Durant le procès, l’ancien dirigeant de la JSK ainsi que son collectif d’avocats ont rejeté les accusations et dénoncé de «graves vices de procédures»
En détention depuis plus de 21 mois, le sort de l’ancien dirigeant de la JSK, Cherif Mellal, a été tranché, hier, par le président du pôle financier et économique, près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger. Poursuivi pour les délits de «transfert illicite de fonds de et vers l’étranger» et «blanchiment d’argent», en lien avec ses trois sociétés d’importation et de vente de véhicules , deux à l'étranger et une en Algérie, Cherif Mellal a été condamné à une peine de 4 ans de prison ferme assortie d’une amende de 224 millions de dinars.
Mellal qui semblait très agité, au box des accusés, n’a pas pu contrôler son coup de colère. «C’est une injustice. Je suis innocent. Monsieur le président, ils m’ont emprisonné et tué pour rien. Je suis innocent. C’est injuste. Je suis innocent !» a-t-il crié, alors que le juge poursuivait la lecture de sa décision, tête baissée. Mais la voix de Mellal portait tellement fort, qu’elle a fini par pousser le magistrat à se lever et à interrompre l’audience.
Après 20 minutes, il est revenu pour annoncer la condamnation par défaut contre deux autres prévenus en fuite, dont Aghiles Mellal, le frère de Cherif Mellal, à la peine de maximale de 10 ans de prison, assortie d’une amende de 224 millions de dinars pour le premier, de 71 millions de dinars pour le second, avec la confirmation du mandat d’arrêt international délivré contre eux lors de l’instruction.
Une autre peine de 3 ans de prison ferme et une amende de 152 millions de dinars a été infligée au troisième prévenu, alors que trois sociétés de Mellal, poursuivies en tant que personnes morales, ont été condamnées au paiement d’une amende de 32 millions pour Sarl automobile, qui active en Algérie, et de 12 millions de dinars, pour les deux autres créées à l’étranger.
Les faits pour lesquels Cherif Mellal a été déféré devant le tribunal de Sidi’M'hamed concernent ses activités dans le commerce automobile, de l’étranger vers l’Algérie, la somme de 300 000 euros, trouvée chez deux Algériens arrêtés au Luxembourg et qui auraient, selon l’enquête, affirmé qu’elle lui appartient, mais aussi le montant de 270 000 dollars qui a servi à l’achat par Mellal de sa maison familiale en Allemagne.
«Vices de procédures»
Durant le procès, l’ancien dirigeant de la JSK ainsi que son collectif d’avocats ont rejeté les accusations et dénoncé de «graves vices de procédures», allant «de la prescription des faits», jusqu’aux «procès-verbaux dénaturés». Mellal a expliqué que sa maison familiale a été achetée avec un crédit bancaire avec son épouse en 2012 et dont le remboursement s’effectue à ce jour.
Pour ce qui est de 300 000 euros, ses avocats ont affirmé que cette affaire a été clôturée et «à aucun moment le nom de Cherif Mellal n’a été cité», laissant entendre, comme l’a affirmé clairement leur mandant, le résultat «d’un règlement de compte». Mais le représentant du ministère public s’est montré formel : «Les faits sont avérés.»
En moins de vingt minutes, il a plié son réquisitoire, se basant sur le rappel des conclusions de l’instruction, de la loi et de l’inculpation, avant de lancer : «Les accusations sont établies» et de demander la peine maximale de 10 ans de prison ferme contre Cherif Mellal, assortie d’une amende d’un million de dinars, contre Mellal et les deux autres prévenus en fuite, dont son frère, contre lesquels il a demandé un mandat d’arrêt international et la confiscation de tous leurs biens mobiliers et immobiliers.
En ce qui concerne les trois sociétés, le procureur a requis le paiement d’une amende de 32 millions de dinars, ainsi que la confiscation des biens saisis lors de l’instruction. D’emblée le collectif de la défense de Cherif Mellal a exprimé sa volonté de faire appel du jugement dans les tout prochains jours.