Plusieurs centaines de partisans du Front de salut national (FSN), le principal bloc d’opposants au président tunisien, Kaïs Saïed, ont manifesté hier pour réclamer la libération d’une vingtaine de personnalités arrêtées depuis février pour «complot contre la sécurité de l’Etat», rapporte l’AFP.
Les manifestants se sont rassemblés au centre de Tunis et ont brandi des photos de ceux qu’ils considèrent comme «des détenus politiques». Ils ont aussi réclamé une élection présidentielle anticipée, alors que le terme du mandat du président Saïed, que l’opposition accuse de «dérive dictatoriale», est prévu en octobre 2024.
Depuis début février, les autorités ont lancé une campagne d’arrestations qui a visé des militants politiques, dont le cofondateur du FSN, Jaouhar Ben Mbarek, et le chef du mouvement islamo-conservateur Ennahdha, membre du FSN, Rached Ghannouchi, ainsi que des hommes d’affaires et le directeur d’une radio locale privée.
«Ils sont emprisonnés parce qu’ils ont exercé leur droit légitime à la dissidence», a déclaré Ahmed Nejib Chebbi, président du FSN, aux manifestants. Comme il a demandé «à retourner aux urnes sous la supervision d’un organe indépendant» pour organiser «une élection présidentielle avec égalité des chances».
Vendredi, il a été interrogé au pôle antiterroriste dans le cadre de la même enquête que les personnes détenues. Le président Kaïs Saïed a accusé les personnes visées par l’enquête de «comploter contre la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat» tunisien et les a qualifiées de «terroristes».
Vendredi, un juge d’instruction a émis une interdiction pour les médias audiovisuels en Tunisie d’évoquer deux affaires dont il a la charge «pour préserver le bon déroulement des investigations, le secret de l’instruction et la protection des données personnelles des prévenus».
Depuis le 25 juillet 2021, K. Saïed, un spécialiste de droit constitutionnel élu démocratiquement et à une large majorité en 2019, s’est emparé de tous les pouvoirs en modifiant la Constitution pour instaurer un système hyperprésidentialiste