Kenya : La justice déclare «illégal» le déploiement de policiers en Haïti

27/01/2024 mis à jour: 02:18
AFP
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Un tribunal a bloqué hier la décision «inconstitutionnelle, illégale et invalide» du gouvernement kényan de déployer un millier de policiers en Haïti, en proie à la violence de gangs, dans le cadre d’une mission soutenue par l’ONU. 

Cette décision marque un coup d’arrêt à la force multinationale très attendue pour tenter d’endiguer le chaos grandissant dans ce petit Etat caribéen, où la violence des gangs a fait près de 5000 morts, dont plus de 2700 civils, en 2023, selon un rapport mardi du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Face aux appels de plus en plus pressants du gouvernement haïtien et de l’ONU, le Kenya avait accepté en juillet de mener cette force de 2500 à 2600 hommes, espérée «au cours du premier trimestre 2024», selon la représentante spéciale adjointe de l’ONU en Haïti. L’ONU avait donné le feu vert en octobre à cette force, également soutenue par les Etats-Unis. Mais l’annonce du gouvernement kényan, validée au Parlement le 16 novembre, avait suscité une vive contestation dans ce pays d’Afrique de l’Est. L’opposant Ekuru Aukot avait notamment saisi la Haute Cour de Nairobi, arguant que cette mission était inconstitutionnelle, car ne reposant sur aucun fondement légal. 

«Le Conseil national de sécurité n’a pas mandat pour déployer des agents de la police nationale hors du Kenya», a affirmé le juge Enock Chacha Mwita. Une «telle décision contrevient à la Constitution et à la loi et est donc inconstitutionnelle, illégale et invalide», a-t-il ajouté. Le gouvernement peut encore faire appel de cette décision. «Nous les attendrons encore à la cour d’appel et nous irons jusqu’à la Cour suprême», a assuré à la presse Ekuru Aukot, en se félicitant de la décision. 

Le ministre haïtien des Affaires étrangères avait une nouvelle fois exhorté jeudi à l’envoi rapide de renforts sur l’île. «Chaque jour qui passe sans cet appui tant espéré, c’est un jour de trop que nous vivons dans l’enfer des gangs», avait déclaré Jean Victor Généus devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Les préparatifs de cette force, dont les effectifs totaux et la composition exacte restaient toutefois à finaliser, étaient en cours. L’ambassadeur kényan à l’ONU, Martin Kimani, avait affirmé jeudi que «sans préjuger de la décision de justice, le gouvernement (...) a fait des progrès importants pour préparer la mission». 

Le Kenya a déjà participé à plusieurs opérations de maintien de la paix dans des pays voisins (RDC, Somalie) et dans d’autres parties du monde (Liberia, Timor oriental, ex-Yougoslavie...). Mais les détracteurs de la mission en Haïti avaient mis en garde contre le danger d’exposer des policiers sur un terrain inconnu face aux gangs locaux lourdement armés. Pour le président kényan, William Ruto, il s’agissait au contraire d’une «mission pour l’humanité» dans un pays ravagé, selon lui, par le colonialisme. 
 

Dans un rapport mardi, le secrétaire général de l’ONU a alerté sur le «niveau stupéfiant de la violence des bandes, qui continue de s’aggraver» en Haïti. 

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