Vente-dédicace de Mohamed Sari à la Librairie du Tiers-Monde, à Alger : «Butin de guerre… sale»

22/03/2022 mis à jour: 19:00
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L’écrivain Mohamed Sari (à gauche) avec Ali Bey, gérant de la Librairie du Tiers-Monde, à Alger

Mohamed Sari, 64 ans, est professeur de littérature moderne, professeur de sémiologie et de théorie littéraire à l’Université d’Alger, romancier, critique littéraire, auteur d’œuvres telles que Le Labyrinthe (Marsa Paris 2000), El Warram (Ikhtilaf 2002), El Reith (Barzakh, 2007), et Le Naufrage (Alpha, 2010).

 Il a traduit de nombreux romans du français vers l’arabe d’écrivains algériens comme Malika Mokeddem, Anouar Benmalek, Boualem Sansal, Yasmina Khadra, Salim Bachi, Djamel Souidi, Samid Skif, Rachid Boudjedra, Malek Haddad, les mémoires de Zohra Drif et celles du moudjahid Amar Guerfi et surtout la trilogie nordique de Mohamed Dib Les Terrasses d’Orsol, Le Sommeil d’Eve, Neiges de marbre (Chihab éditions Alger 2012). Mohamed Sari a été le récipiendaire du Prix Escales d’Alger en 2016 pour Pluies d’or paru chez Chihab éditions. 

Donc, nous avons rencontré, un auteur, avec ce faux air de Tewfik Al-Hakim, arborant ce béret et ces lunettes cerclées lui donnant plus d’érudition, de sagesse et de respect.

 Il présente un ouvrage de haute facture contre l’oubli et la folie meutrière ayant marqué la décennie sombre et noire en Algérie dans les années 1990. «Au début, le tire du roman était Al Ghanima (le butin). 

Après, un autre titre, El Ghanima Edamia (le butin sanglant). Alors, j’ai constaté que c’était trop direct. Je recherchais un titre qui n’était pas direct. Qui sera métaphorique, qui dénote de la sémantique de tout le roman, d’un drame. Hassad Al Rimel sera alors définitif. Le Moissonneur des sables qui n’engendrent rien. Cette personne qui s’était évertuée à avoir ce butin, lui courir après et puis à la fin, il n’y a rien. 

Un vide, inutile et total. Le néant, quoi… C’était comment passer d’un acte politique à celui criminel. J’ai étudié cela, dans le roman Le Labyrinthe (Al Waeram), que j’ai édité en France. Comme celui intitulé El Kilaâ Elmoutaakila (les Citadelles érodeés) paru chez les édition Barzakh. 

Et puis, dans un autre roman, qui est passé inaperçu dans la presse francophone. C’est La Guerre des tombes (Harb Al Kouybour) en 2018. C’est un roman qui présente une confrontation directe opposant trois catégories de gens dans le maquis, le djebel (la montagne). Les militaires, les terroristes et les patriotes.

 C’est un roman terrible. J’avais utilisé la polyphonie. Le militaire raconte son propre point de vue, le terroriste le sien et le patriote, le moudjahid, narre sa vision. Ce livre je l’avais édité dans une petite maison (d’édition). Chaque fois, je pense à le rééditer en français… », indiquera l’auteur Mohamed Sari. 
 

« Ils se sont recyclés dans la société »
 

Hassad Al Rimel (Le Moissonneur des sable) de Mohamed Sari commence avec ces mots durs, terribles et dramatiques : «ô égorgeur ! ô tueur ! ô assassin ! » Des éclats de voix qui fusent à l’entrée d’une mosquée. Alors que les fidèles quittent le lieu de culte. Mais d’où fusent ces cris déchirants ? Des accusations graves ? C’est un vieil homme en plein détresse qui lance, lâche et communique sa douleur. «ô gens : Voici l’assassin de mon fils. Ne reconnaissez-vous pas ? Voilà la preuve de son crime. Voici le pull de mon fils lâchement assassiné. Le sang le maculant n’est pas encore séché. Regardez l’assassin, le meurtrier ô gens !... » 

Le père meurtri par cet atroce drame humain veut montrer au monde cette injustice, absoudre un assassin de ses horribles crimes, et le protéger par une loi. Celle de la Concorde civile. On les appelle les «repentis». Ils se sont recyclés dans la société avec le butin… de guerre… sale. 
 

Le grand pardon ?
 

A propos de cet épisode, l’auteur Mohamed Sari, explique : «Il y a beaucoup de gens qui ont été absous et qui ont commis des crimes. Et qui sont descendus (du maquis) comme si de rien n’était. Cela est arrivé aux Eucalyptus. Un père de famille à qui on a enlevé le fils, la nuit. On le retrouvera égorgé ailleurs. 

Et avec la Concorde civile, le tueur, le terroriste est descendu (du maquis). Alors, ce père l’interpellera en l’accusant de l’abominable forfait devant tout le monde dans l’enceinte de la mosquée, lors de la prière du vendredi. Les gens lui demanderont le pardon. Personne ne peut parler avec les repentis. Ils ont fait la terreur aux Eucalyptus, à Chebli… Ils sont protégés par des lois… Donc, j’ai voulu analyser le cas d’un repenti rentrant chez-lui. C’est un cas à travers une fiction, celle du roman… ». Un livre à lire absolument ! 
 

 


 

« Hassad Al Rimel”
(« Le Moissonneur de sables »
Une histoire relatant l’après-période du terrorisme vécue en Algérie.
Editions Hibr
Prix : 950 DA
http://www.hibredition.com/
Vente-dédicace au Sila
Stand Hibr
Samedi 26 et le dimanche 27 mars 2022 
 

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