Ventes improvisées de confiseries : Une activité lucrative qui rythme le Ramadhan

07/04/2022 mis à jour: 07:46
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Un commerce de circonstance / Photo : D. R.

Il n’y a pas d’autorisation permettant aux commerçants de changer leurs activités sans procéder à une modification du code d’activité du registre de commerce.

Les commerces improvisés durant le Ramadhan pullulent partout à Alger, rythmés par une activité commerciale éphémère mais lucrative pour nombre de commerçants qui se convertissent en vendeurs notamment de zlabiya et autres confiseries.

Rouge, jaune ou orange, la zlabiya, cédée entre 250 et 300 DA le kilogramme, demeure une des sucreries les plus consommées durant le Ramadhan, battant les records de vente tout comme kalb ellouz ou encore le makrout, autre gâteau traditionnel très consommé en pareille occasion.

Dans les ruelles de la Place des Martyrs, ces préparations traditionnelles, à base de sucre et de farine notamment, se vendent bien, malgré les conditions d’hygiène, souvent non respectées, a-t-on constaté.

Si cette confiserie traditionnelle continue d’attirer de nombreux clients surtout durant le Ramadhan, les commerçants, eux, plus motivés par le gain facile, vont jusqu’à changer de créneau et opter pour ce commerce lucratif, dont la demande augmente durant ce mois sacré. «La zlabiya est très sollicitée par les clients durant le Ramadhan.

C’est un excellent investissement», dit Ahmed, un pizzaïolo de métier, reconverti en confiseur et vendeur occasionnel de zlabiya. A Bab El Oued, quartier populaire de la capitale où il tient un local étroit, un propriétaire d’une pizzeria, obligé de baisser rideau durant le Ramadhan, a décidé de reconvertir son commerce en point de vente de zlabiya et cherbet, une boisson à base de citron très présente sur les tables durant ce mois de jeûne.

«J’ai décidé de continuer à exercer durant le Ramadhan en changeant seulement d’activité. L’investissement dans la préparation et la vente de zlabiya et kalb ellouz est vraiment rentable», dit-il. Habitué des lieux, Mourad constate qu’à chaque Ramadhan, le nombre de vendeurs de zlabiya augmente. «Ceux qui ne possèdent pas de locaux improvisent des tables de fortune, installées à même le trottoir jouxtant   les marchés», dit-il.

Pour hadja Dehbia, rencontrée dans un magasin de vente de ce gâteau phare du mois sacré, «passer une soirée ramadhanesque avec la famille sans une bonne assiette de zlabiya n’a aucun charme». Et d’ajouter: «Zlabiya a toujours été la reine des sucreries les plus présentes sur nos tables de Ramadhan que ce soit pour la rupture du jeûne ou pour la sahra (soirée)».

Pas loin, aux marchés des Trois Horloges, des commerces tels que les fast-food et cafétérias se sont convertis en espaces de vente de charbet, zlabiya et autres gâteaux traditionnels parmi les plus demandés en pareille occasion, «kalb ellouz, ktayef», tartes aux fruits de saison, garnissent les présentoirs de ces commerçants occasionnels.

Samir, propriétaire d’un fast-food, estime que le changement d’activité durant le Ramadhan, pour préparer et vendre zlabiya, est un bon créneau et surtout «rentable». «J’ai les moyens nécessaires pour me lancer dans ce métier à condition de respecter les consignes d’hygiène et de salubrité», a-t-il souligné. «La satisfaction de la clientèle est son souci principal», a-t-il encore dit.

Pas de changement d’activité sans passer par le CNRC

Le représentant de la Direction du commerce et de la promotion des exportations de la wilaya d’Alger, Dahar Ayachi, a affirmé qu’il n’y a pas d’autorisation permettant aux commerçants de changer leurs activités sans procéder à une modification du code d’activité du registre de commerce auprès du Centre national du registre de commerce (CNRC).

Le commerçant, a-t-il expliqué, peut modifier ou changer son activité, à condition qu’il procède à une modification du code d’activité auprès du CNRC, rappelant que les commerçants contrevenants seront exposés à des sanctions allant jusqu’à la fermeture du commerce.

Pour contrecarrer ces pratiques, très courantes durant le Ramadhan, il a affirmé que les brigades de contrôle et de la répression des fraudes sont déjà mobilisées sur le terrain pour traquer tout commerçant qui enfreint la réglementation en vigueur.

Le président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), Mustapha Zebdi, a indiqué que seuls les pâtissiers et les boulangers peuvent élargir leurs activités en préparant durant le Ramadhan du kalb ellouz, baklawa, mhancha, ktayef et autres confiseries traditionnelles. «Ces commerces sont déjà équipés de moyens et outils nécessaires, en plus des pâtissiers qualifiés pour la préparation de ces gâteaux», explique M. Zebdi.

Il a fait remarquer que le consommateur algérien a désormais inculqué une «culture de vigilance» en veillant à ne s’approvisionner qu’auprès des commerces respectueux des normes d’hygiène et de salubrité.

De son côté, le secrétaire général de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hazab Benchohra, a estimé que le consommateur algérien a atteint une certaine maturité lui permettant de s’approvisionner dans des espaces commerciaux respectueux des normes de propreté.

Il a saisi l’occasion afin d’appeler les commerçants illégaux à intégrer le circuit formel pour une bonne organisation du secteur.

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