Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a critiqué hier la Hongrie pour son blocage de la ratification de l’adhésion de la Suède à l’Otan, qualifiant ce retard d’«inacceptable», Budapest étant le dernier pays de l’Alliance atlantique à devoir ratifier.
«Il est inacceptable, et pas seulement de mon point de vue, qu’un pays puisse bloquer l’autre, surtout dans le contexte de la guerre avec la Russie en Ukraine», a déclaré D. Tusk lors d’une conférence de presse commune avec son homologue suédois, Ulf Kristersson, à Varsovie.
Budapest, qui a accordé son soutien de principe mais traîne des pieds depuis des mois, appelle Stockholm à cesser sa politique de «dénigrement» à l’égard du gouvernement hongrois, accusé de dérive autoritaire. Toutefois samedi, le Premier ministre, Viktor Orban, a assuré que le Parlement hongrois est «en bonne voie» de ratifier ce mois-ci l’adhésion de la Suède à l’Otan.
«La bonne nouvelle est que notre dispute actuelle avec la Suède s’achemine vers une conclusion», a déclaré V. Orban dans une allocution sur l’état de la nation. Interrogé sur ces remarques, U. Kristersson a déclaré hier ne pas savoir «précisément» ce que le Premier ministre hongrois voulait dire, indiquant seulement avoir eu «quelques conversations ces dernières semaines» avec son homologue hongrois. «Je pense simplement qu’il y a une forte volonté de finaliser ce processus d’adhésion à l’Otan», a-t-il dit.
Les autorités suédoises ont refusé à plusieurs reprises d’entamer des négociations avec la Hongrie sur la ratification, bien que V. Orban ait invité son homologue suédois à «négocier» l’adhésion de la Suède. Après l’offensive russe en Ukraine, la Suède a annoncé en mai 2022 sa candidature à l’Otan, en même temps que la Finlande, devenue en avril 2023 le 31e membre de cette organisation après que tous ses membres eurent ratifié son adhésion.
L’autre front
Du reste, le ministre ukrainien des Infrastructures, Oleksandre Koubrakov, a qualifié hier de «menace pour la sécurité» de l’Ukraine le blocage par des agriculteurs polonais de la frontière entre les deux pays. «Le blocage de la frontière constitue une menace directe pour la sécurité d’un pays défenseur. De telles actions ont un impact négatif sur notre confrontation avec l’ennemi commun appelé Russie», a dénoncé O. Koubrakov sur Facebook. Selon le ministère, six points de contrôle sont actuellement bloqués du côté polonais de la frontière. «La situation la plus critique se situe au point de contrôle Iagodyn-Dorohusk, où le trafic des camions s’est complètement arrêté. Les marchandises humanitaires, périssables et le carburant», sont bloquées, a précisé le vice-ministre des Infrastructures, Serguiï Derkatch.
Selon Michal Derus, porte-parole de la Chambre de l’administration fiscale de Lublin (est de la Pologne), «environ 600 camions attendent actuellement de quitter la Pologne» au poste-frontière de Dorohusk, et le «temps d’attente estimé pour que ce nombre de camions parte est d’environ 232 heures», a-t-il affirmé. «Aucun camion n’est entré en Pologne (en provenance d’Ukraine). Il faut donc supposer qu’il s’agit d’un blocus total», a-t-il précisé.
Le ministère ukrainien des Infrastructures a aussi dénoncé le blocage des bus de passagers. «Les femmes et les enfants devenus réfugiés après avoir fui la guerre et qui reviennent chez eux pour diverses raisons ne peuvent pas devenir otages d’intérêts commerciaux», a déclaré Oleksandre Koubrakov. «Nous attendons des actions concrètes de nos collègues polonais pour éviter de telles situations et résoudre le problème en général», a-t-il ajouté.
Depuis novembre dernier, les agriculteurs polonais bloquent régulièrement plusieurs points de passage de la frontière avec l’Ukraine pour protester contre la concurrence de leur voisin. La Pologne compte parmi les plus grands soutiens de l’Ukraine depuis l’offensive russe contre ce pays, mais les frictions liées à l’interdiction unilatérale des importations de céréales par Varsovie ont entamé les relations entre les alliés.
Ces derniers jours, les autorités à Varsovie ont évoqué la possibilité d’imposer de nouvelles interdictions d’importation de produits agricoles ukrainiens pour protéger ses agriculteurs. Les sanctions contre Moscou ne donnent pas les résultats escomptés.