L’Iran a «fermement condamné» hier le rapport publié la veille d’experts mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur les manifestations de 2022, en dénonçant «l’iranophobie» de pays occidentaux, selon l’AFP citant la diplomatie iranienne.
Ce rapport est basé sur des «affirmations sans fondement» et «des informations fausses et biaisées, sans base légale», a réagi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un communiqué. Les experts internationaux ont estimé que la répression en Iran des manifestations pour l’essentiel pacifiques de la fin 2022 et «la discrimination institutionnalisée» envers les femmes et les filles ont mené à «des crimes contre l’humanité».
Le Conseil des droits de l’homme a mandaté cette enquête d’experts (à laquelle les autorités iraniennes ont refusé de participer) à la suite des gigantesques manifestations qui ont secoué l’Iran à partir de septembre 2022 et la mort de Mahsa Amini, une femme de 22 ans arrêtée par la police des mœurs pour «infraction au code vestimentaire de la République islamique» qui oblige notamment les femmes à porter le voile en public. Selon N. Kanani, «non seulement le comité d’experts n’a pas établi la vérité, mais il a aussi délibérément déformé les faits». Le rapport «a été préparé par le régime sioniste, les Etats-Unis et certains pays occidentaux», qui «poursuivent un projet d’iranophobie et de diffamation de l’Iran».
Ces pays «sont en colère contre l’échec de leurs interventions lors des émeutes», a-t-il ajouté. Il a par ailleurs indiqué que la commission spéciale chargée par le président Ebrahim Raïssi d’enquêter sur les troubles de 2022 a «envoyé son rapport final au Président ces derniers jours», sans dévoiler publiquement ses conclusions. Les autorités affirment que les «émeutes» ont été fomentées par les «ennemis» de la République islamique, notamment les Etats-Unis. Les experts de l’ONU évaluent à «pas moins de 551» le nombre de manifestants tués «par les forces de sécurité», qui ont «fait un usage inutile et disproportionné de la force».
Par ailleurs, l’Iran a condamné hier comme une violation de la liberté d’expression le blocage des comptes du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, sur les plateformes Facebook et Instagram. Le géant des réseaux sociaux Meta avait confirmé en février avoir banni le guide suprême iranien de Facebook et Instagram pour avoir «violé à plusieurs reprises» son règlement sur les «organisations et individus dangereux». Bloquer ces comptes «n’est pas seulement une violation de la liberté d’expression», mais aussi «une insulte aux millions de personnes qui suivent les positions» du guide suprême, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, dans un message adressé au site d’information Middle East Eye et publié samedi par le ministère.
Le guide suprême, au pouvoir depuis près de 35 ans, a cinq millions d’abonnés sur Instagram. L’ayatollah Khamenei «est le plus éminent partisan du peuple opprimé de Palestine, et l’empire de la Silicon Valley ne peut empêcher cette voix d’atteindre l’opinion publique mondiale», a déclaré H. Amir-Abdollahian. Instagram et Facebook sont parmi les applications les plus utilisées en Iran, bien que les deux soient bloquées. Malgré l’interdiction imposée par le gouvernement, les dirigeants iraniens ont des comptes sur les réseaux sociaux, notamment X (ex-Twitter). Les internautes accèdent à ces plateformes en utilisant des VPN (réseaux virtuels privés) qui permettent de contourner la censure.