Les événements s’accélèrent. Le monde a quitté on dirait le temps long pour hâter la fin du «Nouvel ordre mondial» américain, et entrer dans une ère basée sur la multipolarité. La visite de trois jours de Xi Jinping en Russie est un temps fort de cette articulation de l’histoire.
A cause de la rencontre de Moscou, la récente décision de la CPI a vite disparu des tableaux de l’actualité ! Vladimir Poutine et Xi Jinping ont conclu un pacte de sang et les Occidentaux le savent bien.
Le Wall Street Journal l’a d’ailleurs souligné dans son édition de mardi en écrivant que le rapprochement entre la Russie et la Chine est une source de vives inquiétudes dans les capitales occidentales, ces dernières considérant ce duo comme un concurrent potentiel des Etats-Unis et de leurs alliés.
A Moscou, les deux leaders ont fait plus que d’annoncer une position de concurrent, en se déclarant opposés à toutes les formes d’hégémonie, aux approches unilatérales et aux politiques de la force, contre l’esprit de la guerre froide et la confrontation des blocs. Un message clair adressé à Washington et ses alliés, manifestement déstabilisés par l’évolution inattendue de la partie d’échecs. Désormais, la Russie n’est pas seule dans sa confrontation à l’Occident, et le soutien chinois est révélé au grand jour.
Sans ambages, Poutine et Xi Jinping ont affirmé qu’ils vont œuvrer pour matérialiser un monde multipolaire plus juste et plus équilibré. «Quand nous sommes ensemble, nous menons ces changements», a conclu le président chinois.
Des mots qui sonnent fort partout dans le monde, accueillis différemment selon qu’on vient du Nord ou du Sud. D’ailleurs, reconnaissent les Américains, non sans exprimer une vive inquiétude, cette alliance est en train d’agir comme un catalyseur puissant au sein des pays d’Amérique latine et d’Afrique, qui soutiennent ouvertement la vision d’un monde multipolaire et la démarche russe, désormais épaulée par le géant chinois.
Cette séquence de notre histoire est d’une importance capitale, car si elle prélude un changement significatif pour les peuples longtemps défavorisés par la mondialisation et avant cela par les systèmes issus de la guerre froide et les colonialismes, elle couve dans son ventre des risques de dérapages à haut potentiel de dangers pour l’humanité.
A ce sujet, les deux leaders réunis au Kremlin ont bien fait de souligner leur engagement à éviter la guerre et la logique de l’escalade en précisant que les relations entre Moscou et Pékin ne représentent pas une alliance politique et militaire pareille à celles qui se sont formées pendant la guerre froide et ne visent aucun pays tiers. Il ne fait aucun doute, cependant, que cette alliance fournit la base d’un ordre mondial multipolaire au XXIe siècle.