L’Algérie enregistre annuellement, selon les données du registre national des cancers relevant de l’Institut national de la santé publique (INSP), près de 50 000 nouveaux cas de cancer, tous types confondus. Le cancer du sein est le plus répandu, avec une incidence de plus de 14 000 cas chaque année.
Ce dernier a une particularité en Algérie, en ce sens qu’il touche les femmes à un âge précoce dans la limite des 40 ans, contrairement aux pays avancés où il se répand parmi les femmes âgées de 55 ans et plus. Vient en second, toujours pour les femmes, le cancer colorectal, de la glande thyroïde et du col de l’utérus.
Pour les hommes, les cancers les plus répandus dans la société, selon le registre national, sont le colorectal, du poumon, de la prostate, de la vessie et de l’appareil digestif.
La prévention reste, insistent les experts, le moyen le plus efficace de prévenir certains cancers et réduire la mortalité, et c’est d’ailleurs, dans ce sens, que le président, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé ce jeudi la mise en place d’une instance nationale chargée d’arrêter une feuille de route portant sur la prévention et la lutte contre le cancer.
Le Pr Adda Bounedjar, chef de service d’oncologie médicale au CHU de Blida et président de la Société algérienne de formation et de recherche en oncologie (Safro), a été désigné coordinateur de cette instance présidentielle, qui sera placée sous la supervision des services de la Présidence en coordination avec plusieurs autres départements ministériels.
Le Pr Adda sera accompagné d’une équipe de spécialistes dans le domaine, qui sera chargée de mettre œuvre ce projet dans le cadre du travail d’une commission et de sous-commissions. Cette annonce a été faite ce jeudi lors des travaux du 22e Congrès de l’Association médicale arabe contre le cancer (AMAAC) et du 15e Congrès d’oncologie tenus au CIC.
Dans un message adressé par le chef de l’Etat aux participants et lu en son nom par Mohamed Seghir Saâdaoui, conseiller auprès de la Présidence, il a expliqué que cette initiative «repose sur une série d’objectifs et de programmes que l’Algérie compte réaliser en matière de prévention et de dépistage précoce de cette maladie et de lutte contre les facteurs de risque».
Pour M. Tebboune, «cette instance est appelée à soumettre des rapports diligents et périodiques sur les résultats réalisés sur le terrain et leur impact sur l’amélioration de la prise en charge des cancéreux», d’autant que, dira-t-il, «toutes les mesures à même de remédier à tout dysfonctionnement urgent seront prises sur la base de ces données».
En finir avec la pénurie de médicaments
Des actions de prévention seront aussi lancées, telles que le dépistage de masse du cancer du sein : «Un plan qui permettra, dans un premier temps, à plus de 2,2 millions de femmes âgées entre 40 et 45 ans de bénéficier d’un
dépistage du cancer du sein, il sera élargi au cours des trois prochaines années aux autres tranches d’âge.»
Cette stratégie, a-t-il souligné, vise à en finir « définitivement avec la pénurie de médicaments anti-cancéreux», ajoutant qu’un «système numérique sera mis en place pour définir les besoins en matière de médicaments et assurer une bonne distribution, grâce à toutes les facilités prévues».
Considérant la lutte contre le cancer comme une priorité nationale absolue, le président Tebboune a décidé de lui consacrer une enveloppe financière de 70 milliards de dinars, et le Fonds national de lutte contre le cancer bénéficiera lui de 30 milliards de dinars à partir de 2024.
«Une enveloppe de 70 milliards de dinars, puisés du Fonds cancer, sera consacrée à la lutte contre le cancer, le Fonds national de lutte contre le cancer bénéficiera également de 30 milliards de dinars à partir de l’année prochaine», a annoncé le chef de l’Etat, qui a insisté sur la nécessité d’«assurer une meilleure répartition des centres de lutte contre le cancer au niveau national».
L’Algérie a enregistré en 2022, rappelle-t-il, 50 000 cas de cancer, lesquels exigent «des améliorations et des ajustements d’urgence» avec «l’inscription du suivi et de la lutte contre cette pathologie comme une priorité».
Saihi : «La lutte contre le cancer est une priorité nationale»
Le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, a affirmé, jeudi à Alger, que la prévention et la lutte contre le cancer constituaient une priorité nationale, s’inscrivant au sein du programme national visant à améliorer les prestations sanitaires prodiguées aux cancéreux. Dans une allocution lors de l’ouverture du 22e Congrès de l’Association médicale arabe contre le cancer (AMAAC) et du 15e Congrès d’oncologie, tenus au Centre international de conférences (CIC) Abdelatif Rahal (Alger), le ministre a précisé que «le cancer demeure un spectre pour tous les systèmes de santé mondiaux. Au regard de cette situation, notre pays a décidé de faire de la lutte contre cette maladie une priorité nationale». «Partant de notre conviction de la nécessité de revoir notre système de santé et de concrétiser la volonté politique d’améliorer la prise en charge des patients et le service public, un plan d’action a été adopté reposant sur la simplification et l’amélioration des prestations sanitaires, la réduction du temps d’attente au profit des patients et l’atténuation de leurs souffrances», a-t-il ajouté.
Pour M. Saihi, le plan d’action accorde un intérêt particulier au dépistage et au diagnostic, ce qui permet la prise en charge précoce du cancer et le renforcement des mesures de prévention en vue de lutter contre les facteurs de risque, soulignant que «l’organisation de ce congrès en Algérie s’inscrit dans le cadre de la formation continue et permanente des équipes médicales et du soutien à leurs acquis scientifiques». R. S.