Brandissant des drapeaux du Kurdistan d’Irak, des milliers de personnes ont manifesté hier dans une ville de la région autonome contre des salaires impayés attendus par les fonctionnaires, fustigeant la responsabilité du gouvernement fédéral de Baghdad, rapporte l’AFP.
Cette mobilisation, dans un Kurdistan d’Irak où les autorités locales sont accusées par des militants de réprimer toute dissidence, intervient sur fond de vives tensions. Samedi, des manifestations meurtrières ont eu lieu dans la ville multiethnique de Kirkouk (nord), que se disputent le Kurdistan d’Irak et Baghdad.
«Le Kurdistan ne reculera pas face aux pratiques politiques hostiles des autorités irakiennes», est indiqué sur une bannière lors de cette manifestation à Dohouk, troisième ville de la région autonome du nord de l’Irak. Malgré des relations en dents de scie, le gouvernement de Mohamed Chia Al Soudani a réussi à réchauffer les relations entre Baghdad et Erbil, capitale du Kurdistan autonome.
De longue date, le Kurdistan d’Irak accuse Baghdad de ne pas envoyer les fonds nécessaires au paiement des fonctionnaires. Naguère, la région disposait, grâce à ses exportations pétrolières, de financements indépendants pour payer partiellement les salaires, mais depuis fin mars elle est privée de cette ressource en raison d’un litige avec la Turquie et Baghdad.
En principe, le Kurdistan d’Irak et Baghdad se sont accordés pour que les ventes de pétrole kurde passent désormais par les autorités fédérales. En échange de quoi 12,6% du budget fédéral sont alloués au Kurdistan d’Irak.
Si le gouvernement a débloqué dimanche une enveloppe de 500 milliards de dinars (environ 380 millions dollars) pour les salaires de la région, il faudrait pratiquement le double chaque mois, selon Erbil.Les tensions se sont accentuées avec les violences survenues à Kirkouk. Des manifestations rivales ont dégénéré samedi soir en affrontements meurtriers, malgré la présence des forces de l’ordre.