Vendredi 17 juin 1960 / Fadila Saâdane et ses compagnons d’armes tombés en martyrs

20/06/2024 mis à jour: 21:30
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Le mois de juin 1960 a été dramatique pour le réseau des combattants du FLN dans la ville de Constantine, se soldant par le démantèlement de deux importants groupes de fedayin ainsi que la perte de valeureux hommes et femmes. 

Ainsi, neuf jours seulement après l’attaque spectaculaire du 8 juin 1960 contre l’appartement qui servait de refuge aux martyrs Daoudi Slimane, connu sous le nom de Hamlaoui, et Meriem Bouattoura, tombés les armes à la main, et l’arrestation de Bachir Bourghoud et Mohamed Kechoud, un autre accrochage avait eu lieu au quartier populaire de R’cif, de la vieille ville de Constantine, dans un appartement de l’ex-rue Vieux. Selon des témoignages confirmés plus tard, une dénonciation a permis aux services de la police française de localiser le lieu, qui servait de refuge au groupe de Rouag Saïd, dit Amar chef de la nahia du centre-ville de la zone autonome de Constantine plus connue aussi par mintaka 5 de la wilaya historique II dirigée à l’époque par Messaoud Boudjeriou. 

Le groupe comptait également Kikaya Amar, Fadila Saâdane et Malika Bencheikh. Le journal La Dépêche de Constantine, le plus diffusé à l’époque dans la région de l’Est algérien avait révélé dans son édition du samedi 18 juin 1960 que l’opération d’encerclement du refuge s’est déroulée dans la nuit de jeudi 16 à vendredi 17 juin 1960 vers 3h du matin. Les habitants du quartier de Rcif et des rues environnantes ont été réveillés par une intense fusillade accompagnée par de violentes explosions. 

Le carré des maisons situées entre l’ex-rue Nationale (actuelle rue Larbi Ben M’hidi) et le collège de jeunes filles (actuel lycée Soumia), et s’étendant jusqu’à la place de Rahbet Essouf a été le théâtre d’un siège en règle avec la mobilisation d’un important contingent des fameux «Bérets noirs». Le groupe de Rouag Saïd avait choisi de se réfugier dans l’immeuble portant le n°4 de l’ex-rue Vieux, une des plus anciennes artères de la ville. 

Celle-là même qui se trouve entre l’ex-place Jules Favre et la place des Galettes (actuelle Rahbet Essouf). Une rue qui a été le théâtre de nombreux attentats. Lorsque le groupe sentit qu’il était cerné, il se divisa en deux couples qui ont réussi à passer par le toit de l’immeuble n°4 vers celui de la maison voisine portant le n°2 bis de l’ex-rue Vieux.
 

Une résistance héroïque

Kikaya Amar et Fadila Saâdane s’étaient mis à l’abri dans une sorte de grenier dont les piliers et la toiture dominaient tous les immeubles environnants. Refusant de se rendre, ils avaient riposté avec courage face à un important groupe de Bérets noirs. Après un long échange de coups de feu et l’explosion de plusieurs grenades, ils étaient tombés en martyrs, les armes à la main. Fadila Saâdane n’avait que 22 ans. De leur côté Rouag Saïd et Malika Bencheikh avaient réussi durant le combat à descendre les deux étages de la maison pour se réfugier dans la cave d’un magasin situé eu rez-de-chaussée. Dans un combat à armes inégales, ils finiront par tomber en martyrs suite à une rafale de mitraillette.

 L’accrochage a duré 4 heures. Vers 7h du matin de la journée du vendredi 17 juin 1960, les Constantinois s’étaient rendu compte de ce qui s’est passé. La fouille des lieux a permis de récupérer un pistolet mitrailleur et trois pistolets automatiques. Deux éléments parmi les Bérets noirs avaient été blessés lors de cette opération, selon la Dépêche de Constantine. La nouvelle de l’élimination de ce groupe, considérée comme un véritable exploit, fera le tour de la ville. Les Constantinois apprendront ainsi la mort de Rouag Saïd, dit Amar, qui avait rejoint les rangs de la révolution en 1957. Il avait été affecté dans la ville pour réorganiser les cellules de la guérilla urbaine. 

Kikaya Amar, membre actif depuis 1956, était également responsable de plusieurs attentats. Il avait pris part à la fameuse fusillade de la cité Bel Air durant laquelle avait été tué l’inspecteur de police Salles. Fadila Saâdane, qualifiée d’intellectuelle du groupe, avait opéré en ville depuis 1956. Elle avait été condamnée le 17 juillet 1957 à un an de prison avec sursis pour atteinte à la sécurité de l’État. Elle assurait avec Malika Bencheikh les fonctions d’agents de liaison et de renseignements. 

Aujourd’hui, la rue où avait eu le lieu cet accrochage porte aujourd’hui le nom de Rouag Saïd. Quant à la maison, située entre deux bazars, elle est toujours fermée. Selon des riverains, elle aurait été mise en vente.   

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