Tout passait par Nadia Akacha au palais de Carthage, siège de la présidence tunisienne. Les observateurs ont toujours relevé sa présence partout, y compris au Conseil des ministres.
Opacité médiatique concernant la sphère entourant le président tunisien, Kais Saïed ; absence d’un chargé de communication ou d’un porte-parole de la Présidence et, maintenant, départ de la cheffe du cabinet présidentiel, cheville ouvrière du palais de Carthage.
Tout passait par Nadia Akacha au palais de Carthage, siège de la présidence tunisienne ; les observateurs ont toujours relevé sa présence partout, y compris au Conseil des ministres, avec une position avancée en terme protocolaire, juste après les ministères de souveraineté. Donc, si le président Saïed décide de se séparer de cet acteur majeur dans son entourage le plus proche, c’est qu’il y a anguille sous roche.
Rôle
Le poste de chef du cabinet présidentiel a toujours attiré toutes les convoitises en Tunisie. Son titulaire est l’une des personnes les plus proches du président tunisien, notamment du temps de Bourguiba et de Ben Ali, lorsque les principales décisions sont prises à Carthage, étant en régime présidentiel. Après les deux années de la présidence de Moncef Marzouki, marquée par un recul d’importance de l’institution présidentielle sur l’échiquier politique, feu Béji Caïed Essebsi a rendu le lustre au palais de Carthage et son importance dans le jeu politique, malgré un régime politique plutôt parlementaire.
Avec Kaïs Saïed, le bras de fer s’est installé dès le départ entre la présidence de la République et le Parlement, avec un scénario très compliqué altérant la bonne marche des affaires de l’Etat. «Il a fallu le 25 juillet 2021 pour que la décision s’installe dans un seul camp, celui de la présidence de la République», remarque Zouhair Maghzaoui, du parti Chaäb, proche du président Saïed.
Après le 25 juillet et le coup de force du président Saïed, le rôle du chef du cabinet présidentiel devient plus important, puisque l’Etat se gère par des décrets présidentiels. Le rôle de Nadia Akacha était donc important dans la gestion des priorités du président Saïed. Mais, ce rôle suscite également des contrariétés parmi les autres personnes entourant le Président et pouvant se sentir lésées par les priorités que l’ancienne cheffe de cabinet avait dressées.
L’énorme responsabilité pourrait également être source de dérapage pour des personnes inexpérimentées, comme c’est le cas pour cette dame, n’ayant aucun passé politique. C’est dans un pareil magma que s’est décidé le sort de Nadia Akacha, qui a été écartée, officiellement avant-hier (mardi 25 janvier) de son poste de chef du cabinet présidentiel. Mme Akacha avait essayé de brouiller les pistes en faisant circuler une lettre de démission sur les réseaux sociaux. Mais, le décret présidentiel parle de décharger Mme Akacha de ses fonctions.
Au-delà des surenchères des réseaux sociaux et des plateaux médiatiques, qui ne se réfèrent à aucune source contrôlable, le départ de Nadia Akacha pose problème dans un environnement politique marqué par l’absence de communication. Le décret de la présidence de la République n’a pas désigné de suppléant à la dame partante, ce qui laisse présager un départ précipité, dû dans pareil cas à des erreurs impardonnables aux yeux des décideurs.
L’unique information circulant sur les réseaux sociaux, pouvant être qualifiée de bavure et classée sur le compte de Nadia Akacha, concerne la présumée mission de Youssef Chahed aux Etats-Unis, pour défendre les choix du président Saïed. Certaines sources ont associé le nom de Akacha à ces rumeurs, car étant proche de Chahed par le passé. Mais, le président Saïed avait par le passé défendu Nadia Akacha contre d’autres accusations, plus graves.
Ce secret reste donc protégé le temps que le Président se décide de le dévoiler ou qu’il accorde à son ancienne directrice du cabinet présidentiel de nouvelles fonctions, ce qui signifierait qu’elle n’a pas perdu sa confiance. On a déjà parlé, un certain temps, de sa nomination en tant qu’ambassadeur, délégué permanent de la Tunisie auprès de l’Unesco. Attendons voir.