Des procureurs japonais ont annoncé hier des poursuites judiciaires contre la plus grande agence publicitaire du pays, Dentsu, et cinq autres entreprises soupçonnées de pratiques anticoncurrentielles dans le cadre de l’organisation des JO de Tokyo 2020, au cœur d’une série de scandales. Ce nouveau développement fait suite à l’arrestation, au début du mois, d’un haut responsable du comité d’organisation des jeux et de trois autres personnes accusés d’avoir truqué des appels d’offres liés à l’événement. Le président de Dentsu, Hiroshi Igarashi, aurait déjà admis les faits devant les procureurs, selon les médias locaux. Les agences publicitaires Hakuhodo et Tokyu Agency sont également poursuivies, ainsi que les entreprises Same Two, Cerespo et Fuji Creative Corp, actives dans le secteur de l’événementiel, et sept personnes dont les affiliations n’ont pas été précisées. Ces entreprises et individus «se sont entendus pour restreindre leurs activités commerciales concernant l’attribution de contrats» pour des épreuves-test des JO, selon un communiqué des procureurs de Tokyo consulté par l’AFP.
Leurs actions «allaient à l’encontre de l’intérêt public et limitaient effectivement la concurrence», ajoute le communiqué. Dentsu a déclaré hier prendre «la situation très au sérieux. Nous nous excusons sincèrement pour les problèmes posés» par le scandale, a écrit l’agence dans un communiqué. Dentsu a précisé avoir mis en place un comité externe d’experts pour examiner les faits et demandé à cinq responsables et anciens responsables de restituer une partie de leurs salaires. Les procureurs ont également arrêté ce mois-ci un autre responsable de l’organisation des Jeux de Tokyo, Yasuo Mori, ainsi que trois hommes d’affaires soupçonnés ensemble d’avoir truqué des appels d’offres liés aux JO pour un montant total de 40 milliards de yens (277 millions d’euros) pour l’organisation d’événements des JO, ont rapporté des médias locaux. Les procureurs enquêtent par ailleurs sur des soupçons de corruption autour des JO de Tokyo, dont un autre ancien responsable (et ex-cadre chez Dentsu), Haruyuki Takahashi, est accusé d’avoir reçu l’équivalent de plusieurs centaines de milliers d’euros de pots-de-vin. Ce vaste scandale a terni la candidature de la ville de Sapporo (nord) pour les Jeux olympiques d’hiver de 2030. Si elles étaient avérées, «ces irrégularités seraient vraiment regrettables et nuiraient grandement aux valeurs du sport», a commenté hier le porte-parole du gouvernement nippon, Hirokazu Matsuno. Des soupçons de corruption flottent par ailleurs de longue date sur les conditions d’attribution de Tokyo-2020, des JO qui ont finalement eu lieu en 2021 en raison de la pandémie Covid-19.