Une délégation séjourne depuis trois jours en Algérie : Des entreprises polonaises explorent les opportunités d’affaires

26/05/2022 mis à jour: 02:40
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Photo : D. R.

«Le challenge est d’attirer de nouveaux opérateurs polonais en Algérie, qui est intégrée dans l’agenda des pays attractifs du gouvernement polonais», affirme la chargée d’affaires, Niemier-Pawlowska Ewa.

Plus de 110 entreprises ont participé au Forum d’affaires algéro-polonais organisé avant-hier à Alger par la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI). Ce Forum d’affaires, qui s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations économiques et des échanges commerciaux entre l’Algérie et la Pologne, a vu la participation de 100 entreprises algériennes et 10 entreprises polonaises, a précisé la CACI dans un communiqué cité par l’APS.

L’ouverture du forum a été présidée par le président de la Chambre algérienne de commerce et d’industrie, Chebab Tayeb, le consul de Pologne en Algérie et un membre du conseil d’administration de la Chambre de commerce polonaise.

Cet événement économique a permis aux hommes d’affaires algériens et polonais de discuter des opportunités d’affaires entre les deux pays, en vue de la concrétisation de projets de partenariat et d’investissement gagnant-gagnant et du renforcement des échanges commerciaux bilatéraux.

Les échanges entre les opérateurs algériens et polonais ont porté sur plusieurs domaines, dont la production laitière, l’énergie et les carburants, le plastique, les produits chimiques, le conditionnement, le matériel médical, les communications, l’aviation et l’industrie automobile, a indiqué le communiqué.

En fait, plusieurs délégations d’entreprises  étrangères ont séjourné ces derniers jours en Algérie. Le pays attire, de par les richesses qu’il recèle, les investissements étrangers, pour que les entraves soient levées et le climat d’affaires amélioré à la lumière du nouveau cadre législatif qui est en train de se mettre en place. C’est le souci mis en avant par tous les investisseurs étrangers en visite en Algérie.

Les Polonais ne sont pas en reste. Lors d’une rencontre organisée à la résidence de l’ambassadeur de Pologne à Alger, les opérateurs économiques de ce pays de l’Europe centrale n’ont pas manqué de souligner leur intérêt pour l’Algérie. Après une pause de trois années, due essentiellement à la crise politique qu’a connue le pays en 2019 et à la crise sanitaire, les opérateurs économiques polonais reviennent.

Et cela coïncide cette année avec «les soixante ans de relations diplomatiques avec l’Algérie». Selon l’ambassadeur de Pologne en Algérie, Witold Spirydowicz, son pays était parmi les premiers à reconnaître l’Algérie indépendante. «C’est une dimension symbolique pour nous», a affirmé le diplomate polonais à El Watan.

S’agit-il d’un nouveau départ pour l’Algérie et la Pologne ? «L’Algérie, c’est notre premier partenaire économique en Afrique, qui a détrôné tout récemment l’Afrique du Sud, même si le volume des échanges n’est pas important. Il est seulement d’environ 600 millions d’euros l’année», a indiqué M. Spirydowicz, tout en précisant que la balance penche plutôt «du côté de Pologne, qui est un grand fournisseur de lait en poudre, le troisième de l’Algérie».

La Pologne veut, visiblement, aller au-delà. «J’ai toujours dit à nos opérateurs économiques d’explorer d’autres opportunités avec l’Algérie, qui pourrait également nous fournir d’autres produits que le phosphate, notamment des matières premières», déclare le diplomate, qui met l’accent sur les richesses de l’Algérie. Witold Spirydowicz, qui affirme l’existence de discussions sur le gaz et le pétrole algériens, veut d’autres perspectives pour les relations économiques entre les deux pays.

Lever les entraves bureaucratiques

L’Algérie est parmi les pays ciblés par nos opérateurs économiques. Le diplomate révèle en effet, qu’il y a quelques semaines, il parlait avec le ministre de l’Energie et des Mines sur comment intéresser les entreprises polonaises dans le domaine de recherche.

Selon lui, «il n’y a pas que le gaz et le pétrole en Algérie mais aussi d’autres produits minéraux qui ne sont pas développés suffisamment». «Il y a, dit-il, un important potentiel que les deux pays sont capables de développer beaucoup plus.» «L’Algérie doit diversifier son offre d’exportation, mais cela c’est la mission de l’ambassadeur algérien à Varsovie», poursuit notre interlocuteur, qui n’a pas manqué de parler du climat d’affaires en Algérie. Il a évoqué la fameuse règle 51/49 qui «représentait un obstacle majeur pour les investissements».

Pas seulement. M. Spirydowicz rappelle de malheureuses expériences qui n’ont pas abouti, à l’exemple de l’un de nos grands opérateurs économiques dans l’industrie pharmaceutique, qui a voulu, au milieu des années 2000, lancer une grande usine à Oran, mais qui a fini par partir en raison des tracasseries administratives. «Les étrangers attendent du concret», lâche l’ambassadeur pour qui, «honnêtement, Il faut beaucoup plus pour convaincre».

Selon lui, «il y a trop de changement de lois». «On se perd et on se demande quelle est la loi qui est encore en vigueur», soutient le diplomate polonais, qui se plaint aussi de l’existence de «beaucoup de taxes supplémentaires».

«Quand des fournisseurs demandent à l’ambassade quelle est la loi à laquelle il faut se conformer, j’avoue que l’on se perd souvent, moi et mes collaborateurs.» L’arrêt de l’importation des véhicules neufs semble aussi pénaliser la Pologne, qui était un grand fournisseur des pièces de rechange pour Sovac en Algérie. «On soutient l’Algérie dans son développement», affirme le diplomate, qui pense également que le secteur bancaire doit être «plus souple».

Selon la chargée d’affaires rencontrée à la résidence de l’ambassadeur de Pologne en Algérie, Niemier-Pawłowska Ewa, la part de l’agriculture est d’environ 60% dans le volume des échanges et d’environ 600 millions d’euros.

La Pologne est un grand fournisseur de l’Algérie en céréales et en lait en poudre. Elle y exporte également des machines pour l’agriculture. Selon elle, «le challenge est d’attirer de nouveaux opérateurs polonais en Algérie, qui est intégrée dans l’agenda des pays attractifs du gouvernement polonais».

Dans la délégation qui séjourne depuis trois jours en Algérie, figure un représentant d’une banque polonaise qui pourrait éventuellement accompagner les investisseurs en Algérie. «On est là pour faire connaître aux Polonais quelles sont les possibilités qu’offre le marché algérien», souligne la chargée d’affaires à l’ambassade de Pologne. Les entreprises qui sont là pour explorer de nouvelles opportunités sont aussi là pour échanger le savoir-faire.

C’est le cas de Gestic, qui veut acheter des matières premières en Algérie, notamment des produits en plastique. Il opère dans le secteur automobile. Il produit des enjoliveurs à partir de matières recyclées.

Le représentant de Gestic cherche également des partenaires pour produire en Algérie, au lieu d’exporter son produit via la France. La mission polonaise en Algérie est marquée surtout par la présence de Mlekovita, un groupe 100% polonais, qui est un grand fournisseur de l’Algérie en poudre de lait. «Nous sommes présents sur tous les continents. Dans 70 pays dans le monde, mais l’Algérie est notre principal pays d’exportation», indique sa directrice à l’export, Magdalena Szablowska, en précisant que la collaboration se fait avec l’ONIL depuis longtemps.

Mlekovita, dit-elle, possède plus de 1000 références, 20 usines en Europe, 5000 employés, 8000 adhérents (agriculteurs). «De façon générale, nous sommes ouverts à une coopération plus soutenue, comme l’échange de spécialistes du secteur laitier entre éleveurs algériens et polonais, pour apprendre à bien gérer une exploitation agricole», souligne notre interlocutrice, qui évoque, par ailleurs, l’utilisation des dérivés du lait comme aliment de bétail. Autant de perspectives pour un partenariat gagnant-gagnant entre l’Algérie et la Pologne. 

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