La date du scrutin est fixée au 14 novembre 2024 : Le nouveau Président du Sri Lanka ordonne des législatives anticipées

25/09/2024 mis à jour: 09:42
AFP
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Le nouveau président du Sri Lanka bénéficie d'une très grande popularité

Le nouveau président de gauche du Sri Lanka ne perd pas de temps : sitôt investi, Anura Kumara Dissanayake a dissous hier le Parlement, convoqué des élections législatives anticipées en novembre et nommé un gouvernement provisoire.

 Marxiste de formation mais largement converti depuis à l’économie de marché, M. Dissanayake, 55 ans, a été largement élu samedi, deux ans après la grave crise économique qui a imposé à son pays une cure d’austérité brutale et impopulaire.

 Comme il s’y était engagé, il a dissous le Parlement et fixé au 14 novembre la date des législatives anticipées, près d’un an avant la fin de la mandature actuelle. Selon l’annonce publiée en soirée au Journal officiel du gouvernement, le nouveau Parlement tiendra sa première session le 21 novembre. La Présidence a par ailleurs annoncé que M. Dissanayake s’adresserait au pays ce soir. 


Plus tôt hier, le Président a nommé au poste de Première ministre Harini Amarasuriya, 54 ans, l’une des trois seuls députés issus de son parti, le Front de libération du peuple (JVP) d’obédience marxiste, dans le Parlement élu en 2020 (225 sièges). Professeure d’université, très engagée dans la défense des droits des minorités et de l’égalité des genres, la nouvelle cheffe du gouvernement provisoire a également hérité des portefeuilles de la Justice, l’Education, la Santé et le Travail. Le deuxième député du JVP, Vijitha Herath, a été chargé des Affaires étrangères et de la Sécurité publique. Quant au Président, il expédiera lui-même les affaires courantes des ministères de la Défense, l’Energie et l’Agriculture jusqu’aux législatives.

 «C’est le plus petit gouvernement de l’histoire du Sri Lanka», s’est amusé devant la presse un dirigeant du JVP, Namal Karunaratne. 

Le Sri Lanka a connu il y a deux ans la plus grave crise économique de son histoire, qui l’a notamment contraint à faire défaut sur sa dette publique alors évaluée à 46 milliards de dollars. 
 

Renégociation 

Des semaines de manifestations populaires contre les pénuries et l’inflation avaient causé en juillet 2022 la chute du président Gotabaya Rajapaksa. En échange d’un plan d’aide de 2,9 milliards de dollars (2,6 mds euros) accordé par le Fonds monétaire international (FMI) en 2023, son successeur Ranil Wickremesinghe a multiplié les hausses d’impôts et les coupes dans les dépenses publiques. L’économie du pays a repris depuis quelques couleurs mais reste fragile, selon le FMI. Mais ce régime a nourri la colère de nombreux Sri Lankais. 
Pendant sa campagne, M. Dissanayake a vu sa popularité grimper en flèche en dénonçant les élites «corrompues» responsables, selon lui, de la faillite de 2022, et en promettant de baisser les taxes sur les produits de première nécessité. Avant même l’annonce de sa victoire, il a confirmé qu’il voulait renégocier l’accord signé avec le FMI. 


L’institution financière s’est dite lundi prête à en discuter avec lui. «Nous nous réjouissons de bientôt travailler avec le président Dissanayake et son équipe pour confirmer les progrès déjà difficilement réalisés», a déclaré l’un de ses porte-parole. 


La marge de manœuvre du nouveau Président s’annonce toutefois réduite, relèvent les experts. «J’ai peur que sur le plan fiscal, il y ait peu d’ajustements possibles», a noté pour l’AFP Murtaza Jafferjee, directeur du centre de réflexion indépendant Advocata. «Il y a des lignes rouges que le FMI ne voudra pas négocier.» «Il serait dans l’intérêt du pays d’éviter tout contentieux avec les détenteurs d’obligations» souveraines, a ajouté Umesh Moramudali, professeur d’économie à l’université de Colombo. 


Le nouveau Parlement doit ainsi valider un accord de restructuration de sa dette, annoncé la semaine dernière. Cet accord prévoit une décote de 27% sur les 12,5 milliards d’obligations souveraines détenus par les créanciers privés du pays. Anura Kumara Dissanayake n’a pas caché les difficultés qui l’attendent. «Je suis tout à fait conscient de l’importance du mandat que j’ai reçu», a-t-il dit lundi lors de son discours d’investiture. «Je ne suis pas magicien (...), je ferai de mon mieux.»

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