La protestation monte dans l’Union européenne contre le blocage des sanctions par la Hongrie

17/05/2022 mis à jour: 17:58
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Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a déploré hier le blocage de l’embargo pétrolier européen par la Hongrie, rapporte l’AFP, citant les propos du diplomate. Cependant, il s’est dit confiant dans son adoption et a appelé les Etats membres de l’Union européenne (UE) à «tuer les exportations russes» pour empêcher Vladimir Poutine de financer la guerre contre son pays.

«Le sixième paquet de sanctions de l’UE doit inclure un embargo pétrolier et je suis désolé que cette décision tarde a être adoptée», a-t-il déclaré à l’issue d’une réunion à Bruxelles avec ses homologues de l’UE. «Un seul pays continue de bloquer», a-t-il souligné. «Mais il ne m’appartient pas de dire au Premier ministre hongrois, Viktor Orban, comment il doit agir», a poursuivi le chef de la diplomatie ukrainienne.

«C’est une affaire de famille pour l’Union européenne (...). Je suis confiant. L’embargo sera décidé, mais il y aura un prix à payer», a-t-il dit. «La question est quand, car le temps court et la Russie gagne de l’argent avec ses exportations», a-t-il relevé.

La Hongrie a chiffré hier à 15-18 milliards d’euros le coût d’un arrêt des achats de pétrole russe pour justifier sa demande d’exempter les approvisionnements par oléoduc du projet d’embargo pétrolier de l’UE.

L’arrêt des achats de pétrole à la Russie va provoquer «une hausse généralisée des prix de l’ordre de 50 à 60%» en Hongrie, a soutenu le ministre des Affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto. «Les Hongrois attendent légitimement une proposition de solution pour financer les investissements (de nouvelles infrastructures) et compenser des hausses de prix, un coût global de l’ordre de 15-18 milliards d’euros», a-t-il encore dit.

«C’est pourquoi nous avons suggéré que si l’UE veut introduire un embargo pétrolier, il devrait y avoir une exemption pour les approvisionnements par oléoduc», a-t-il ajouté. Pays enclavé, sans accès à la mer, la Hongrie dépend du pétrole acheminé de Russie par l’oléoduc Droujba. «Toute l’Union est malheureusement prise en otage par un Etat membre», s’est insurgé le chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielius Landsbergis.

Les sanctions européennes sont prises à l’unanimité. «Nous sommes très doués en Europe pour nous montrer toujours en désaccord, pour ne pas donner une image d’unité», a pour sa part déploré son homologue autrichien, Alexander Schallenberg.

Le ministre lituanien est allé jusqu’à suggérer que l’Ukraine coupe l’oléoduc qui traverse son territoire jusqu’à la Hongrie, arguant que «si le trafic est stoppé, le problème sera résolu».

La Commission européenne a été chargée de retravailler la proposition sur l’embargo pétrolier présentée il y a 12 jours et doit soumettre des «solutions concrètes» aux problèmes rencontrés par la Hongrie et d’autres Etats membres. «Nous devons réussir ce 6e paquet, nous travaillons déjà sur le 7e», a insisté le ministre luxembourgeois Jean Asselborn. «Mais je trouve difficile de s’opposer à la Hongrie et il n’y a pas que la Hongrie. Il y a aussi d’autres pays», a-t-il averti.

La Slovaquie, la République tchèque, la Bulgarie et même la Croatie, très réservées à l’égard d’un embargo, se cachent derrière la Hongrie, selon un responsable européen. «La transition du pétrole russe vers un autre pétrole va imposer aux raffineries, y compris en Slovaquie, de faire une transition vers une autre technologie qui sera capable de raffiner», a expliqué le ministre slovaque Ivan Korcok.

Mais la Slovaquie ne bloque pas la décision sur l’embargo, a-t-il affirmé. «Ce n’est pas le ministre (hongrois) des Affaires étrangères qui a le pouvoir de décision sur ce sujet. C’est le Premier ministre Viktor Orban», ont expliqué plusieurs hauts responsables européens.

 

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