Kenya : Nouveaux rassemblements antigouvernementaux

03/07/2024 mis à jour: 19:57
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Plusieurs rassemblements se sont tenus dans plusieurs villes du Kenya - Photo : D. R.

Dans une interview dimanche, le chef de l’Etat a affirmé n’avoir «pas de sang sur les mains» et que la police «a fait de son mieux» pour maintenir l’ordre.

Des rassemblements antigouvernementaux se tenaient hier dans plusieurs villes du Kenya, lors d’une nouvelle journée de  mobilisation marquée par des échauffourées, pillages et arrestations dans le centre de la capitale Nairobi, rapporte l’AFP. Lancée mi-juin sur les réseaux sociaux avec un fort écho au sein de la jeunesse, cette contestation contre le projet de budget 2024-25 instaurant de nouvelles taxes s’est transformée en un mouvement national de défiance envers le gouvernement.

Elle a culminé le 25 juin, lors d’une journée qui a viré au bain de sang, notamment après que la police a tiré à balles réelles sur la foule qui prenait d’assaut le Parlement. Le lendemain, le président William Ruto a annoncé retirer le projet de budget et s’est dit prêt à dialoguer avec la jeunesse.

Selon l’agence officielle de protection des droits humains (KNHCR), 39 personnes sont mortes depuis la première manifestation le 18 juin. Human Rights Watch a évoqué un bilan de 31 morts et un groupement d’ONG locales, dont la branche kényane d’Amnesty, de 24 morts. Les autorités ont, elles, fait état de 19 morts.

Depuis, les appels à poursuivre la mobilisation ont été diversement suivis, notamment au sein de la «Génération Z» (jeunes nés après 1997) qui était au cœur du mouvement. Comme jeudi dernier, dans le centre d’affaires (CBD) de Nairobi, la foule nombreuse, variée et pacifique des premières manifestations a laissé place mardi à des groupes de jeunes hommes jetant des pierres aux forces de l’ordre, qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes.  Plusieurs personnes ont été arrêtées.

Dans ce quartier, épicentre des précédentes manifestations, de nombreux commerçants ont gardé leurs magasins fermés, mais les rideaux de fer n’ont pas empêché des pillages. Du mobilier urbain a également été brûlé.

Collectionneur d’impôts

Hors du CBD, des manifestants ont également bloqué certains axes de circulation, notamment la voie rapide de Waiyaki Way, en disposant des pierres sur la chaussée. La police tentait de les disperser avec des tirs de gaz lacrymogène. «Les voyous se sont infiltrés», a écrit Hanifa Adan, une des figure du mouvement, dans un message sur X ponctué de cœurs brisés.

Ailleurs dans le pays, des manifestations se sont tenues, globalement dans le calme, dans plusieurs villes, dont Mombasa (est), Kisumu (ouest), Nakuru (centre) ou encore Kisii (sud-ouest). Dans une interview dimanche, le chef de l’Etat a affirmé n’avoir «pas de sang sur les mains» et que la police «a fait de son mieux» pour maintenir l’ordre.

A travers le pays, les manifestants surnomment le président «Zakayo» (Zachée en swahili), figure biblique du collecteur d’impôts. Elu en août 2022 en promettant de défendre les plus modestes, le chef de l’Etat a depuis pris des mesures d’austérité, créé et augmenté plusieurs impôts et taxes qui ont durement frappé le pouvoir d’achat des Kényans. Ces mesures fiscales douloureuses sont nécessaires, selon lui, pour redonner une marge de manœuvre au pays, lourdement endetté.

Les augmentations de taxes prévues devaient permettre de financer l’ambitieux budget 2024-25 tablant sur 4000 milliards de shillings (29 milliards d’euros) de dépenses, un record. «Nous aurions dû mieux communiquer», a-t-il estimé dimanche.

Retirer le  texte aura «de très lourdes conséquences», a-t-il averti. «Cela signifie que nous sommes revenus presque deux ans en arrière et que cette année, nous allons emprunter 1000 milliards de shillings» (7 milliards d’euros). La dette publique du pays s’élève à environ 10 000 milliards de shillings (71 milliards d’euros), soit environ 70% du PIB.


 

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