Cette manifestation est une réelle opportunité de faire connaître l’historique région des Ath Abbès qui recèle un réel potentiel touristique et culturel du fait de ses sites naturels et historiques.
Lancée il y a trois ans, la Fête du sel en est aujourd’hui à sa troisième édition et s’affirme comme un rendez-vous incontournable pour les amoureux des randonnées et du tourisme de découverte.
En collaboration avec l’APC d’Ighil Ali, les associations Awal du village de Belayel et Numidya d’Oran ont donc organisé récemment la troisième édition de cette originale Fête du sel. Au menu, randonnée et visite des salines de Belayel, exposition, vente de livres et de produits du terroir ainsi qu’une démonstration de l’art culinaire local. Des centaines de visiteurs sont venus d’un peu partout pour découvrir cette région reculée des montagnes des Bibans plus proche de Bordj Bou Arréridj que de la ville de Béjaïa de laquelle elle relève administrativement.
Perchée sur une arête de montagne qui culmine à plus de 800 mètres d’altitude au cœur même des montagnes des Bibans, Belayel est connue depuis des siècles comme la région du sel par excellence. En plus de la production de sel dans ses célèbres salines, la région est aussi réputée pour la qualité et l’abondance de sa production d’huile d’olive et de paprika, la poudre de poivron rouge. En outre, Belayel est un vieux village de pierre pittoresque qui a gardé beaucoup de ses aspects traditionnels dans l’architecture comme dans les activités économiques rurales et paysannes.
Pour ses habitants, cette manifestation est une réelle opportunité de faire connaître l’historique région des Ath Abbès qui recèle un réel potentiel touristique et culturel du fait de ses sites naturels et historiques. Ses villages, tels que Zina, Moka, Azrou, Ighil Ali, El Qalaa, Takorabt, pour ne citer que ceux-là, ont sauvegardé une bonne partie de leur patrimoine culturel et architectural et peuvent ainsi devenir des destinations pour un tourisme de montagne durable. Situées au fond d’un profond ravin où coule une source accessible à travers quelques marches de pierre, les salines de Belayel sont aujourd’hui pratiquement abandonnées. Seuls quelques vieux paludiers continuent malgré le poids des ans et la pénibilité du travail de récolter les précieux cristaux blancs.
Des dizaines de bassins peu profonds ont été construits de part et d’autre des berges de l’oued. A flanc de colline, de petites maisons de pierre ont également été construites pour entreposer les récoltes de sel et les outils de travail. Les saliniers déversent leur quota d’eau dans les bassins et attendent que le soleil fasse s’évaporer l’eau et se cristalliser le sel en fines couches au bout de quelques jours.
Jadis, les salines étaient un vaste marché grouillant de vie et d’échanges. Le sel était directement vendu sur place ou bien échangé contre des denrées alimentaires comme les fruits, les légumes, les céréales ou l’huile d’olive. Le reste de l’année, il était acheminé vers tous les grands marchés hebdomadaires des régions limitrophes. La région est connue aussi pour la poudre de poivrons et de piment, indispensable condiment de la cuisine locale.
Au siècle dernier, on venait de très loin pour s’approvisionner en sel à Tamelahth qui appartenait aux trois villages qui l’entouraient : Qalaâ Nath Abbes, Ath Sradj et Velaguel. Le partage de l’eau se faisait selon un système ancestral de parts mesurées avec des outres puisées à la source et nul n’avait le droit d’y pénétrer s’il n’avait fait ses ablutions.
L’urgence absolue aujourd’hui est de restaurer ce site qui est un patrimoine culturel et un témoin du passé. Il ne cesse de dégrader et risque de disparaître faute d’entretien. La Fête du sel rappelle qu’on peut très bien allier sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel, tourisme et développement durable.