Un programme supplémentaire pour les vols internationaux, qui devait entrer en vigueur à partir du 27 mars 2022, a été annoncé avant d’être aussitôt supprimé de la page Facebook du ministère des Transports sans la moindre explication. Il comportait principalement l’ajout de 19 vols par semaine sur la ligne la plus rentable de la compagnie nationale Air Algérie, Alger-Paris-Alger, et deux vols par semaine supplémentaires sur la ligne Alger-Marseille. Il prévoyait également 3 vols hebdomadaires sur la ligne Alger-Istanbul, deux vols sur la ligne Alger-Milan et la desserte Alger-Londres, outre le renforcement d’Alger-Genève.
Ce programme a été largement diffusé et partagé sur les réseaux sociaux, surtout de la part des Algériens résidant à l’étranger qui croyaient voir le bout du tunnel. Mais coup de tonnerre, à peine une heure et demi plus tard, il disparaît de la page Facebook du ministère et de celle d’Air Algérie.
De nouveau, la communauté algérienne installée à l’étranger se retrouve désorientée, sans repères et dans le flou total. Des interrogations sont de plus en plus formulées : que se passe-t-il réellement au niveau du ministère des Transports d’autant plus que c’est la seconde fois que ce genre d’événement se produit ? Le 9 mars, il a annoncé un programme supplémentaire de 108 vols d’Air Algérie, devant entrer en vigueur le 15 du mois. Il a été aussi annulé sans présenter le moindre motif, ne serait-ce que pour tenter de soigner les apparences et sauver la face.
Le ministre du secteur, Aïssa Bekkai, a été limogé et l’annonce a été faite par un laconique communiqué de la présidence de la République. Ce genre d’affaire discrédite tout un gouvernement et envoie un mauvais signal à l’international.
Pourtant, les rédacteurs des deux communiqués retirés ont certainement pris toutes les précautions d’usage jusqu’à mentionner que le nouveau programme est publié «en application de la décision du président de la République, monsieur Abdelmadjid Tebboune».
En plus, ce genre de communiqué très sensible et qui risque d’avoir des impacts politiques traverse en règle générale plusieurs étapes avant d’être validé puis autorisé à la diffusion. Alors comment se fait-il que deux communiqués sur le renforcement des vols soient annulés et retirés durant le même mois ? Y a-t-il des divergences profondes sur ce sujet, ou du moins sur l’opportunité de faire de pareilles annonces ? Fallait-il peut-être attendre la nomination officielle du nouveau ministre, Abdallah Moundji, à qui devait incomber la lourde responsabilité de faire une pareille déclaration ?
Au-delà de toute polémique, l’ouverture du ciel est devenue plus qu’une nécessité qui répond à la forte demande exprimée ces derniers mois en termes de transport aérien. Elle aura comme effet immédiat la diminution du prix des billets après avoir connu des hausses conséquentes.
Le PDG par intérim d’Air Algérie, Amine Debaghine Mesroua, lors de son audition par l’Assemblée nationale populaire (APN), avait opté pour une hausse graduelle des vols. «Je préfère une ouverture graduelle : 40, 50, 60%… il ne s’agit pas de raisons économiques. Il faut savoir que cela fait deux ans qu’on n’a pas travaillé. Même avec tout l’entretien, un avion reste un appareil et des problèmes ne sont pas à exclure», avait-il soutenu.
Air Algérie a besoin de plus de liaisons aériennes pour être plus à l’aise financièrement. Selon un exposé présenté à la commission des transports et des télécommunications de l’APN par une cadre de la compagnie aérienne Air Algérie, la situation financière est «en chute libre».
Il explique que la compagnie a subi une multitude de facteurs fragilisant sa santé financière, à l’instar des dettes courantes, des dépenses incompressibles cumulées au titre des années 2020 et 2021 (maintenance des appareils, redevances de stationnement, salaires, kérosène), des reliquats de compensation, des créances sur les organismes d’Etat et un déficit exceptionnel lié à la crise sanitaire. Mais il faut être clair, la question des frontières est du ressort des autorités du pays au plus haut niveau. C’est d’ailleurs ce que répètent les membres du comité scientifique quand on leur pose la question sur la réouverture des frontières.
Force est de constater que la situation sanitaire en Algérie est favorable pour un éventuel retour à la normale. Une situation sanitaire que les autorités elles-mêmes qualifient de «maîtrisée» et des chiffres de contamination «toujours en baisse».
Malgré cela, le volume des vols est encore très restreint et ne répond pas aux besoins exprimés par la diaspora algérienne. En absence de visibilité, aucun programme de la saison estivale ne pourra être annoncé.
Même les agences de voyages et de tourisme ne peuvent réellement lancer leurs produits et circuits surtout vers l’étranger, étant largement tributaires des offres des compagnies aériennes en termes de sièges disponibles et de tarification. Du coup, «le voyage redevient un luxe», selon les propos de nombreuses agences de tourisme rencontrées lors du Salon Siaha Oran. L’augmentation des tarifs obéit au principe de l’offre et de la demande.
L’ouverture des frontières est une tendance de plus en plus ressentie au niveau international et l’Algérie ne peut maintenir ses frontières fermées indéfiniment ou partiellement ouvertes. Dans ce contexte, l’Association du transport aérien international (IATA) a salué l’élan croissant vers la réouverture des frontières et l’assouplissement des restrictions de voyage, alors que «la Covid-19 entre dans une phase endémique». «Les assouplissements ouvrent la voie au rétablissement de la liberté de voyager», explique Willie Walsh, directeur général de l’IATA.