Quatre pays européens et les Etats-Unis se sont élevés hier contre le projet israélien de légaliser neuf colonies en Cisjordanie occupée et de procéder à la construction de nouveaux logements dans les colonies déjà existantes. Ils se sont opposés fermement à ces nouvelles installations qui vont à contresens du droit international. Dans une déclaration commune, Washington, Paris, Berlin, Rome et Londres se sont déclarés, par le truchement de leurs ministres des Affaires étrangères respectifs, fermement opposés à ces intentions qui ne font qu'accroître les tensions entre Israéliens et Palestiniens et qui «nuisent aux efforts visant à parvenir à la solution négociée de deux Etats». En vérité, le cabinet israélien a présenté ces projets comme étant des mesures de rétorsion après les attaques de jeunes Palestiniens qui ont fait trois morts à Jérusalem-Est. Les neuf colonies projetées étaient jusque-là soi-disant illégales, car n’ayant pas reçu l’aval, au regard du droit israélien, du gouvernement. Pour l’ONU, toute entreprise de colonisation en Cisjordanie est illégale au regard du droit international. Les cinq pays signataires «profondément préoccupés» par cette annonce rappellent dans leur communiqué «qu’une paix globale, juste et durable au Proche-Orient doit être obtenue par des négociations directes entre les parties» et de se lancer dans une profession de foi qui n’a jamais eu d’application réelle sur le terrain. Bien que le communiqué précise que ces Etats continueront à «suivre de près l’évolution sur le terrain portant atteinte à la viabilité de la solution à deux Etats et à la stabilité de la région dans son ensemble». Près de trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie et voient, au fil des expropriations qui leur sont imposées, leur territoire se rétrécir au point d’avoir perdu, depuis 1967, la moitié de sa superficie au profit des colons et des casernements militaires. Cette déclaration vient trouver donc une population palestinienne désabusée et qui ne croit plus en des déclarations d’intention occidentales qui restent sans lendemain. Israël a de tout temps agi impunément en terrain conquis au su et au vu de la communauté internationale. Car au bout de 55 ans d’occupation, rien n’a été fait pour endiguer cette invasion. Au contraire, le silence des principales capitales du monde, et particulièrement les Etats-Unis, a encouragé l’entité sioniste à étendre sa mainmise territoriale et confiner les Palestiniens dans des poches réduites d’où ils ne peuvent se mouvoir sur le reste de la Cisjordanie.
transfert de colons depuis 1967
On dénombre près de 130 colonies israéliennes et plus de 100 avant-postes militaires ainsi que des casernements fortifiés. Depuis donc 1967, la colonisation de ces Territoires palestiniens occupés militairement a été rampante et graduelle jusqu’à atteindre aujourd’hui près de 700 000 colons contre une population palestinienne estimée à près de trois millions. Les colonies en tant que telles ne sont rendues importantes que par les routes réservées à l’usage exclusif des Israéliens, les bases militaires, les zones tampons ainsi que la surface contenue de part et d'autres du mur de séparation (dit de sécurité) inaccessibles aux Palestiniens. Additionnées, toutes ces occupations s’étalent sur 50% de la superficie de la Cisjordanie d’avant 1967. Tous les gouvernements israéliens qui se sont succédé depuis cette date, quelles que soient leurs couleurs politiques, ont travaillé activement à l’expansion et à la multiplication des colonies dans les Territoires palestiniens occupés. Face à la densité croissante de celles-ci, les colonies représentent aujourd’hui un obstacle majeur à la création de deux Etats israélo-palestiniens et leur démantèlement devient au fil du temps extrêmement problématique. C’est le but qu’ont toujours poursuivi les gouvernements sionistes, celui de bloquer tout processus de paix et maintenir le statu quo au désavantage des Palestiniens maintenus sous occupation constante. Les difficultés nées de ces occupations sont complexes et travaillent à terme pour l’annexion totale de la Cisjordanie. D’abord parce qu'une catégorie d'extrémistes religieux sont attirés par ces installations pour assouvir leurs croyances «bibliques» radicales, selon lesquelles toute la région comprise entre le Jourdain et la Samarie appartiendrait en exclusivité au peuple juif. Ces colons n’hésitent pas à recourir à des violences contre les populations palestiniennes. L’installation de fait de ces Israéliens déplacés par le gouvernement en Cisjordanie et sous la surveillance de l’armée s’est également accomplie pour des raisons stratégiques. Au regard du droit international, cette occupation est illégale, mais le gouvernement israélien signataire de la quatrième Convention de Genève n’hésite aucunement à fouler aux pieds celle-ci. Idem pour le Statut de Rome qui définit le transfert de population d’une puissance occupante vers le territoire occupé comme un crime de guerre. De ce fait, Israël est passible du Tribunal pénal international (TPI) dont les règles sont précisément énoncées par le Statut de Rome et fait encourir des accusations réprimées par la CPI, comme un «crime de guerre». Avant cela, en 2004, la Cour internationale de justice a statué sur un tel méfait sioniste, stipulant qu’il était contraire au droit international. Plus loin dans le temps, en 1980, la résolution 465 du Conseil de sécurité de l’ONU précisant que toutes dispositions prises par Israël pour la construction des colonies contrevient directement au droit international, dont la quatrième Convention de Genève, qui en précise les atteintes criminelles. Israël a toujours vécu dans l’impunité et au mépris du droit international. Cela s'arrêtera-t-il un jour ?