Le Conseil des ministres, présidé ce dimanche par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a autorisé «l’acquisition de 15 avions par la compagnie aérienne Air Algérie pour l’ouverture de nouvelles lignes, notamment vers des pays africains et asiatiques».
Dans le même contexte, le Conseil des ministres a approuvé «le nouveau programme des vols d’Air Algérie en prévision de la saison estivale». Il devrait être publié par décret exécutif.
Actuellement, la flotte de la compagnie nationale est composée de 56 appareils modernes, dont l’âge moyen est de 11 ans, répondant aux normes de sécurité internationales, exploités pour le transport des passagers et le cargo (8 Airbus A330-202, 25 Boeing 737-800, 2 Boeing 737-700, 5 Boeing 737-600, 15 ATR 72-212 A et 1 Lockheed L-100-30T Hercules).
Air Algérie effectuait en temps normal avant la crise sanitaire de Covid-19 des vols vers 42 destinations à travers le monde.
La compagnie nationale algérienne dessert actuellement des destinations dans 28 pays, dont trois lignes long-courrier vers Montréal, Pékin et Dubaï opérées avec des Airbus A330-200, un avion de grande capacité.
«Notre flotte sera prochainement renforcée par l’acquisition de nouveaux appareils, afin d’offrir à nos passagers une plus large disponibilité sur nos vols, dans l’optique de développer notre réseau long-courrier et Afrique, rationaliser les marchés hadj et omra et dynamiser notre activité fret», est-il précisé sur le site web de la compagnie aérienne.
Si l’ouverture de nouvelles lignes semble, a priori, l’une des opérations les plus banales pour un transporteur aérien, il faut savoir que lancer une desserte est un long processus où interviennent de nombreux paramètres.
La profitabilité est un vecteur de toute stratégie d’expansion. La demande en passagers est essentielle. Pour résumer, il faut savoir que deux facteurs importants influencent la prise de décision : la demande existante sur la ligne, autrement dit le marché, et la viabilité économique de la ligne.
La compagnie organise sa flotte sur les destinations qu’elle estime les plus rentables. Concernant les projets de lancement par Air Algérie de nouvelles lignes, il faut être réaliste.
Les lignes longs-courriers ont des coûts d’exploitation très élevés. Il faut générer des recettes importantes tout au long de l’année, pas seulement en une saison (estivale par exemple) ou pendant quelques mois, notamment au niveau de la haute contribution (classe affaires et first) et du fret.
Le petit nombre de sièges le plus cher mais le plus confortable placé à l’avant des avions est crucial : en moyenne 10% des sièges sur les vols intercontinentaux font rentrer jusqu’à 30% à 40% des revenus.
Déjà sur le marché chinois, Air Algérie subissait une concurrence indirecte qui ne lésine pas sur les moyens pour offrir des services de haute qualité à la clientèle, cela inclut les fréquences, les correspondances et les services à bord et au sol.
Sur le marché africain, Air Algérie sera-t-elle compétitive, sachant que le coût du kérosène est élevé, en plus des redevances et les taxes prélevées qui impactent le prix des billets d’avion en Afrique ?
Aussi, l’absence de flux touristiques ne favorise pas le développement et la rentabilité des lignes à ouvrir. L’ajout de nouvelles lignes d’Air Algérie est aussi tributaire de l’opérabilité de l’aéroport international d’Alger qui doit fonctionner selon la logique d’un hub (plateforme de correspondance), notamment pour les passagers en transit, et qui pourra ainsi augmenter le volume de passagers.
L’urgence, soulignent les experts de l’aérien, à travers le renouvellement de la flotte d’Air Algérie qui est plus que nécessaire, est de renforcer en priorité les lignes existantes, notamment celles qui génèrent du trafic comme le réseau France et de manière générale l’Europe, la Turquie et à un degré moindre le Moyen-Orient (Dubaï et Doha). Aucun détail n’a été avancé sur les types d’avion envisagés.
Le programme de renouvellement planifié depuis 2016 et acté en 2018 avait été suspendu en 2020 en raison de la crise sanitaire. Reste à savoir aussi qui va empocher le juteux contrat du renouvellement de la flotte.
Les observateurs estiment que le feu vert donné par le Conseil des ministres pour l’acquisition de nouveaux avions s’inscrit dans le cadre des plans gouvernementaux pour sauver Air Algérie, qui souffre depuis près d’une décennie du spectre de la faillite.
Cependant, il a approuvé l’acquisition de la moitié du nombre d’avions inclus dans le plan de restructuration de la compagnie aérienne nationale, qui a été préparé par le ministère des Transports.
Le plan, qui s’étend jusqu’en 2024, prévoit le renouvellement de la flotte par l’acquisition de 30 nouveaux avions d’une valeur de 250 milliards de dinars, ce qui équivaut à environ 2 milliards de dollars.