Des cités et des résidences haut standing continuent à être érigées en violation des normes de l’urbanisme dans plusieurs sites de la ville.
Nul ne semble capable d’arrêter l’anarchie urbanistique à Boumerdès. Les cités et résidences haut standing continuent de pousser comme des champignons aussi bien à Foes qu’à Boukerroucha ou à la sortie de Aliliguia. Mus par l’appât du gain, certains promoteurs immobiliers n’en font qu’à leur tête, piétinant allègrement les lois de l’urbanisme.
Bénéficiant des largesses de l’administration, certains construisent même dans les lits d’oueds ou à proximité de la faille sismique. En contrebas de la station de l’ONA, il est désormais difficile de trouver une trace de l’oued Tatareg. Le lit de ce cours d’eau pullule de luxueuses constructions et de promotions immobilières dont la plupart ont été érigées en violation des normes en vigueur.
«C’est une zone de servitude où il est strictement interdit de construire afin de ne pas obstruer le passage des eaux. Que font les services de la direction de l’hydraulique pour ne pas arrêter ces infractions», s’offusque un architecte, soulignant que rares sont les gens qui respectent le coefficient d’emprise au sol.
A Foes ou sur la route menant vers Boukerroucha, on trouve même des bâtiments de 12 et 13 étages, alors que la réglementation autorise 10 étages maximum. «La loi prévoit de réserver 30% minimum du terrain pour les aires de jeu, les parkings ou les espaces verts mais cela n’est jamais respecté. Il y a des promoteurs qui ont réalisé plus de 1000 logements. Leurs résidants ne trouvent même pas où garer leur véhicule alors que la loi prévoit 50 places pour 100 logements.
Que dire des équipements publics ? Quand on vend plus de 1200 logements à plus de 1,5 milliard chacun, on peut facilement réaliser une école primaire ou une crèche. Cela n’a jamais été le cas», déplore-t-il. A Boumerdès comme dans d’autres villes côtières du pays, le secteur du bâtiment nourrit bien son homme. «Un F4 de 100m2 est cédé à plus de 18 millions de dinars ici. C’est pourquoi, on retrouve autant de promotions que de boulangeries dans cette ville», fulmine Saïd qui se plaint des bouchons et des pressions engendrés par cette extension anarchique du tissu urbain.
A 200m de la voie de la gare ferroviaire, des dizaines de grands immeubles sont sortis discrètement du sol après la destruction d’une magnifique forêt. Les habitants de la coopérative Essalem décrivent un véritable massacre. «On a tout détruit, y compris les routes et les réseaux de voiries.
Il y a des gens qui ont obtenu des permis pour réaliser des habitations individuelles mais ils ont fini par construire des immeubles collectifs pour s’enrichir», explique un ancien élu, précisant qu’une vingtaine de plans d’occupation du sol à travers la commune tardent à être approuvés. Les dépassements sont légion.
Même les berges de l’oued Boumerdès n’ont pas été épargnées par le phénomène de la bétonisation anarchique. Certaines promotions immobilières sont visibles à partir de la résidence du wali. A noter que le nouveau PDAU intercommunal prévoit l’urbanisation de 325 ha d’ici 2033 pour garantir un développement harmonieux des villes de Boumerdès, Corso et Tidjellabine. Ce plan a inclus 332 ha dans l’espace à urbaniser afin de régulariser les constructions édifiées en violation de la réglementation.