La saison estivale jugée très positive par les professionnels : Boumerdès, nouvelle plaque tournante du tourisme

03/09/2022 mis à jour: 22:03
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Connue pour ses belles plages, la wilaya de Boumerdès a attiré plus de 16 millions d’estivants cet été. Le directeur du tourisme, Hamouda Maâmri, insiste sur le terme estivants au lieu de touristes. 

Ce qui laisse entendre que la région n’a pas accueilli beaucoup d’étrangers. Comme durant les années précédentes, les vacanciers préfèrent louer des appartements chez les résidents que d’aller dans des hôtels, peu nombreux et très chers. Une aubaine pour les habitants des localités côtières pour augmenter leurs revenus et amortir les effets de l’inflation. Pour M. Maâmri, «les gens se rendent en masse à Boumerdès, parce qu’ils s’y sentent en sécurité et trouvent le strict minimum sur les plages». 
 

La région s’est dotée aussi de nouveaux complexes touristiques à Seghirate, Figuier et Boudouaou El Bahri et beaucoup de familles préfèrent Boumerdès aussi pour ses grands jardins publics, les aires de jeux pour enfants et l’ambiance nocturne sur le boulevard du front de mer. Là, le visiteur peut s’acheter des objets artisanaux, prendre une glace ou faire une tournée à bord du train touristique, le seul à l’échelle nationale. Autre avantage, la ville est facilement accessible par véhicule, même si beaucoup reste à faire en matière de circulation. Les bouchons sont fréquents, notamment sur la route du littoral. Et ce n’est pas le seul inconvénient. Malgré les efforts consentis, les capacités d’accueil de la wilaya, estimées à 7500 lits, restent très limitées. 
 

Pourtant, ce ne sont pas les investisseurs qui manquent pour remédier à ce problème. Plus de 60 projets, dont des hôtels 5 étoiles, des complexes et des résidences touristiques, tardent à voir le jour à cause des lourdeurs bureaucratiques. Après deux ans de Covid-19, cette saison estivale a été en quelque sorte une bouffée d’oxygène pour les professionnels. «Cette année, notre hôtel a affiché complet à maintes reprises. Je pense qu’il y a de plus en plus de familles qui préfèrent passer des vacances en Algérie que de se rendre en Tunisie», estime Rachid Aichaoui, le directeur de Médina hôtel du chef-lieu de Boumerdès. Pour courtiser sa clientèle, cet établissement de trois étoiles a fait des réductions de 30% sur ses tarifs. Le prix d’une chambre double avec petit déjeuner est fixé à 6000 DA après avoir été de 10 000 DA, précise-t-il, ajoutant que le transport des résidents de et vers la plage est assuré par un fourgon de l’hôtel.
 

Une destination touristique à promouvoir
 

S’agissant des touristes étrangers, M. Aichaoui affirme qu’ils ne sont pas nombreux, soulignant que la plupart sont des cadres d’entreprises étrangères. Le développement du secteur passe par l’augmentation et la diversification de l’offre touristique. Mais pas seulement, estime Farid, un autre hôtelier. «Même les plages ne sont pas bien gérées. Certaines sont devenues des réceptacles d’eaux usées. A Boumerdès, les estivants se baignent entre deux oueds infects. Ce n’est pas aux communes ou aux jeunes désœuvrés de gérer les plages, car le tourisme ne s’accommode pas avec la politique d’assistanat», préconise cet ancien globe-trotter, déçu par l’état dans lequel se trouvent de nombreux sites historiques de la wilaya. «Il y a des sites dans toutes les communes de la région, mais personne n’en parle alors qu’on peut les aménager en lieux à faire visiter aux touristes. Même la Casbah de Dellys est dans état lamentable», déplore-t-il. 
 

Bilal Belhassenet, gérant d’une agence de tourisme, évoque d’autres facteurs qui ont retardé l’essor du secteur. «Les mentalités ont beaucoup régressé. Dans les années 1970 et 1980, il y avait beaucoup de Portugais, de Russes, de Polonais qui venaient passer leurs vacances à Boumerdès. Les gens étaient très ouverts et il y avait des brasseries et de bons restaurants à Boumerdès, Zemmouri, Figuier, Boudouaou, etc. Aujourd’hui, même les dépôts de vente des boissons alcoolisées sont fermés. 

A l’époque, les gens étaient plus tolérants. Maintenant, on trouve des plages qui sont réservées exclusivement pour les femmes», regrette-t-il. Pour lui, «les Algériens ne partent pas en Tunisie uniquement en raison des prix attractifs des hôtels. Ils y vont parce ce que la société tunisienne s’est débarrassée des stéréotypes». «Chez nous tout est tabou», fulmine-t-il, ajoutant que même les agences de tourisme ne jouent pas leur rôle. La plupart, dit-il, se contentent d’organiser des voyages soit vers La Mecque, soit vers la Tunisie ou la Turquie, alors que le pays recèle des sites touristiques d’une beauté inégalée. 
 

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