obtention de privilèges indus», «dissimulation et falsification de documents comptables», etc. On sait que pour des griefs moins graves, bien d’autres responsables avaient été relevés de leurs postes avant même leur traduction devant le juge. Cette fois, l’affaire concerne la vente de gré à gré à l’entreprise publique ENR SPA d’équipements industriels réformés et une importante quantité de déchets ferreux qui était stockée depuis des années à l’intérieur de la LFB.
Les faits remontent au mois de juin 2018. La décision de vente en elle-même était bonne d’autant qu’elle a permis de libérer de l’espace, sauf que les procédures auraient été truffées d’irrégularités. La valeur d’origine de tels équipements est estimée à 24,5 millions de dinars.
Néanmoins, pour 111 140 tonnes vendues, la laiterie a engrangé un montant de 600 400 DA, souligne un rapport élaboré en 2020 par une commission interne. Si la cession des équipements et de la ferraille aurait été menée dans les normes en vigueur, elle a sans doute apporté un intérêt pécuniaire important à l’entreprise, lit-on dans le même document.
La commission précise que la cession s’est effectuée sans l’approbation du conseil d’administration et en l’absence d’une décision de réforme, ajoutant que la convention s’est faite sans négociation des prix ni valorisation des déchets. Les rédacteurs du rapport relèvent au passage l’absence d’une procédure interne écrite définissant les modalités de réforme des biens meubles ainsi qu’une commission de réforme indépendante de celle d’avarie. Sans ces anomalies et tant d’autres, cette affaire n’aurait pas eu lieu, a-t-on estimé.
A l’issue de sa plaidoirie, le procureur a requis contre les prévenus une peine de 7 ans de prison ferme. Le verdict sera prononcé le 30 de ce mois.