Trop de morts dans des accidents de la circulation : L'imprudence et l'état des routes en question

15/11/2022 mis à jour: 00:25
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Il ne se passe pas une semaine sans que les médias ne rendent compte de bilans macabres enregistrés sur nos routes, qu’elles soient urbaines, suburbaines ou interrégionales. La moyenne nationale des morts et des blessés frise l’entendement tant les familles endeuillées se comptent par centaines.  Ce qui fait dire que l’Algérie bat le record peu élogieux de s’inscrire parmi les pays dont les accidents de la circulation sont parmi les plus lourds et les plus sanglants. Ainsi la moyenne hebdomadaire est d’une douzaine de morts et de plus ou moins 500 blessés, lorsque cet ordre de grandeur n’atteint pas parfois des sommets en quelques occasions, comme cette période comprise entre le 3 et le 9 juillet où la Protection civile a fait état du décès de 41 personnes et de 1652 blessés. Les constats du genre se multiplient à tel point que le fléau se banaliserait presque et que l’écho au sein de la population ne s’amenuise au fil du désintérêt des médias. S’offusquer du nombre de décès est un fait en soi très triste, mais que dire aussi du nombre de blessés, par milliers, plus ou moins gravement atteint ? Beaucoup d’entre eux s’en sortent avec la chance de conserver la vie, mais à quel prix ? Il est vrai que c’est là la partie quasi invisible des bilans réguliers des accidents de la route.  Estropiés ou handicapés parfois à vie, les hôpitaux nationaux prennent en charge souvent pendant de longs mois ces victimes de la route. Elles se retrouvent malheureusement avec une mobilité réduite ou carrément pénalisante. Ce sont là des citoyens qui vont sans doute évoluer difficilement en marge de la société, fortement dépendants qu’ils sont de leur entourage. Les autorités pointent souvent du doigt les risques que prennent les conducteurs en enfreignant le code de la route, particulièrement en matière de limitation de vitesse ou de conduite automobile dangereuse dans des lieux qui exigent de la vigilance, voire de la prudence.

Et l’état des routes ?

La culpabilisation du conducteur a de tout temps été monnaie courante. Mais que dire de l’état de nos routes ? L’Algérie est le pays le plus vaste du continent. Il possède de ce fait un grand réseau routier, un des plus fournis d’Afrique (200 000 km de routes tous gabarits confondus) qui, s’il est largement dense au nord du pays ou s’agglutinent, entre l’Atlas tellien, les Haut Plateaux et la bande côtière (soit 25% du territoire), 87% de la population nationale, n’en est pas moins de moindre qualité que les infrastructures récemment réalisées. 116 routes nationales (30 000 km) jalonnent le territoire, ajouter à cela 2300 km d’autoroutes de qualité variable saupoudrées de quelques aires de repos à distance éloignées. Rares sont les voies routières qui échappent à cette dépréciation physique. En l’absence d’un entretien permanent, les voies de circulation, particulièrement dans les milieux urbains, se détériorent vite, surtout que les APC jouissent de peu de moyens matériels et financiers. Les nombreuses anfractuosités, nids-de-poule, quand ce ne sont pas des ralentisseurs nombreux et hors normes, le conducteur est souvent pris de court. L’Etat a mis beaucoup d’argent dans les programmes communaux de développement (PCD) (encourageant particulièrement le financement de l’entretien des routes) sans que cela ne soit efficace. Ajouter à cela l’intervention des concessionnaires publics ou privés (eau, électricité, gaz, assainissement, etc.) qui ne remettent pas les routes en l’état au terme de leurs travaux. Tout cela augure d’un danger permanent pour les automobilistes, surtout en période pluviale. Un autre élément est venu rajouter aux nombreux accidents de la circulation, celui du nombre croissant, ces dernières années, des engins à deux roues conduits souvent par des motards jeunes et impétueux qui prennent des risques énormes dans les artères des villes ou au sein des tissus suburbains. Vitesse excessive et conduite en zigzags, souvent sans protection et sans respect du code de la route, ils se mettent et mettent les autres en danger. Il n’y a qu’à s’informer auprès des urgences des hôpitaux pour constater qu’il ne se passe pas un jour sans que des accidentés des deux-roues n’y soient admis pour des blessures plus ou moins graves. Quand bien même notre pays n’a pas une grande tradition dans l’attraction du cycle et motocycle, cette tendance va aller en progressant dans les années à venir. Un des soucis des responsables des travaux publics est de faire coexister avec les voies de circulation routières traditionnelles, des aménagements pour motocycles ou encore des pistes cyclables tels qu’on le voit dans les pays du nord de la Méditerranée.

Face à ces séries macabres sans cesse renouvelées, le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné lors du récent Conseil des ministres «la prise de mesures juridiques adéquates» en vue de la criminalisation du comportement des conducteurs de bus, scolaire et de transport public en cas de «faute humaine par négligence, imprudence ou irresponsabilité». Le Président avait également ordonné «le durcissement, de concert avec le ministre de la Justice, de tout comportement criminel dans la conduite». Il aura ainsi instruit le recours à des radars perfectionnés. En parallèle, il a senti la nécessité d’améliorer l’éclairage public et l’inspection régulière de la signalisation routière. A cause du nombre élevé d’accidents, les pouvoirs publics devraient engager une réflexion moderne sur la nature des routes et le comportement des usagers, ceci en relation avec les réalités nationales.                                                                                                                                                                                                                                                                                            

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