Le collectif « Les Timbrés » en partenariat avec l’Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturelle - AARC, et avec le soutien de Arab Fund for Arts and Culture - AFAC, organise une restitution des œuvres-timbres réalisées, par une exposition qui aura lieu du 26 au 30 juin 2022, au sein de la villa Abdellatif.
«Les Timbrés » est ce projet, articulé autour de cinq thèmes, qui a choisi de prendre ce temps et d’aller en quête de cette « mémoire collective » aux contours si flous et dont l’exploration empirique est des plus hasardeuses. Il s’est déroulé en trois grandes étapes : recherche documentaire et sur terrain par le recueil de récits ; organisation de résidences d’artistes et, enfin, exposition des timbres réalises en présence de tous les artistes et des personnes qui ont bien voulu tenter l’aventure avec les Timbrés.
Les membres du collectif ont opté pour les thèmes suivants : Cheikha Djenia et la musique populaire ; Villages socialistes et ce qu’il en reste ; Toponymie d’une ville sismique ; Nomades Vs Sédentaires : mémoires croisées ; et, Festival Racont’Arts : 4 rituels et 1 utopie. « M’tember » (publications artistiques, représentant le projet et chacun des thèmes), vient rendre compte, dans chacun de ses six numéros, de ce cheminement entre théorie et expérimentation, parsemé́ de rencontres, de moments de partage et de débats d’idées mais aussi, et surtout, de découverte d’artistes, en majorité plasticiens, loin des lumières d’Alger.
Il y a quelques années la wilaya de Saïda-en collaboration avec la direction de la culture, le comité de l’action culturelle et le mouvement associatif- avait organisé une intéressante rencontre, rendant un hommage posthume à la diva du raï « rural », Cheikha Djenia. Cette grande dame, cette diablesse du raï, qui revendiquait haut et fort son titre de « cheikha Djenia el hakania el kebira bent Saïda (la vraie, la grande, l’authentique et fille de Saïda) ».
Et ce, pour se distinguer de Cheikha Djénia Sghira ayant usurpé le nom de scène. Elle est décédée, une certaine journée du 1er avril 2004, un jeudi, à l’issue d’un tragique accident de la circulation sur la route de Sidi Bel Abbès menant vers Tlemcen, et ce, prématurément, à l’âge de 50 ans. Soit neuf mois après la disparition de son mari «El berrah» (aminateur et dédicassseur), le fameux Zouaoui, lui aussi mort tragiquement. Il a été abattu par méprise lors d’un barrage de nuit par les forces de sécurité.
De son vrai nom Fatma Mebarki, Djenia est née en 1954, à Marhoun, dans les environs de Saïda. Obnubilée par cheikha Rimitti, Farid El Attrache, Abdelhalim Hafez et Oum Kalsoum, elle quittera le giron familial et conjugal, à 17 ans, à la suite d’un mariage forcé. Remarquée par cheikh Aïssa, elle se produira à ses côtés pour faire et parfaire ses premières armes. Elle signera son premier album en 1970 sous l’impulsion de Hadj Mazou lequel la baptisera «La diablesse» (Djenia) pour son timbre de voix rock (rauque).
Cependant Djenia se distinguera avec le raï synthétique en duo avec cheb Abdelhak avec Rah Egaber (Il drague). Djenia s’est illustrée avec des hits comme Kayen Rabi, Trig Bidou, Dertou fina ,Djournan, Trab el Ghadar, Ha Nounou, et Kin Dir Ouan Dirleh repris par cheb Abdou et bien d’autres, sans percevoir les droits d’auteurs, bien sûr. Djenia était la digne héritière de cheikha Rimitti.