Violence urbaine : La menace des bandes de quartiers

22/05/2023 mis à jour: 01:58
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Photo : D. R.

La multiplication d’actes de violence, d’agressions et de vols commis par des gangs a conduit le législateur à renforcer le dispositif juridique par une loi dédiée à la lutte contre les bandes de quartiers.

Un gang qui semait la terreur dans la circonscription de Bab El Oued a été démantelé au début du mois de mai par les services de la police. Huit individus ont été écroués et un lot impressionnant d’armes blanches et de quantités de drogue a été récupéré. En mars dernier, c’est dans la commune de Saoula, dans la banlieue sud d’Alger, qu’une bande de malfaiteurs a été mise hors d’état de nuire. Composé d’individus âgés entre 20 et 30 ans et dont certains sont des repris de justice, ce réseau criminel faisait dans le trafic de stupéfiants et le vol de magasins et habitations.

Les opérations de démantèlement comme celles-ci sont de plus en plus nombreuses, notamment dans les grands centres urbains où la criminalité a bondi ces dernières années. Comme fait illustratif de l’aggravation de la violence qui affecte plus particulièrement les villes, il y a l’attaque perpétrée le 9 mars dernier en plein jour contre la sûreté urbaine de Sidi Salem, dans la wilaya de Annaba. S’en prendre à un commissariat de police qui incarne la puissance publique, c’est franchir un nouveau cap dans la violence.

Car, on n’est plus dans le trouble à l’ordre public ou dans les batailles rangées entre bandes de quartiers mais carrément dans la défiance à l’égard du dépositaire de la force publique. La gravité de cette affaire, qui a mis en émoi les Algériens, est reflétée par la lourdeur des peines infligées aux auteurs de cet assaut digne d’un film hollywoodien. En condamnant à 15 ans de prison ferme 46 accusés impliqués dans cette affaire, la justice a voulu donner un châtiment exemplaire et démontrer qu’on ne joue pas avec l’autorité de l’Etat. Largement médiatisée, l’affaire de Sidi Salem renseigne sur l’ampleur de la violence urbaine qui n’épargne plus personne.

Défi sécuritaire

La multiplication d’actes de violence, d’agressions et de vols commis par des gangs a conduit le législateur à renforcer le dispositif juridique par une loi dédiée à la lutte contre les bandes de quartiers. En vertu de cette loi promulguée en 2021, une Commission nationale et des commissions de wilaya de prévention et de lutte contre ces bandes ont été installées. La Sûreté nationale a, pour sa part, fortement mobilisé sa brigade de répression du banditisme (BRB), qui multiplie les contrôles, notamment dans les points chauds des grandes villes du pays.

A cela s’ajoute l’effort permanent de l’ensemble des services de la police mais aussi de la Gendarmerie nationale. La lutte contre ce fléau, qui constitue une menace permanente à la sécurité des citoyens, est ainsi menée sans relâche. Les extensions rapides qu’ont connues les villes au cours de ces 20 dernières années, favorisant la concentration de la population dans des cités dépourvues d’équipements et d’espaces de loisirs, représentent un défi sécuritaire majeur.

La nouvelle ville Ali Mendjeli de Constantine en est un cas édifiant. Cette violence, qui secoue les centres urbains, est intimement liée au trafic de stupéfiants qui a atteint des seuils inquiétants : d’importantes saisies de psychotropes sont quotidiennement opérées à travers l’ensemble du territoire national. Le Service central de lutte contre le trafic illicite des stupéfiants (SCLTIS) a pu en une seule opération intercepter une grosse cargaison de 1,6 million de capsules de Prégabaline, un médicament analgésique dont l’usage comme drogue a atteint un niveau qui suscite de fortes inquiétudes des professionnels de la santé.

D’ailleurs, au début du mois de mai, le Pr Djamel Eddine Nibouche, chef de service de cardiologie au CHU Nafissa Hamoud (ex-Parnet), a tiré la sonnette d’alarme sur la consommation de plus en plus fréquente de substances hautement toxiques, qui provoquent des pathologies graves, voire même des morts subites chez des sujets jeunes. «Nous alertons sur le nombre important de décès causés par des intoxications liées à des surdoses de mélanges drogues à l’origine et composition inconnues, puisqu’elles sont issues de laboratoires clandestins implantés au niveau de certains pays frontaliers», avait-il averti.

Drogue et violence

Il est établi qu’il y a un lien entre la perpétration d’actes de violence et le trafic de substances psychoactives. Cette relation n’est pas forcément à rechercher dans les propriétés pharmacologiques de la substance consommée mais plutôt dans le besoin puissant et urgent à l’acquérir par tous les moyens. Le lien entre la violence urbaine et la drogue se trouve également dans la «dispute» des territoires par les réseaux de trafic.

En effet, les bandes criminelles qui se livrent à ce commerce illicite règlent souvent leurs différends par des procédés violents. Ces gangs qui se sont fortement développés ces dernières années cherchent à protéger leur «commerce» par des méthodes musclées, allant jusqu’à semer la terreur au sein de la population.

Pour faire face à ce fléau, il faut une bien plus large implication de tous les animateurs de la société civile. Même le chef d’état-major de l’ANP, le général d’armée Saïd Chanegriha, a interpellé récemment «l’ensemble des acteurs sur la scène nationale, parents, hommes de média, écoles et mosquées y compris, pour s’engager dans cette noble bataille, à travers, notamment, l’intensification des campagnes de sensibilisation envers les jeunes sur les dangers de la consommation de ces poisons».

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