Industrie agroalimentaire : Le complexe de Corso renaît de ses cendres

17/08/2024 mis à jour: 15:22
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Photo : D. R.

Jeudi, des dizaines de camions  chargés de blé faisaient la chaîne pour y vider leurs bennes. Certains sont venus de Médéa, d’autres de Blida et de Bouira, les chauffeurs étaient tout contents d’apprendre que le complexe reprenait son activité d’antan.

Comme un phénix, le complexe agroalimentaire de Corso, dans la wilaya de Boumerdès, reprend vie après tant d’années de léthargie. Ce site stratégique pour la sécurité alimentaire du pays a redémarré officiellement ce jeudi à l’occasion de la visite du ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun.

«Ce complexe qui était à l’arrêt depuis le séisme de 2003 contribuera à accroître les capacité nationales de stockage des céréales et à renforcer la sécurité alimentaire du pays», a indiqué Ali Aoun lors de sa visite.

Réalisé en 1978 sur une superficie de 28 ha, ce complexe du groupe Agrodiv est l’un des plus grands  d’Afrique. Il abrite 36 silos (9 ont été démolis)  d’une capacité de stockage d’un million de quintaux.

On y trouve aussi une minoterie pouvant produire  400 t/j de farine, une grande semoulerie, une boulangerie industrielle d’une capacité de production de 150 000 baguettes/j, un carport, plusieurs hangars, des ateliers annexes, des bâtiments administratifs, un centre médico-social, ainsi que des structures communes pour les employés.

Durement touchés par le séisme de 2003, la réhabilitation des silos n’était pas une mince affaire surtout lorsqu’on sait que ces mastodontes de 70 m de hauteur sont construits en béton armé.

M. Aoun s’est félicité du fait que cette mission ait été accomplie dans un délai record par des compétences et des entreprises exclusivement algériennes (lire l’encadré).

Le ministre a précisé que la relance du complexe permettra de créer une moyenne de 500 à 600 emplois, soulignant la nécessité d’«accorder la priorité en matière d’embauche aux habitants de la région et à ceux ayant déjà activé dans cette unité et acquis une expérience en son sein». Avant sa fermeture suite au séisme, le site employait plus de 800 personnes, en sus de centaines d’emplois indirects.

«Il était la fierté de toute la région. Toutes les écoles, les casernes et autres institutions étaient approvisionnées en pain à partir de la boulangerie du complexe. Les agriculteurs venaient de partout pour y stocker leurs récoltes de céréales et les commerçants venaient acheter les pâtes, la  semoule ou la farine», rappelle un élu de l’APC de Corso.

Un site stratégique

Jeudi, des dizaines de camions  chargés de blé faisaient la chaîne pour y vider leurs bennes. Certains sont venus de Médéa, d’autres de Blida et de Bouira, les chauffeurs étaient tout contents d’apprendre que le complexe reprenait son activité d’antan. «Vous savez que la situation est difficile.

Il faut que d’ici  la fin de l’année, on puisse avoir une autonomie confortable en matière de stockage de céréales», a déclaré Ali Aoun. Pour renforcer sa sécurité alimentaire, l’Algérie ambitionne de porter ses capacité de stockage à 9 millions d’ici 2025.

En juillet dernier, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural a fait état d’un programme de réalisation de 30 silos à travers le pays, précisant que ces projets ont été lancés au titre du plan national de développement des cultures stratégiques. Il est utile de rappeler que le complexe de Corso avait été au centre d’un grand scandale en 2019 suite à sa cession par le CPE au profit du groupe Amar Benamor.

Comme tout le monde le sait, cette opération, conclue après le 3e mandat de Bouteflika, dans le cadre du partenariat public-privé, a viré  au fiasco. Le groupe Benamor n’y a injecté aucun centime, alors qu’il devait investir 8,8 milliards de dinars. Pis encore, il avait bénéficié alors d’un crédit non remboursé de (1134 millions de dinars) et a bradé plusieurs équipements du complexe.

Mais cet ancien oligarque et ses complices ont fini heureusement par être rattrapés par la justice qui les a condamnés à de lourdes peines de prison en sus de la saisie de leurs biens. Lors de sa visite, Ali Aoun a parlé «de voleurs et de pseudos-investisseurs», préférant néanmoins ne pas revenir sur le passé du complexe.

«Aujourd’hui, je tiens à remercie le Pr Chelghoum pour son travail et je rappelle que la campagne de récupération des usines réalisées par le détournement des fonds de l’Etat a été entamée il y a quatre ans», a-t-il indiqué.

Le ministre a précisé que «le groupe Agrodiv a récupéré 9 unités dont 3 d’entre elles en 2021», citant le complexe de Corso, l’usine des Kouninef à Jijel et la raffinerie de sucre des frères Mazouz à Larbatache.

«Ce n’est pas une campagne comme le pensent certains. L’opération a été entamée il y a quatre ans. Pas plus loin que la semaine dernière, le Conseil des participations de l’Etat a récupéré 20 entreprises et nous allons continuer jusqu’à la récupération de tous les biens qui ont été volés par les pseudos-investisseurs», a-t-il conclu.  
 

 

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