Véhicules neufs déjà en panne : Obsolescence programmée

25/01/2022 mis à jour: 14:36
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L’obsolescence programmée n’est pas un mythe... / Photo : D. R.

La durée de vie projetée de la plupart des véhicules d’utilisation courante n’était pas supérieure à celle d’aujourd’hui. Cependant, il faut reconnaître que de nombreux modèles atteignaient des kilométrages bien supérieurs à 240 000 km.

Obsolescence programmée. Cette locution, abondamment déclamée dans les médias depuis quelques années, n’en finit pas de nourrir les fantasmes et peurs d’une partie non négligeable de la population. Régulièrement accusés d’être parmi les instigateurs, de nombreux fabricants de smartphones ou d’appareils électroniques sont régulièrement pointés du doigt pour cette pratique.

En ce qui concerne les constructeurs automobiles, la question brûlante est également abondamment débattue. Il est, en effet, courant d’entendre que les voitures d’autrefois étaient plus fiables, plus solides que celles d’aujourd’hui. Mais aussi que les constructeurs sélectionneraient des solutions techniques interdisant toute réparation par l’utilisateur, ce qui aurait pour conséquence de réduire artificiellement la durée de vie du véhicule.

Il fut une époque pas si lointaine que ça, où tout un chacun pouvait effectuer les révisions et changer les pièces défectueuses de son propre véhicule avec un savoir technique limité et sans obligation d’outillage spécifique et coûteux.

L’accélération de l’intégration de composants électroniques observée ces 3 dernières décennies rend, effectivement, aujourd’hui cette tâche bien moins accessible au commun des mortels.

Ajoutons le fait de la politique de certaines marques en termes de disponibilité des pièces qui frôle parfois l’indigence et il n’en faut pas plus pour que de nombreux automobilistes accusent les constructeurs de planifier l’obsolescence de leurs gammes respectives. Est-ce vraiment le cas ?

Années 1980, XXIe siècle

La durée de vie projetée de la plupart des véhicules d’utilisation courante n’était pas supérieure à celle d’aujourd’hui. Cependant, il faut reconnaître que de nombreux modèles atteignaient des kilométrages bien supérieurs à 240 000 km. Jusqu’à présent à travers le parc roulant algérien, des modèles comme la 504, la Passat brésilienne ou encore la R21 continuent de rouler.

Certaines ont dépassé le million de kilomètres. Les deux raisons principales sont en premier lieu les progrès accomplis dans la protection anti-corrosion, mais aussi dans les tests de validation au début des années 1980 qui ont eu pour effet l’allongement de la durée de vie des voitures durant cette décennie et celle qui a suivi.

Cependant, il faut avoir à l’esprit que les outils de simulation utilisés par les constructeurs dans les années 1980 et 1990 étaient bien moins avancés que ceux d’aujourd’hui. Du coup, il leur était autrefois nécessaire d’utiliser des coefficients de sécurité.

Autrement dit, prévoir la marge pour couvrir l’incertitude des résultats obtenus au calcul. Cela a eu pour effet de produire des composants qui, jusqu’à présent, continuent de remplir leur tâche sans broncher, à titre d’exemple, les Renault 21 en finition Baccara, qui sont encore utilisées dans certaines régions du pays pour la contrebande ou encore les Toyota Land Cruiser de 1990 qui font le bonheur des amoureux du désert et du rallye raid. Aussi et élément très important, la complexité de l’électronique d’autrefois est incomparable à celle d’aujourd’hui.

A l’âge d’or de l’automobile, l’électronique se limitait à une cassette, des relais et quelques capteurs, contrairement à aujourd’hui où presque chaque composant important a son propre module de commande appelé calculateur.

Ainsi, dans une berline des temps modernes, on trouvera un calculateur moteur qui gère la partie mécanique, un calculateur de boîte qui gère la boîte de vitesse, qu’elle soit automatique ou manuelle, un calculateur pour les airbags et d’autres pour d’autres fonctions.

De ce fait, les pannes étaient bien plus simples à diagnostiquer et automatiquement à résoudre que maintenant. Du coup, des millions d’automobilistes gardaient leurs véhicules au-delà des 240000 km du cahier des charges élaboré par le constructeur.

Résoudre les pannes égale obsolescence programmée ?

Au début du XXIe siècle, la majeure partie des constructeurs proposait des véhicules de bonne facture, avec une peinture traitée contre la corrosion, une mécanique fiable et un coût d’entretien relativement faible. A titre d’exemple, le constructeur allemand Volkswagen proposait entre 1999 et 2009 sur la Golf 4 et 5 et sur plusieurs autres de ses modèles, des motorisations diesel ou essence considérées comme increvables.

Le 1.9 SDI, 1.9 TDI ou 2.0TDI Volkswagen appelé en Algérie moteur injecteur pompe à cause des injecteurs immergés dans la culasse ne causait aucun problème. Pis encore, l’entretien chez certains automobilistes se limitait juste à une vidange, changement de filtre et kit de chaîne au moment voulu.

Les pièces détachées pour moteur sortaient très peu des entrepôts, ce qui ne faisait pas les affaires du groupe aux multiples marques. Idem pour le géant français Peugeot qui propose, certes, de bonnes motorisations en diesel, mais doit revoir impérativement sa copie en ce qui concerne les moteurs essence. Le petit 3 cylindres 1200 cc, qui a fait le bonheur de milliers de conducteurs au tout début a rapidement fait changer d’avis les propriétaires de Peugeot 301 et 208.

La forte consommation d’huile induite par une mauvaise segmentation a causé de nombreuses casses moteur. Malheureusement, de nombreuses personnes se sont retrouvées à acheter un moteur complet, parfois plus cher qu’un 4 cylindres. Le moteur THP 1600 cc et dopé par un turbo a également fait parler de lui en mal, que ce soit en Algérie ou même en Europe.

Son système d’arbres à cames censé imiter le principe V-TEC de Honda n’a pas réussi à gagner les cœurs. Encore une fois, des pannes inattendues entraînent la mort du moteur. Pis encore, le constructeur premium allemand Mercedes-Benz, qui a proposé depuis 2011 un nouveau variant de son célèbre moteur le 220CDI ou 250CDI, a connu de nombreux déboires.

Ce dernier, très apprécié, a totalement changé son cheval de bataille pour aller vers un groupe moteur qui peut casser dès les 70 000 km et les histoires sont nombreuses. Mercedes, il y a peu de temps, a décidé de rompre sa relation avec le groupe français Renault qui lui fournissait ce moteur diesel.

Toujours chez les constructeurs premium, la marque Land Rover, marque préférée des stars et des hommes d’affaires, est incroyablement décriée ces dernières années pour son manque de fiabilité concernant la détérioration rapide de certains composants dont l’isolation contre la pluie et la mort prématurée de certains composants à l’intérieur du véhicule lui-même.

Land Rover s’est classé première en 2021 dans la catégorie des véhicules les moins fiables selon Car Magazine. Cette politique de fabriquer des pièces, des moteurs ou encore des éléments d’habitacle à l’aspect irréprochable est malheureusement programmée pour mourir à un kilométrage bien précis.

Le service après-vente fait gagner aux constructeurs des sommes plus importantes que la vente d’un véhicule neuf et c’est à ce moment-là que les dés sont jetés au grand malheur de l’automobiliste qui va chez son concessionnaire ou mécanicien préféré et qui devra dépenser plus qu’il n’en faut, car à de nombreuses reprises, la mécanique ne résiste pas et il faut changer ou le bloc-moteur, ou installer un moteur complet.

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