Par Dr M. Bouchentouf
Ma contribution consiste à rappeler, en ma qualité de superviseur et coordinateur du Bureau du suivi de l’étude/Commissariat au développement de l’agriculture des régions sahariennes (BSE/CDARS) Ouargla, l’importance de l’étude du Plan Directeur Général de Développement des Régions Sahariennes (PDGDRS) menée dans le cadre d’un prêt de la Banque mondiale pour la période de 1996 à 2000.
Cette étude a été menée par le groupement BRLi-BNEDER composé d’un Bureau d’études d’ingénierie France «chef de file» et du Bureau national d’études pour le développement rural (BNEDER) sis à Bouchaoui, à Alger, sous maîtrise d’ouvrage du Commissariat au développement de l’agriculture des régions sahariennes (CDARS) Ouargla, relevant du ministère de l’Agriculture et de la Pêche à l’époque.
Conçu comme un projet durable avec une optimisation dans le temps, les principaux enjeux du PDGDRS étaient :
- l’obtention d’une meilleure connaissance de la région naturelle ;
- l’évaluation de la situation socioéconomique ;
- la proposition d’une vision dynamique des ressources en eau ;
- l’élaboration d’une nouvelle conception de l’agriculture en milieu saharien ;
- et la création d’un instrument d’observation, de contrôle, de gestion et d’analyse prospective avec la proposition d’élaboration d’études spécifiques.
L’objectif recherché était de doter le CDARS d’un outil de suivi, de pilotage et d’aide à la décision pour lui permettre d’accomplir durablement et efficacement la mission qui est la sienne dans le développement agricole des régions sahariennes. Le CDARS (et les autres opérateurs concernés comme l’ANRH) devaient donc s’approprier cet outil de connaissance, de planification et de pilotage et l’utiliser tout en l’améliorant par l’introduction de données récentes fiables.
Pour réaliser l’étude, un zonage du Sahara a été fait en 14 Régions naturelles sahariennes (RNS) qui ne coïncident pas forcément avec le découpage administratif des wilayas et qui couvrent 174 communes.
Le découpage a touché 9 wilayas du Sud intégrées en totalité. Il s’agit de : Adrar, Béchar, Tindouf, Tamanrasset, Illizi, Ghardaïa, Ouargla, El-Oued et Biskra et quatre (4) wilayas présahariennes pour partie avec quelques communes incluses dans l’approche par RNS : El-Bayad, Laghouat, Djelfa et Tébessa.
L’objectif de l’étude du PDGDRS financée par la Banque mondiale et dont les travaux ont été lancés en 1997 vise la conception d’un modèle intégré et harmonieux de développement économique des régions sahariennes basé sur l’agriculture, reposant sur une utilisation et une gestion rationnelle des ressources en eaux, et visant à améliorer les conditions socio-économiques et environnementales dans le cadre d’une intégration à l’économie nationale.
La première approche globale en termes de modèle des ressources en eau du Complexe Terminal (CT) et du Continental Intercalaire (CI) pour l’Algérie et la Tunisie date depuis 1970/72 (Etude ERESS –PNUD / UNESCO) actualisée en 1980(RAB 80).
Depuis, Il y a eu des problèmes de gestion, de planification et de suivi des ressources en eau après plusieurs années d’exploitation. Il y a des impacts négatifs dans certaines zones d’exploitation dus à de nouveaux prélèvements, des rabattements importants, la remontée de la nappe phréatique, des réductions de débits des foggaras, perte du cartésianisme, baisse des niveaux de forages la salinisation.
La dernière modélisation du PDGDRS date depuis1999 dans le cadre de l’étude du PDGDRS qui a consisté dans un premier temps à une actualisation et à la construction d’un nouveau modèle hydrogéologique. C’est une acquisition des données qui devaient aboutir à une meilleure connaissance de l’ensemble du système acquifère, de la piézométrie et son évolution, les volumes extraits, la surveillance de la qualité des eaux, le suivi de l’exploitation des acquifères, la mise à jour de l’utilisation des nappes. C’est aussi une prévention à moyen et à long terme de l’évolution des nappes en fonction des prélèvements proposés et les conséquences de leur utilisation, d’où la proposition d’un nouveau modèle New Sam en 1998. Son entretien et son enrichissement sont une question d’avenir.
Le nouveau modèle, un véritable outil de simulation, de calcul et d’évolution des acquifères proposé a été conçu pour prévoir les conséquences de l’exploitation future des ressources en eau dans le cadre d’une gestion durable.
Le plus important, c’est le suivi année par année des niveaux actuels et des historiques de prélèvement. Le premier des concepts forts, c’est la fragilité des ressources en eaux à moyen terme, par exemple tous les résultats de simulation démontrent que la région septentrionale sera confrontée dans tous les cas de figure à la baisse des niveaux piézométriques et à l’augmentation des coûts d’exhaure.
Nous savons que le CI et le CT sont exploitées au-delà des frontières Algériennes et que le modèle doit s’étendre sur la Tunisie et la partie occidentale de la Libye. Les données Tunisiennes et Libyennes sont importantes pour les simulations sachant qu’il y a une exploitation intense du côté Tunisien, cela implique une discordance en termes de connaissance de l’état actuel. Il est important de disposer des données assez précises et récentes sur la piézométrie, la salinité, l’historique des prélèvements ou de production.
L’actualisation du modèle hydrogéologique qui date depuis 1999 est impérative et l’évaluation de 25 ans d’investissements dans le secteur de l’agriculture entre l’année 2000 et 2024 s’impose.
Il faudra faire l’évaluation du suivi du modèle hydrogéologique par l’Observatoire du Sahara et du Sahel « OSS », c’est-à-dire savoir ce qu’ils ont fait depuis l’actualisation du modèle depuis 2000 et où l’on en est des données piézométriques et les prélèvements sur les 3 pays Algérie, la Tunisie et la Libye.
Les moyens et techniques d’évaluation environnementales doivent nous rassurer que les ressources naturelles soient exploitées et gérées de manière à promouvoir leur conservation.
Seul un suivi année par année des niveaux actuels et des historiques de prélèvement permettront d’apporter des conclusions réalistes sur les capacités des acquifères à fournir des quantités d’eau appréciables en minimisant les risques sur la ressource. L’utilisation des ressources en eau doit être maîtrisée avec une amélioration de la connaissance des ressources et une connaissance en temps réel et, avec une recherche de la valeur économique accordée à l’eau souterraine.
Pour une meilleure gestion des acquifères et une actualisation régulière, nous avons besoin de connaître les rabattements admis, les volumes des prélèvements d’eau qui sont autorisés, une connaissance des mécanismes de circulation et d’emmagasinement de l’eau souterraine pour un aménagement des territoires et un développement à long terme.
Je rappelle que la première étude du PDGDRS 1996-2000 a fourni des éclairages nouveaux avec des outils spécifiques utilisés tel que la modélisation économique, la recherche des sols et une exploration plus large des futurs possibles.
Les simulations exploratoires ont permis de visualiser les conséquences des prélèvements sur la ressource en eau et d’identifier les secteurs à forte sensibilité des ressources en eau particulièrement sous l’angle de la baisse des niveaux des acquifères. D’où la nécessité d’une actualisation du Plan Directeur Général de Développement des Régions Sahariennes. M. B.
«Adaptations de l’agriculture
aux Changements Climatiques»
Ancien cadre au Ministère
de l’Agriculture et du Développement Rural
Spécialiste de l’Agroécologie des Régions Arides et Semi-arides
Consultant en Management et Développement
de Projets à l’international
Chercheur en Innovation et prospectives agricoles
Président de l’Association Europe Afrique
résilience agroécologique et climatique Paris
Directeur de la Micro-Ferme Ecologique
et Innovante «La Clé des Oasis» Timimoun Algérie