Je demande au Conseil de l'Ordre de Sétif de se porter partie civile afin de mener à bien cette affaire par devant les instances judiciaires de notre pays.» Telle était, hier, la réaction du Pr Abdelaziz Ayadi, vice-président de l’Ordre national des médecins, en réaction à «l’humiliation» qu’a subie une chirurgienne de l’établissement public hospitalier (EPH) Lakhdar Bouzidi, à Bordj Bou Arréridj.
En effet, le wali de Bordj Bou Arréridj s’est sèchement adressé, lors d’une visite à l’établissement, à une chirurgienne qui a opéré avec succès un jeune enfant ayant subi une fracture au niveau de la jambe. Selon les confrères de l'orthopédiste, le wali a sommé le médecin de transférer le malade, à la demande de ses parents, puisqu’il ressent toujours des douleurs, même si la chirurgienne assure que l’état de santé du garçon ne nécessitait pas son transfert. Face à cet avis médical, l’orthopédiste a subi la colère du wali. La séquence filmée a fait le buzz sur les réseaux sociaux. «Cet acte est inacceptable de nos jours, le wali a outrepassé ses prérogatives», s’emporte le Pr Ayadi, également président de l’Ordre des médecins de la région de Annaba.
Aussitôt médiatisé, cet incident a suscité colère et indignation parmi la corporation, qui n’a pas hésité à lancer une campagne de solidarité avec la chirurgienne. «Nous devons tous être solidaires. Nous exigeons des excuses publiques de monsieur le wali de Bordj Bou Arréridj à l'endroit de notre consœur», fulmine un médecin néphrologue.
Et d’abonder : «Après les lourds sacrifices liés à la crise sanitaire, la corporation est d'abord remerciée par un nouveau régime fiscal relevant d'un racket qui ne dit pas son nom, retour maintenant aux humiliations à la Ould Abbès orchestrées et mises en scène à l'encontre de nos jeunes médecins livrés à eux-mêmes.»
Totalement solidaire, une autre médecin assistante en neurochirurgie a mis en relief la lourde mission des orthopédistes qui méritent respect et considération : «La traumatologie est la seule spécialité chirurgicale qui bosse non-stop et ne nécessite, le plus souvent, que peu de moyens d'exploration : des radios standards suffisent pour opérer (rarement un scanner). Le traumatologue a juste besoin d'un technicien pour une simple radio, même pas un radiologue disponible.
A l'inverse des autres spécialités : en neurochirurgie, face à un traumatisme crânien, on a souvent besoin d'un scanner cérébral, la viscérale, au minimum, une échographie, voire un scanner. Bref, c’est plus simple d'évacuer lorsque l’on ne veut pas travailler.» En colère contre l’arrogance de ce wali, un autre médecin s’insurge : «Le comble, c'est qu'il (wali) s'est érigé en praticien en décidant d'une évacuation sanitaire, prérogative exclusive du médecin.»
Ainsi, l’incident provoqué par le wali de Bordj Bou Arréridj a poussé les confrères de la chirurgienne, victime d’une intimidation publique, à se solidariser avec elle et surtout s’organiser pour dénoncer cet abus de pouvoir et exiger des excuses publiques.