Des membres engagés au sein de l'Armée de libération du Baloutchistan (ALB) ont lancé aujourd'hui une attaque contre un convoi qui était en train de transporter des ingénieurs chinois dans le port de Gwadar, situé au sud-ouest du Pakistan et financé par Pékin.
Le groupe séparatiste a diffusé un communiqué signalant que la brigade Majeed de l'ALB avait entamé cette attaque, qui demeurait en cours à ce moment-là. Les autorités sécuritaires ont corroboré cette information, bien que jusqu'à présent, aucune réaction officielle n'ait été formulée.
Le sénateur Sarfaraz Ahmed Bugti, autrefois en charge du ministère de l'Intérieur de cette province, a partagé sur le réseau social X (anciennement Twitter) que l'attaque n'avait pas résulté en la perte de vies parmi les ressortissants chinois. Le sénateur a vivement condamné cet acte terroriste, le qualifiant d'"odieux attentat". Il a souligné que malgré l'absence de pertes humaines, des informations indiquaient que l'embuscade avait été repoussée et que les assaillants avaient été neutralisés. Les médias d'État pakistanais, citant les déclarations du service de communication de l'armée, ont informé que la situation était désormais sous contrôle. Un terroriste a été tué et trois autres ont été blessés lors d'un échange de tirs entre les forces de sécurité et les individus à l'origine de l'attaque à Gwadar, a été rapporté.
Plusieurs incidents visant des projets rattachés au gigantesque corridor économique Chine-Pakistan (CPEC) ont été revendiqués par diverses factions séparatistes baloutches dans le passé. Pour protéger les intérêts de Pékin, de nombreuses forces de sécurité ont été déployées. Le CPEC représente le pilier central d'un ambitieux projet d'infrastructures nécessitant un investissement de plus de 50 milliards de dollars (42 milliards d'euros) de la part de la Chine. Cependant, ces initiatives chinoises ont suscité des sentiments de mécontentement au sein de la province, particulièrement auprès des groupes séparatistes, qui considèrent que la population locale ne bénéficie guère de ces projets, la majorité des emplois profitant à la main-d'œuvre chinoise. L'hôtel de luxe surplombant le port de Gwadar avait été pris pour cible en mai 2019, entraînant la mort d'au moins huit personnes. Plus récemment, en avril 2022, une attaque suicide avait coûté la vie à trois universitaires chinois et à leur chauffeur pakistanais alors qu'ils entraient en voiture à l'Institut Confucius de l'Université de Karachi.
Ces attaques avaient été revendiquées par l'Armée de libération du Baloutchistan, laquelle justifiait son action en accusant Islamabad et Pékin d'exercer un contrôle sur les ressources locales. Bien que le Baloutchistan soit la province la moins peuplée du Pakistan, elle regorge de précieuses ressources minérales. Le vice-Premier ministre chinois, He Lifeng, s'était rendu dans la capitale pakistanaise le mois précédent afin de célébrer le 10e anniversaire du CPEC.