L’abstention, un phénomène politique à étudier

15/09/2024 mis à jour: 00:24
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Un taux d’abstention non négligeable ! Selon les chiffres communiqués hier par la Cour constitutionnelle concernant le scrutin présidentiel du 7 septembre, plus de 53% des électeurs ont boudé les urnes. En effet, Omar Belhadj, président de cette Cour, annonce que le nombre des votants était de 11 226 065, soit de 46,10%. C’est encore loin de la moitié du corps électoral, qui compte un total de 24 351 551 électeurs inscrits.

Selon ces données, qui suscitent déjà des commentaires sur les réseaux sociaux et chez certains observateurs de la scène nationale, plus de 13 millions d’électeurs n’ont pas voté. C’est beaucoup pour une élection présidentielle.

Certes, le taux de participation officiel est nettement meilleur que celui enregistré durant la présidentielle du 12 décembre 2019, mais il reste très en deçà des espérances des candidats à ce scrutin qui appelaient, durant la campagne électorale, «à une forte participation pour donner une légitimité populaire aux institutions, notamment la Présidence de la République».

En comparaison avec les présidentielles organisée depuis 1995, le taux de participation au dernier scrutin reste, et de loin, très faible. Il confirme, cependant, une tendance en Algérie où les dernières élections (référendum sur la Constitution, élections législatives et les locales) ont été marquées par une forme de désaffection populaire, avec une abstention dépassant parfois les 60%.

Ce phénomène nécessite en tout cas une étude approfondie. Pourquoi les Algériens tournent-ils le dos aux urnes ? Il y a certainement une interprétation politique à donner à ce comportement.

Si du côté du pouvoir et ses analystes «le phénomène est normal» et que «c’est une tendance mondiale où la participation aux élections a baissé», pour certains partis de l’opposition c’est une autre explication. Selon eux, «les électeurs expriment ainsi leur mécontentement de la gestion des affaires du pays et, surtout, la non-satisfaction des revendications du hirak de février 2019».

Certains acteurs estiment même que le «fait de bouder les urnes constitue un prolongement du hirak». Mais de toute façon, la bonne santé d’un régime démocratique – c’est une règle générale dans le monde entier­ – se mesure par la participation aux élections, notamment les présidentielles qui mobilisent de larges couches des sociétés. Une faible participation, en revanche, fragilise davantage les décisions politiques, car elles n’émanent pas de la majorité. 

 

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