Cette année, la rentrée scolaire connaît un chamboulement presque attendu. La décision d’introduire la langue anglaise à partir du cycle primaire vient s’ajouter aux sempiternelles tracasseries qui minent ce genre de rendez-vous.
On discute encore du poids du cartable bien que le débat sur ce fardeau porté sur les épaules frêles de petits écoliers date depuis des décennies. Il en est de même pour le contenu pédagogique du livre scolaire. «Les spécialistes» qui se sont succédé au chevet de cette préoccupation hautement stratégique ont trituré, à souhait, les programmes selon leurs propres convictions idéologiques du moment ! L’éloignement du principe cardinal du savoir intrinsèque au profit des visées purement politiques a alimenté des polémiques depuis fort longtemps.
En somme, ce rituel introductif de la rentrée scolaire est entretenu pour bien porter la touche de la nouvelle équipe qui s’installe aux commandes du secteur en question. Les méthodes d’enseignement suivent ces pérégrinations, au grand désarroi des enseignants souvent ballottés entre modèles pédagogiques à suivre. Pour toutes ces raisons subjectives, l’école, temple du savoir, restera l’otage des luttes idéologiques.
Le Conseil des ministres qui s’est penché récemment sur cette question de la rentrée scolaire a, bien entendu, égrené les fameuses «règles de trois» avant d’annoncer le report de la date de la reprise des cours. Les vacances sont prolongées de quelques jours, sans plus de détails. C’est une nouvelle énigme qui marque l’édition de cette année et ne manque pas de déclencher une vive polémique.
Chacun y va de son propre raisonnement pour prétendre percer le secret d’une décision venue d’en haut. La problématique sanitaire n’étant plus d’actualité, est alors mise en avant, avec fort insistance, l’organisation de l’introduction de la langue anglaise dans toutes les écoles que compte le pays. Dans cette perspective annoncée, il est question avant tout autre chose d’une campagne de recrutement d’enseignants en nombre suffisant et en qualité requise puis leur affectation dans les établissements qui doivent disposer de manuels scolaires adéquats. Le flou demeure total sur ce plan précis en attendant les jours à venir.
D’autres supputations autour du décalage de la date de la rentrée scolaire mettent en exergue les dégâts occasionnés par les feux de forêt dans plusieurs wilayas de l’est du pays. Il va sans dire que le traumatisme subi par les habitants de cette région rend difficile l’engouement des enfants à renouer avec le banc des écoles et surtout à leurs parents de pouvoir réunir tous les moyens nécessaires à la scolarité normale de leurs filles et fils.
La solidarité des Algériens envers leurs concitoyens éprouvés par les feux de forêt de cet été suffira-t-elle à combler, un tant soit peu, cette incapacité à faire face aux dépenses incontournables, aggravées par l’érosion du pouvoir d’achat ? Les réponses à tous ces questionnements coïncideront, évidemment, avec la rentrée scolaire.