Classée comme 13e wilaya du point de vue démographique en Algérie, la région de Tiaret a vu son principal pourvoyeur en eau superficielle du barrage Bekhadda tomber à moins un (- 1%) de ses capacités théoriques d’où des stratégies à élaborer, à court et à moyen termes.
La crise de l’eau est vécue, à l’instar de beaucoup de régions dans le monde, et à fortiori dans notre continent, avec hantise et appréhensions, liées aux faibles précipitations enregistrées ces dernières années dans l’Ouest algérien. Les populations de Tiaret, région des Hauts-Plateaux de l’Ouest, notamment son chef-lieu de wilaya, vivent une crise jamais vécue auparavant.
Bien que des solutions, à court et moyen termes, aient été proposées et des mètres cubes supplémentaires furent enregistrés afin de stabiliser la distribution qui s’étale en moyenne jusqu’à un jour sur six, la problématique a requis l’organisation d’un séminaire auxquels n’ont assisté, malheureusement, en dehors de la communauté universitaire, aucun des principaux acteurs locaux.
Le contexte de la tenue d’un séminaire, pour instructive qu’ils furent ses recommandations, n’en appelle pas moins à plus d’attention quand il s’agit de l’eau, élément fondamental dans l’organisation de la vie quotidienne et dans le développement. L’eau étant pour l’agriculture ce qu’est l’air pour le poumon.
C’est à ce titre que l’institut des sciences humaines et sociales, département histoire en collaboration avec le laboratoire d’information géographique et du développement durable ainsi que le laboratoire d’études philosophiques, des questions humaines et sociales relevant de l’université Abderrahmane Ibn Khaldoun de Tiaret a organisé mardi passé, le premier forum sur l’eau intitulé «l’histoire de l’eau en Algérie».
Une rencontre scientifique qui tombe à pic à un moment où la région de Tiaret vit donc une pire crise en matière d’alimentation en eau potable du fait d’un stress hydrique structurel qui a amené les autorités locales et centrales d’entrevoir des solutions, à court et moyen termes. Un premier forum qui a vu défiler pas moins de 94 communicants issus de 37 instituts nationaux et universités dont 41 en présentiel où l’eau a été évoquée dans ses différentes facettes en remontant l’histoire, le stress hydrique, les potentialités ainsi que les solutions à même d’atténuer, relativement, les appréhensions.
Les enjeux présents et futurs, à l’échelle nationale et locale à l’aune d’épuisement des réserves superficielles et chutes drastiques des nappes, appellent des solutions urgentes, et interpellent tout un chacun pour mieux appréhender la question de l’eau. La rencontre, riche en enseignements, a situé la donne et les congressistes ont vite fait de lister une série de recommandations toute aussi utile les unes que les autres alors que furent évoquées certaines des principales causes de cette crise : la démographie galopante qui n’a pas été un facteur positif d’avec les précipitations qui ont connu en l’espace d’un demi-siècle une chute vertigineuse.
«On est passé à une ration de 900m3/an par habitant en 1963 à 259 m3/an par habitant en 2019», dira docteur Khenioui Abderazak de l’université de Tiaret qui intitula sa communication conjointement avec docteur Bougherara de l’université de Constantine1 de «futur de l’eau à Tiaret». Une thématique fort à propos qui a suscité bien évidemment l’intérêt, tant la plaidoirie était truffée de chiffres, si relatifs soient-ils, mais qui restaient d’une brûlante actualité. Ce communicant argua en plus de la démographie, d’une certaine stabilité des ressources, dont celle dont tout le monde parle, l’Albienne, estimée à 50 000 milliards de mètres cube.
Réserves cumulées
Des réserves cumulées depuis au moins un million d’années. «Les eaux de l’Albienne sont 50 000 fois plus grande que le barrage Bouharoun», attesta-t-il. Classée comme 13e wilaya du point de vue démographique en Algérie, la région de Tiaret a vu son principal pourvoyeur en eau superficielle du barrage Bekhadda tomber à moins un (- 1%) de ses capacités théoriques d’où des stratégies à élaborer, à court et à moyen termes.
On ne va pas ici dans ce propos détailler ses projets, mais l’évidence serait de procéder aux grands transferts pour le moyen terme et avec de l’eau de mer dessalée pour le long terme si d’aventure les pluies ne seront pas au rendez-vous. Il s’agit, dira le communicant, de «s’imprégner des techniques des anciens habitants qui rationalisaient l’eau, traiter les eaux de rejets et bien sûr faire dans l’économie de l’eau.
En tous les cas, et à l’issue de cet important rendez-vous, il a été recommandé «la nécessité de publier les actes du séminaire sur l’eau organisé par l’université de Tiaret pour que la communauté scientifique en tire bénéfice, encourager les études concernant les problématiques de l’eau dans la région et institutionnalisation d’une rencontre spécifique à la région, intensification des recherches sur les anciennes méthodes de gestion de l’eau afin de rationaliser l’exploitation en les associant avec les techniques de gestion moderne, actualisation et valorisation des données sur les sites recelant l’eau en Algérie, élaboration d’un Atlas historique de l’eau en Algérie, édition d’une encyclopédie et d’une carte des eaux souterraines et superficielles en Algérie devant servir de base de données pour la rationalisation de l’eau, numérisation de la recherche sur l’eau à Tiaret, institutionnalisation du séminaire et sa promotion en une rencontre scientifique internationale devant traiter du rôle des politiques de l’eau dans la gestion des crises et du stress hydrique, intensification des campagnes de sensibilisation sur la nécessité de préserver la ressource hydrique en Algérie, la nécessité d’activer et de mettre en œuvre les mécanisme juridiques et législatifs pour garantir la sécurité de l’eau, nécessité de privilégier une approche multisectorielle uniforme dans la gestion et la rationalisation de l’eau (ministère de la Recherche, Ressources hydriques, Agriculture et Energie entre autres) et enfin études de l’efficacité économique des différents projets hydriques pour assurer un développement durable qui conditionne la protection de l’environnement et qui garantit la ressources aux générations futures.