Un nouvel ordre mondial, mais lequel ?

11/04/2023 mis à jour: 04:27
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L’Algérie, l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, l’Irak, Oman et le Koweït ont annoncé, ce début avril, une deuxième réduction de leur production de pétrole à titre de «précaution pour stabiliser le marché». Après cette annonce, les prix du Brent ont retrouvé une santé en remontant de plus de 5% à près de 84 dollars le baril.

C’est la deuxième plus importante réduction décidée en 5 mois de leur production de deux millions de barils par jour. Après une décision similaire prise en octobre dernier, cette nouvelle réduction de la production intervient en dépit des appels des Etats-Unis à augmenter la production. Ces annonces de réduction de la production ne plaisent pas du tout à Washington.

Les USA ont été contrariés par la décision des pays exportateurs de pétrole, dont notamment l’Arabie Saoudite, de baisser la production de l’or noir. Au-delà du pétrole, il y a la géopolitique qui bouge. En décembre dernier, le président chinois a effectué une visite à Riyad pour renforcer ses liens avec l’Arabie Saoudite, le plus grand exportateur mondial de brut.

La Chine est son principal client, représentant près du quart de ses exportations. Riyad veut confier à la Chine des mégaprojets de développement.

Cette visite intervient dans un contexte de crispations entre la puissante monarchie pétrolière du Golfe et son partenaire américain. L'Arabie Saoudite s'éloigne de Washington, se rapproche de Moscou et de Pékin et, cette dernière réussit sa médiation pour rapprocher Riyad de son grand rival iranien.

Même si elle continue à entretenir des relations solides avec les Etats-Unis, l’Arabie Saoudite qui ne croit pas à la polarisation mise désormais sur la concurrence et la diversification de ses relations économiques.

Cette succession d’événements géopolitiques constitue un tournant dans les relations internationales, avec de grands impacts sur l’économie mondiale. La Chine, la Russie et quatre Etats d’Asie centrale formant désormais une nouvelle organisation de coopération de Shanghai s’est réunie récemment en Ouzbékistan.

Cette alliance s’est élargie à l’Inde, au Pakistan et à l’Iran. La Turquie a également assisté à ce sommet. La fortification des liens entre les Russes, Indiens et Chinois illustre ce qui est le nouveau visage géopolitique mondial.

La Chine et l’Inde sécurisent l’accès à l’énergie grâce à la Russie. Ces nouvelles alliances ont durement impacté le dollar américain qui s’est imposé, depuis les années 1970, comme la monnaie de réserve mondiale.

Le clivage entre les USA et les grandes puissances de l’Est (Asie, Russie) risque de remettre en cause la suprématie du billet vert. La montée de la Chine, son influence croissante au Moyen-Orient, montre une redistribution des cartes sur l’échiquier mondial qui risque d’accélérer la tendance à la dédollarisation.

Le récent sommet entre Xi Jinping et Vladimir Poutine à Moscou a aussi montré que les pays émergents sont de plus en plus influents sur la scène mondiale. Sommes-nous proches de la fin du pétrodollar ?

Moscou et Pékin travaillent pour «une alternative à l’ordre mondial actuel». Le recours à d’autres devises que le dollar dans les échanges est un autre signe concret de l’avènement d’un nouvel ordre mondial.

La montée en puissance de la Chine redessine un nouvel ordre mondial. Reste une question : la fin présumée de la domination incontestée des Etats-Unis, se fera au profit de quel nouvel ordre du monde ?

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