Journée scientifique pour les sages femmes à Jijel : Le cancer du sein, un véritable problème de santé publique

07/06/2022 mis à jour: 06:06
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90% des cas de cancer peuvent être évités par le dépistage précoce

Voulue comme une célébration de la journée mondiale des sages femmes, même avec un décalage d’un mois, le bureau de la wilaya de Jijel de la Société des sages femmes algériennes (SSFA), a organisé, samedi, à la salle des conférences de la cité administrative du chef-lieu, une journée médicale en collaboration avec la direction de la santé. 
 

Cette année, faut-il le préciser, cette journée instaurée par l’OMS fête son 30e anniversaire. Un riche programme scientifique a été concocté à l’occasion pour permettre aux nombreuses sages femmes présentes de bénéficier d’une mise à jour de certaines données médicales. «Nous avons organisé cette journée dans le cadre de la célébration de la journée mondiale des sages femmes qui coïncide avec le 5 mai», dira à El Watan la présidente de la SSFA-bureau de Jijel, Ibtissem Kehal. «Vu les empêchements, nous n’avons pas pu organiser cette rencontre avant», précisera-t-elle, ajoutant que cette journée entre dans le cadre de la formation continue des sages femmes. 

Dans sa communication du Pr Boualem Bellouze, gynécologue au CHU de Béjaïa a abordé le cancer du sein, «un problème de santé publique» puisque très fréquent avec une incidence d’une Algérienne sur six. Il dira que c’est le premier cancer à l’échelle mondiale, premier chez la femme, le premier aussi, en termes de mortalité, précisant que jusqu’en 1990, c’était plutôt le cancer du col de l’utérus qui arrivait en tête avant d’être dépassé par celui du sein. Il insistera sur le dépistage précoce et avertira sur les retards de diagnostic qui influent sur la prise en charge et une perte de chances pour la patiente. 

La tranche d’âge en Algérie concerne essentiellement la femme relativement jeune (40 à 45 ans). 

Pour les facteurs de risque, il citera le surpoids, les hormones endogènes, les prédispositions génétiques et les irradiations thoraciques… Il reviendra sur le dépistage, l’examen CA-15-3 (dosage de l’antigène tumoral 15-3) et la prise en charge chirurgicale et radiothérapeutique tout en insistant sur le soutien psychologique pour aider les femmes à accepter la maladie qui touche son organe de féminité. 
 

Importance du dépistage précoce
 

Pour sa part, le Dr Sahi du CHU de Béjaïa s’est attardé sur le dépistage du cancer du col de l’utérus qu’il estimera «évitable causé par un agent connu, une infection au HPV (papillomavirus humain)» avec une transformation lente allant de 10 à 20 ans. L’âge médian de ce 4e plus fréquent cancer est de 53 ans, alors que l’âge moyen des décès est de 64 ans. 

Il insistera sur la vaccination et surtout sur le dépistage des femmes âgées entre 25 à 65 ans avec des frottis pour les 25-29 ans et des tests HPV pour les 30-65 ans. En conclusion, il affirmera que 90% des cas peuvent être évités par le dépistage. L’éclampsie (crises convulsives) était au centre de l’intéressante intervention du Pr Boudjenah du même CHU qui est revenue sur la conduite à tenir devant une telle pathologie multifactorielle qui complique 5 à 10% des grossesses dans le monde et deuxième cause de mortalité maternelle. 

Il dira que c’est une pathologie hypertensive gravidique à l’origine de deux tiers des décès maternels généralement souvent suite à une hémorragie cérébrale. Le contexte est généralement une hypertension sévère (supérieure à 180/120) et une rétinopathie, alors que les signes sont notamment des céphalées, des troubles visuels et une douleur épigastrique. 

Une étude menée entre 2017 et 2019 au CHU de Béjaïa, ajoutera-t-il, a montré que sur 381 cas d’éclampsie sévère, on a relevé que 39% sont survenues en post-partum (après 24 heures) et 75% avant les 34 semaines. 

Après avoir donné le schéma entrant dans le traitement et la prise en charge (sulfate de magnésium), il conclura que l’éclampsie est responsable de complications maternelles redoutables ainsi que de mortalité périnatale et de prématurité, ajoutant que 30 à 40 % des cas surviennent en post-partum d’où la nécessité de la surveillance. 

Le 4e thème a été développé par le Dr Boudiaf, qui a abordé les urgences chirurgicales néonatales suite à des malformations comme l’atrésie de l’œsophage, cardio-vasculaires, digestives, urogénitales ou anorectales. Il avertira sur le diagnostic dans la salle des naissances pour dépister à temps les éventuelles malformations pour intervenir rapidement. 
 

L’ultime communication a été donnée par la Dr Braneci qui a parlé de l’accouchement en milieu rural et les contraintes que pourrait subir une parturiente dans cette étape stressante, notamment la saturation des structures qui peuvent être inappropriées, les transferts anarchiques, ou encore le temps et le moyen de transport, d’où une meilleure accessibilité aux maternités.

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