La situation dans laquelle se trouve la filière avicole dans la wilaya de Bouira est dramatique. Des éleveurs, dans l’incapacité d’écouler une importante production de poussins issus de l’élevage avicole, ne savent plus à quel saint se vouer.
Dans les communes de Zbarbar et Guerrouma, sur les hauteurs de Lakhdaria, où l’activité avicole est dominante, des milliers de poussins ont été jetés dans la nature. Les images postées vendredi dernier sur les réseaux sociaux illustrent l’anarchie avec laquelle est géré le secteur concerné. «Nous n’avons pas trouvé de preneurs, car il y a eu une surproduction incontrôlée et anarchique», a déclaré un éleveur de Guerrouma. Confrontés à des difficultés, des dizaines de producteurs ont carrément renoncé à l’aviculture.
Le président de la filière à Bouira, Habbas Mohamed, a précisé que de nombreux aviculteurs ont abandonné cette activité en raison du cumul de problèmes. La cherté de l’aliment pousse par ailleurs les éleveurs à se détourner de cette activité.
Le manque de professionnalisme auquel s’ajoutent des défaillances dans l’accompagnement des éleveurs renseignent suffisamment sur la désorganisation de cette importante filière. C’est en tout cas le constat qu’ont établi des professionnels du domaine.
Citant la hausse vertigineuse du prix de l’aliment, cédé à un prix atteignant les 10 000 DA le quintal, M. Habbas a estimé que le recours récent aux importations d’œufs à couver, décidée par le gouvernement dans le but de faire face à une flambée des prix du poulet sur le marché national, a mis en difficulté les éleveurs.
Ces derniers sont unanimes à dire et à confirmer que la filière est désorganisée. Pour eux, la situation n’a pas évolué en dépit des mesures palliatives prises par la tutelle. «Les multiples carences soulevées n’ont jamais été solutionnées», dira un éleveur de Guerrouma. Il est tout à fait clair que l’importation effrénée de poussins, inondant le marché, est à l’origine de cette situation complexe.
«Le poussin est en abondance et les éleveurs n’ont pas trouvé preneurs, ce qui a généré cette situation critique», a-t-il ajouté. «Le nombre de poussins importés, dépassant de loin les besoins nationaux, a tiré les prix vers le bas, ce qui a infligé des pertes considérables aux éleveurs», a expliqué le président de la filière à Bouira.
Par ailleurs, dans les hangars de production implantés dans la wilaya de Bouira, le prix de gros du poulet vif varie entre 200 et 250 DA/kg. «Il est urgent de réorganiser cette filière en mettant en place un véritable cahier des charges régulant et fixant le fonctionnement de l’activité», a estimé M. Habbas.
Ce dernier a déploré qu’un nombre important d’aviculteurs exercent dans l’informel, ce qui a contribué à la complexité de la situation. Il est donc nécessaire et urgent de mettre en place de véritables mécanismes afin de réorganiser cette filière. Cela est dans l’intérêt des éleveurs mais aussi des consommateurs.