Les autorités de l’est de la Libye ont annoncé, hier, le report à début novembre d’une conférence «internationale» pour la reconstruction de la ville de Derna dévastée par les inondations meurtrières du 10 septembre, rapporte l’AFP.
Accueillie avec scepticisme par la communauté internationale, la conférence, initialement prévue le 10 octobre, a été reportée au 1er et 2 novembre prochain, a annoncé le comité préparatoire dans un communiqué. Le comité a invoqué des raisons «logistiques», ajoutant vouloir «donner le temps nécessaire aux sociétés et bureaux d’études de préparer leurs projets».
Le report a été décidé à la demande des maires des communes sinistrées et des compagnies qui ont manifesté leur intérêt d’y participer, a précisé Saqr Al-Jibani, chef de ce comité. Pourtant non reconnu internationalement, l’exécutif basé dans l’est du pays a appelé, dans un premier temps, l’ensemble de la «communauté internationale» à participer à la conférence.
Il a revu, toutefois, ses ambitions à la baisse cette semaine, affirmant que la réunion sera «ouverte aux entreprises internationales et libyennes.» Les Etats-Unis semblent avoir choisi déjà de bouder le rendez-vous, estimant, vendredi, que la «proposition» d’organiser une conférence sur la reconstruction (...) le 10 octobre serait beaucoup plus efficace si elle était menée conjointement et «de manière inclusive», selon un communiqué de l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye, Richard Norland. «Une telle coordination est essentielle pour garantir que les victimes des inondations reçoivent le soutien dont elles ont besoin», a-t-il observé, ajoutant que son pays «continuera à travailler avec les responsables libyens dans tout le pays et avec les Nations unies pour appuyer un programme de reconstruction dans lequel les Libyens auront confiance». Il a également appelé les autorités libyennes à «mettre en place, sans tarder, des structures unifiées qui représentent le peuple libyen, plutôt que de lancer des initiatives séparées».
Craintes de corruption
Le pays est gouverné par deux exécutifs rivaux: l’un à Tripoli (ouest), dirigé par Abdelhamid Dbeibah et reconnu par l’ONU, l’autre dans l’est, incarné par le Parlement et affilié au camp du maréchal Khalifa Haftar. Le gouvernement de l’est de la Libye a multiplié les annonces sur le financement de la reconstruction de Derna et le dédommagement des sinistrés, suscitant des craintes de corruption et de mauvaise gestion des fonds. Il a ainsi indiqué, vendredi, qu’il commencerait, dans les prochains jours, à indemniser les habitants touchés par les inondations provoquées par la tempête Daniel, distribuant des chèques aux maires des communes sinistrées, photos à l’appui.
Il a annoncé aussi cette semaine la création d’un fonds pour reconstruire la ville de Derna, frappée de plein fouet par les inondations. Mais il n’a pas précisé comment ce fonds serait financé. Le Parlement, basé également à l’Est, a déjà alloué 10 milliards de dinars (1,9 milliard d’euros) aux projets de reconstruction. L’émissaire de l’ONU en Libye, Abdoulaye Bathily, a, de son côté, réclamé, jeudi à Bruxelles, un contrôle des fonds destinés à l’aide et la reconstruction, lors de consultations avec la Commission européenne. Les inondations, provoquées par la tempête Daniel et amplifiées par la rupture de deux barrages en amont de Derna ont fait 3893 morts, selon un dernier bilan provisoire du gouvernement de l’Est.