La majorité des victimes, soit 85%, se sont adressées, précise le rapport, au service de médecine légales et plus de la moitié d’entre elles ont consulté un médecin pendant le deuxième semestre, soit de juillet à décembre.
Deux mille vingt-quatre (2042) femmes victimes de violences ont été déclarées dans les hôpitaux étudiés dans 5 wilayas du pays, du 1er janvier au 31 décembre 2021. 23% d’entre elles sont victimes de violence pour la première fois», c’est ce qu’indique le rapport sur le système de collecte des données relatives aux femmes victimes de violence, publié par l’Institut national de santé publique (INSP), précisant que les agressions physiques ont représenté la majorité des violences déclarées, soit 89%, suivies des agressions psychologiques avec 11% et enfin, les agressions sexuelles avec 7%.
Ce rapport est en réalité une étude basée sur un système de notification d’informations relatives aux femmes victimes de violence et a principalement ciblé les services de médecine légale, de gynécologie et des urgences des hôpitaux de 5 wilayas, à savoir Oran, Alger, Blida, Médéa et El Oued et cela durant la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2021. L’étude a notamment indiqué que 1327 déclarations de violences faites aux femmes ont été enregistrées dans les hôpitaux de la wilaya d’Oran, soit près des deux tiers (65%).
La wilaya d’Alger arrive en seconde position avec 236 déclarations, soit 12%, tandis que Blida occupe la troisième place avec 332 déclarations, soit 16%. En ce qui concerne les déclarations au niveau de la wilaya d’El Oued, elles étaient au nombre de 147, soit 7%. L’étude indique par ailleurs qu’il n'y a eu aucune déclaration de violence à Médéa entre le 1er janvier et le 31 décembre 2021. A noter que l’agression s’est déroulée, dans 34% des cas, le soir, de 17h à minuit et, de manière générale (73 % des cas), le domicile est le principal lieu d’agression, sachant que l’agresseur était, principalement (75%), de sexe masculin.
«64% des agresseurs se trouvaient sans emploi et 20% étaient des fonctionnaires», ajoute le rapport. Sachant que les agresseurs les plus souvent cités sont, par ordre décroissant, respectivement le mari (38%), un inconnu (8%), les voisins (8%). «Si l’on regroupe les modalités, dans la majorité des cas, il s’agit d’une personne connue de la victime, vivant dans son entourage immédiat (60%). Moins du dixième des victimes ont été agressées par des inconnus (8%)», expliquent les auteurs du rapport.
La majorité des victimes, soit 85%, se sont adressées, précise le rapport, au service de médecine légale et plus de la moitié d’entre elles ont consulté un médecin pendant le deuxième semestre, soit de juillet à décembre. Le rapport indique également que plus des 2/3 des femmes agressées, soit 64%, ont consulté toutes seules et le reste des femmes sont accompagnées par un membre de la famille (34%).
L’étude a aussi révélé que deux femmes agressées sur trois, soit 63%, étaient mariées, et un quart de ces femmes agressées, soit 20%, avaient fait des études secondaires, 30% avec un niveau moyen (collège), tandis que 5% étaient sans instruction.
La femme au foyer représente, quant à elle, les 2/3 des femmes agressées, soit une fréquence de 65%, tandis que la femme travailleuse représente quelque 15% des femmes agressées. En ce qui concerne l’âge des victimes, l’étude a révélé que les victimes sont des femmes relativement jeunes, dont l’âge moyen est de 35 ans.
«La prise en charge des victimes, quant à elle, paraît insuffisante, car peu de victimes (11%) ont bénéficié d’une prise en charge psychologique. Alors que la violence engendre des conséquences graves de type psychologique chez la femme agressée», déplore le rapport. Néanmoins, 72% des femmes agressées ont tout de même bénéficié d’une prise en charge médicale.
Le rapport affirme, par ailleurs, que l’établissement du certificat médical constitue une pièce essentielle lors du dépôt de plainte, qui permet au magistrat de mesurer l’importance des dommages subis, la gravité des agressions et de décider des poursuites judiciaires à la lumière des faits établis.
«Mais dans 36% des cas, ce certificat médical n’a pas été délivré à la victime», révèle l’étude. De ce fait, les auteurs du rapport recommandent d’élargir le champ de déclaration et du suivi des femmes victimes de violence aux différentes régions sanitaires afin de pouvoir calculer et comparer le taux de prévalence de ces violences. L’étude appelle aussi le personnel de santé de signaler les principaux signes cliniques et surtout d’encourager le dépistage, les soins, l’accompagnement et l’orientation des femmes victimes de violence.
«Une bonne estimation des tendances démographiques de la population à risque est également nécessaire», suggère le rapport, appelant au passage à coordonner les ressources humaines et matérielles : gynécologues, ophtalmologues, médecins légistes, orthopédistes, psychologues, psychiatres, généralistes.
Par ailleurs, le rapport recommande la mise en place d’une action globale au niveau du secteur de la santé contre les diverses conséquences de la violence à l’égard des femmes, et cela en mettant en place, par exemple, des procédures et des protocoles officiels d’orientation-recours. Etant donné que cette étude n’a ciblé que 5 wilayas du pays, le rapport recommande de prévoir une enquête nationale sur les violences faites aux femmes.