Pour la troisième année consécutive, la moyenne de réussite au baccalauréat a été revue à la baisse. Argumentée par l’impact de la pandémie sur la scolarité des élèves, cette décision plonge les nouveaux bacheliers et leurs parents dans un tunnel sans fin à la recherche de la bonne spécialité universitaire.
En effet, alors qu’ils étaient préparés à avoir un 10 à l’examen du baccalauréat, les candidats ont été surpris, samedi, de voir la moyenne de réussite rabaissée à 9,5 sur 20. Après une vague de joie, place aux doutes et surtout la recherche infinie de la bonne spécialité. «Mon fils a eu son bac scientifique avec 12. Une moyenne passable mais qui ne lui permet pratiquement pas de faire ce qu’il veut. Il espérait faire architecture. Impossible.
Ses notes ne sont pas assez bonnes», s’exclame Abdelkader, qui souligne que son fils compte refaire son baccalauréat l’année prochaine ou carrément intégrer un des corps constitués, la gendarmerie surtout. Si la galère du choix des spécialités est intense pour les fortes moyennes, elle l’est doublement pour ceux qui ont eu un 10 et un 9,5/20. Quel avenir réellement pour ces nouveaux bacheliers ?
Les partenaires sociaux de Abdelhakim Belabed, ministre de l’Education nationale, ne mâchent pas leurs mots. «Si les excellents élèves au lycée trouvent du mal à s’adapter à l’université et terminent en rattrapage, voire avec un redoublement, quel sera le sort de ces nouveaux bacheliers qui ont eu un cursus scolaire en secondaire très perturbé et un programme inachevé durant les trois années ? De plus, avec la moyenne calculée et majorée, les chances d’accès à une spécialité de choix seraient impossibles. Ils finiront en candidats libres dans la prochaine session ou en recalés de l’université au bout de la 1re année», déclare-t-il avant d’appuyer son constat avec ce qui se passe avec les étudiants de l’Ecole nationale supérieure de mathématiques, «où 94 d’entre eux n’ont pas réussi à accéder à la 2e année universitaire, même s’ils sont les plus brillants de la République.
Le populisme n’a jamais été au service d’une nation, encore moins quand il est appliqué dans un secteur sensé être de savoir et de connaissances. Elle est le témoignage de l’échec de tout le système scolaire», ajoute-t-il. Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), avait proposé de mettre en place un programme de rattrapage pour ces nouveaux bacheliers, notamment ceux avec une moyenne de 10 et 9,5. Une solution qui aurait pu être rajoutée à celle du rachat.
Justement, Meziane Meriane, pédagogue et ancien syndicaliste, revient sur cette révision à la baisse et surtout son impact sur le long et le moyen termes sur le bachelier et le pays. «On aurait dû racheter les élèves au lieu de faire un bac au rabais. Il était possible de recenser les élèves qui ont entre 9,5 et 9,99, étudier aux cas par cas avec des conditions de rachat bien définies. Comme avoir un 10 de moyenne dans les matières essentielles au bac ou 10 de moyenne pendant l’année scolaire ou 10 de moyenne dans les matières essentielles pendant l’année scolaire. Au lieu de faire tâche d’huile sur toute la réputation et la crédibilité d’un examen pareil, on aurait dû à la rigueur bonifier toutes les moyennes à partir de 9,5, les ramener à 10 sans que les élèves le sachent», souligne M. Meriane, qui insiste sur le fait que la pandémie, qui a touché tout le globe, ne justifie pas de telles actions.
Pour information, la procédure des inscriptions a commencé. Le portail d’orientation des nouveaux bacheliers pour l’édition 2022 a été ouvert, hier, permettant aux titulaires du baccalauréat de compléter le processus d’inscription à l’université. Après la phase d’information et orientation, ils pourront faire leur préinscription du 21 jusqu’au 24 juillet et les confirmer entre le 25 et 26 du même mois. Les listes des choix des spécialités doivent être remises entre le 27 juillet et le 3 août. Les résultats seront présentés le 3 août. Toutes les procédures d’inscription seront terminées le 3 septembre prochain.