Un journaliste tunisien a été placé en garde à vue après avoir critiqué un article du code pénal en lien avec l’outrage au chef de l’Etat lors d’une émission de radio, a annoncé hier son avocate, Dalila Msaddek, citée par l’AFP.
Le journaliste Zied Al Heni a été placé en garde à vue après avoir été auditionné mardi soir par la brigade policière de lutte contre les crimes de télécommunications, a indiqué l’avocate. Son interrogatoire a eu lieu quelques heures après qu’il a commenté sur un ton moqueur un article du code pénal relatif au crime d’outrage au chef de l’Etat, en l’occurrence le président Kaïs Saïed, lors d’une émission matinale de la radio privée IFM.
L’article en question prévoit une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement pour quiconque «se rend coupable d’offense contre le chef de l’Etat».
L’avocate a affirmé avoir pu s’entretenir avec son client «pendant 30 secondes seulement» dans la caserne de police où il a été interrogé. Elle a précisé avoir «refusé de signer la décision de le placer en garde à vue».
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) a demandé dans un communiqué la libération de Z. Al Heni, estimant que son placement en garde à vue constitue «une violation flagrante de la loi». Le Snjt a appelé ses membres à se rassembler ce matin pour exiger la libération de Al Heni devant le tribunal de première instance de Tunis où il devrait comparaître.
En mai, des journalistes tunisiens ont manifesté pour dénoncer la politique «répressive» du pouvoir qui instrumentalise, selon eux, la justice pour intimider et soumettre les médias. Selon le Snjt, une vingtaine de journalistes sont poursuivis par la justice pour leur travail. Des ONG locales et internationales dénoncent un recul des libertés en Tunisie depuis que le président Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021.