La Corée du Sud montre les muscles avec une téléréalité toute en force et sueur

02/03/2023 mis à jour: 19:13
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Des participants à l’émission de téléréalité «Physical: 100» pendant un événement promotionnel, le 18 février 2023 à Séoul

Vendeur de voiture de profession, Jo Jin-hyeong s’est mué en Titan pendant deux heures: tel Atlas, il a soutenu un énorme rocher à la force des bras, captivant l’audience d’une nouvelle téléréalité sud-coréenne à succès.

Tout droit sortie de la mythologie grecque, l’épreuve est l’un des nombreux défis lancés à la centaine d’Hercules, hommes et femmes, en compétition dans «Physical: 100», une téléréalité qui fleure la sueur. Forte des triomphes du film «Parasite» aux Oscars 2020 et de la série «Squid Game», carton mondial récompensé aux Golden Globes, la Corée du Sud pourrait aussi placer ses émissions de téléréalité au sommet.  «Physical: 100» est en tout cas le premier feuilleton sans scénario à s’afficher tout en haut du classement des productions non-anglophones sur Netflix, surfant sur le succès inattendu de «Singles Inferno», une téléréalité de rencontres sud-coréenne aussi. Comme pour la plupart des créations du genre, c’est le casting de l’émission qui fait son sel: 100 sportifs et sportives en condition physique optimale, dont des ex-participants aux JO ou soldats des forces spéciales réalisant des prouesses dignes des Douze Travaux. Jo Jin-hyeong a aussi contribué au charme du show. Ce vendeur de voitures de 41 ans n’est pas du tout pro et dit avoir commencé la muscu quand il était ado... et maigrichon. Pourtant, il a tenu tête à des concurrents qui comptent parmi les personnes les plus fortes de Corée du Sud. M. Jo a surtout attiré l’attention grâce à sa victoire dans l’une des épreuves les plus brutales du concours, tirée de la mythologie grecque : «Le châtiment d’Atlas». Pendant deux heures et 14 minutes, il a soutenu à la force des bras un énorme rocher qui pesait environ 50 kg, selon un autre concurrent. «Quand je l’ai soulevé j’ai cru que ce serait terminé en environ 30 minutes», a confié Jo Jin-heyong à l’AFP. Mais il n’a pas arrêté pas de s’automotiver : «Tient juste comme ça dix minutes de plus, puis encore dix minutes...» M. Jo a finalement terminé quatrième au classement général de l’émission, un exploit qu’il croyait irréalisable en repensant au collégien «chétif» qu’il était.

Franche camaraderie

Ces dernières années, les contenus sud-coréens font fureur au niveau mondial: plus de 60% des utilisateurs de Netflix ont regardé au moins une émission produite dans le pays en 2022, selon des données du géant du streaming.  Après avoir investi 766 millions de dollars dans le développement de ces contenus entre 2015 et 2021, Netflix a expliqué vouloir étendre l’offre de téléréalités sud-cooréennes cette année.  «Les émissions sud-coréennes qui ne sont pas de la fiction ne s’exportaient pas avant que Netflix ne les diffuse dans le monde entier», a affirmé Don Kang, le vice-président des contenus coréens de Netflix. Des adaptations comme la simplification des sous-titres ont été faites pour mieux toucher l’audience mondiale, précise-t-il. Pour M. Jo, le succès international de «Physical : 100» tient à la franche camaraderie qui transpire de la série. «Nous nous sommes encouragés à chaque épreuve, nous nous sommes consolés quand quelqu’un perdait», se souvient-il.  La relative bienveillance qui ressort des téléréalités de Corée du Sud est l’une des raisons de leur popularité à l’étranger, confirme Regina Kim, spécialiste du divertissement et des contenus sud-coréens basée à New York. «C’est comme une bouffée d’air frais pour les spectateurs américains qui peuvent être lassés de voir des stars de téléréalités coucher ensemble ou se battre tout le temps», analyse-t-elle.  Elle rappelle que des formats conçus en Corée du Sud tels que «The Masked Singer» ou «I Can See Your Voice» ont été repris aux Etats-Unis et sont devenus populaires.

Fans étrangers

Le succès de «Physical : 100» ne l’a toutefois pas préservé des controverses. Certains se sont demandé s’il était juste de faire des épreuves mixtes et, au final, les cinq premiers du classement ont été des hommes. Pour Jang Eun-sil, l’une des 23 compétitrices, le format était «original et rafraîchissant» et l’a aidé à rester motivée au fil des défis. «J’ai juste donné le meilleur de moi-même à chaque instant, donc je n’ai pas de regret même si ce n’était pas équitable», a dit à l’AFP la lutteuse de 32 ans, appréciée pour son leadership dans l’émission.  «Pour être honnête, la lutte n’est pas un sport populaire en Corée du Sud», a-t-elle ajouté, affirmant que c’était un «grand honneur» d’avoir rendu sa discipline plus visible et montré que les lutteuses existent.   Elle a depuis noté un afflux de fans étrangers sur ses réseaux sociaux et envisage maintenant de sous-titrer ses vidéos YouTube en anglais.

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