Un mouvement de protestation a été observé par tous les médecins de l’hôpital de Timimoun suite à l’agression, à la violence et à l’injure contre un médecin de garde du service des urgences par l’agent de sécurité de l’établissement, selon la page Fecebook «Timimoun news» du 6 février. Le site a accompagné cette information par des images prises sur le lieu de la protestation.
Ce malheureux incident relance le débat sur les agressions, y compris verbales contre le personnel de santé qui se sont multipliées, notamment avec l’afflux de patients depuis l’apparition du coronavirus. Les praticiens de la santé qui exercent, faut-il le préciser, souvent dans des conditions difficiles (manque de structures d’accueil, de médicaments, de moyens humains et matériels). Les principaux motifs de violence sont liés «à la prise en charge des patients, suivie par le temps d’attente jugé excessif».
La prévention et la lutte contre les atteintes aux personnes et aux biens sont un enjeu capital pour les établissements de santé et de soins, tant ces atteintes affectent la sérénité des conditions de travail et, par ricochet, la mission de soin. L’ordonnance n° 20-01 du 30 juillet 2020 a modifié et complété l’ordonnance n° 66-156 du 8 juin 1966 portant code pénal.
Les articles du code pénal modifiés prévoient ainsi de nouvelles dispositions, notamment des peines d’emprisonnement allant de deux à vingt ans d’emprisonnement assorties d’amendes, ce qui assurera désormais une protection pénale de l’ensemble des personnels des établissements de santé publics et privés contre les agressions verbales et physiques.
«Depuis cette loi, il faut reconnaître que le phénomène a diminué et qu’elle a eu un impact positif sur le secteur d’une manière générale, mais c’est un problème qui devient récurrent. Il s’agit d’un phénomène social qui avait pris des dimensions qui commençaient à inquiéter. Les autorités ont fini par réagir. Beaucoup de plaintes ont été déposées mais il y a le risque de représailles dans certaines régions et quartiers chauds», constate Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), contacté hier par El Watan.
Selon lui, les agressions physiques proviennent généralement des accompagnateurs ou de jeunes sous l’emprise de l’alcool ou de drogues. Dans ce cas, les disputes peuvent dégénérer souvent en bagarres. La majorité des victimes sont des médecins femmes. «Cette situation nécessite une étude sociologique pour analyser ce phénomène en profondeur et connaître les racines du mal», précise Lyes Merabet.
Il ajoute : «Nous avons déjà proposé de recruter des agents d’accueil et d’orientation formés pour recevoir les gens, alors qu’on recrute jusque-là dans le tas avec une arrière-pensée sociale. Les agents de sécurité aiment travailler généralement la nuit pour faire une autre activité le jour. Ils travaillaient dans la précarité avec un salaire de 12 000 DA avant d’être engagés en tant que contractuels avec un salaire de SMIG.»