La vente d’eau potable, du moins présentée comme telle, a pris un essor sans précédent au cours de ces dernières années dans la vallée de la Soummam. A l’évidence, le filon fait de plus en plus d’émule. Les vendeurs d’eau ont conquis toutes les localités.
Des grands pôles urbains jusqu’aux hameaux les plus reclus. Le tarissement de nombreuses sources naturelles induit par le changement climatique, la qualité peu appréciée de l’eau du robinet et la désaffection qui frappe l’eau du barrage Tichi Haf ont sans doute contribué à l’émergence de cette activité. «S’offrir de l’eau de source au pas de sa maison et à prix réduit, ce n’est pas de refus», dira un père de famille de Seddouk. «Nous sommes alimentés exclusivement par l’eau de Tichi Haf, laquelle eau pose un problème de disponibilité et de qualité. Heureusement que ces marchands mobiles nous viennent à la rescousse», renchérit un habitant d’Amalou. Un seul bémol toutefois : beaucoup de colporteurs exercent dans l’informel, faute de renouvellement de leur autorisation par les autorités compétentes. Joint par téléphone, un responsable de la direction des ressources en eau nous apprend que les autorisations d’exploitation ont été suspendues depuis 2017. «Nous avons constaté que les prestataires agréés ne respectaient pas les conditions exigées par le décret exécutif n° 08/195 fixant les conditions d’approvisionnement par citerne mobile de l’eau destinée à la consommation humaine», informe-t-il.
Le paradoxe de la situation tient au fait que cette activité commerciale n’a jamais été aussi florissante depuis cette décision de suspension de la délivrance des autorisations d’exploitation. Plus grave encore : les pratiques observées sur le terrain ne sont qu’une succession de coups tordus qui ont fini par tordre de cou, autant à l’esprit qu’à la lettre de la loi en vigueur.
Depuis l’approvisionnement jusqu’à la livraison, en passant par le transport. Aucun document normatif identifiant l’origine de l’eau et garantissant sa probabilité n’accompagne le produit marchand, ajoute notre source. Les spécifications des citernes, tel qu’exigées par le décret, sont tout bonnement ignorées. En lieu et place de contenants en métal galvanisé, le liquide est transporté dans des citernes en plastique transparent. Certains marchands sans scrupules poussent l’outrecuidance jusqu’à utiliser des citernes ayant déjà servi au stockage de produits caustiques !